Et donc une question se pose que vise le général Aoun a travers cette proposition?
Deux mois avant la fin du mandat présidentiel, le chef du Courant patriotique libre, le général Michel Aoun a demandé le remplacement de l’actuel commandant en chef de l’armée libanaise, le général Michel Kahwaji.
En effet, selon le quotidien libanais asSafir, citant des milieux politiques du 8 Mars , le député Aoun a demandé récemment et de manière franche de remplacer le commandant des forces armées libanaises . Selon ces sources, Aoun qui s’était déjà opposé à la prolongation du mandat du général Kahwaji au temps du gouvernement de Mikati, a envoyé une lettre au président Sleiman pour lui demander de remplacer le chef de l'armée avant la fin de son mandat et de nommer comme remplaçant son gendre le général Chamel Roukoz.
Le président Sleiman n’a pas accepté cette proposition parce qu’il est inapproprié d’opérer ce genre de nouvelle nomination aux portes de la fin d’un mandat présidentiel dans une telle situation sécuritaire complexe..
Suite à la lettre de Aoun, c’est au tour de son gendre, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil de réitérer la même proposition lors de la réunion du cabinet concernant le dossier des nominations, lundi dernier. Selon des sources bien informées de l'intérieur du cabinet, le ministre Bassil ne s’est pas contenté de soulever la question des nominations au sein du conseil militaire suprême mais il a tout autant demandé le remplacement du chef de l'armée libanaise et de nommer le général Roukoz à sa place.
La réponse du président Sleiman était claire, quand au premier ministre Salam il s’est étonné du timing d’une telle demande même si les deux hommes comprennent la nécessité de procéder à de nouvelles nominations au sein du conseil militaire suprême..
Même son de cloche dans les milieux diplomatiques occidentaux qui n’ont pas caché leur surprise d’une telle demande de la part du chef du CPL, en ce moment, surtout que l'Italie accueille dans les jours à venir une conférence internationale sur le soutien à l'armée libanaise afin d’encourager les aides internationales et promouvoir le développement de l'armée , en particulier dans le domaine de la lutte contre le terrorisme .
Et donc une question se pose que vise le général Aoun a travers cette proposition?
Certes, quand Aoun a rejeté la prolongation du mandat du commandant en chef de l’armée libanaise , son rejet était compréhensible car il s'inscrivait dans le cadre du transfert du pouvoir, même s’il a laissé entendre à l'époque qu’il souhaite que son gendre soit nommé comme le successeur à Kahwaji.
Mais aujourd’hui, les cercles politiques libanais ne comprennent pas la demande de Aoun si ce n’est son désir d’écarter de la course à la présidentielle le général Kahwagi avant la fin du délai constitutionnel.
Car, il faut savoir que pour Aoun , les élections présidentielles en 2014 représentent sa dernière chance d’accéder au palais de Baabda. Il est également conscient que le risque à ce que ces élections n'aient pas lieu dans leur délai ne s’affirme plus et donc que le risque à ce que le pays plonge dans le vide constitutionnel ne soit réel. Ce qui imposera une sortie de secours semblable à celle imposée dans le règlement de Doha avec la nomination du commandant de l'armée Michel Sleimane comme président.
En ce qui concerne les partis chiites, le chef du Mouvement Amal et président du Parlement, Nabih Berri s’est dit étonné du timing de cette proposition la jugeant impertinente. Selon Berri, cette proposition n’est pas propice indépendamment de l'identité des personnes et ce parce que la situation sécuritaire ne permet pas de provoquer un choc avant de résoudre la question de la présidence.
Pour ce qui est du Hezbollah, sa position n'est pas encore claire .
Côté sunnite, on est soulagé voire satisfait de la sagesse dont a fait preuve le premier ministre Tammam Salam dans la gestion des questions de nominations sécuritaires et militaires.
Surtout que ces derniers temps, l’armée libanaise était la cible d’attentats-suicides exécutés par des takfiris qui sont sunnites.
Et donc, le premier ministre sunnite n’a pas hésité à accorder toute sa confiance au commandant de l’armée libanaise que ce soit au Conseil suprême de la défense ou celui de la sécurité ou au Conseil des ministres pour poursuivre les groupes terroristes partout dans le pays et assurer la stabilité et la paix dans le pays.
Une attitude qui veut souligner que la communauté sunnite soutient et restera aux cotés de l’armée libanaise..
Il faut souligner qu’il y a une grande différence entre l’attitude de son prédécesseur Mikati envers l'armée et Tammam Salam. Ce dernier a visité le ministère de la Défense juste après l’attentat suicide contre un barrage de l’armée libanaise à Ersal, tuant le capitaine Pierre Bashalana et le sergent Ibrahim Zahrman.
Et Tammam Salam est parfaitement conscient que les deux mois à venir sont cruciaux tant au niveau politique que sécuritaire, voire qu’aucune partie politique n’a intérêt à bousculer l'armée aujourd'hui compte tenu des défis qu’elle doit relever...