"Le gouvernement n’autorisera aucune visite d’une délégation parlementaire européenne en Iran avec de tels termes"
L'Iran a dénoncé lundi une résolution adoptée récemment par le Parlement européen sur les droits de l'Homme, qui reste un sujet de discorde entre l'UE et Téhéran.
Adoptée jeudi, la résolution dénonce le non-respect "des normes démocratiques" lors de l'élection présidentielle de juin 2013 remportée par Hassan Rohani et la "violation permanente et systématique des droits fondamentaux" en Iran.
Elle estime aussi que "toute future délégation du Parlement en Iran devrait s'efforcer de rencontrer des membres de l'opposition politique et des membres de la société civile, et de rencontrer des prisonniers politiques".
Son adoption a fait bondir le gouvernement et plus de 200 parlementaires iraniens, qui ont condamné un texte "irresponsable" et "contre-productif".
Selon les médias, les députés ont estimé que le texte pouvait "avoir un impact négatif sur les négociations" entre l'Iran et les grandes puissances à propos du programme nucléaire controversé de Téhéran.
"Le gouvernement n'autorisera aucune visite d'une délégation parlementaire européenne en Iran avec de tels termes", a affirmé le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, cité lundi par le quotidien Shargh.
"Le Parlement européen n'a pas la légitimité de prêcher la défense des droits de l'Homme", a-t-il ajouté.
Son ministère a protesté dimanche auprès de l'ambassadeur de Grèce, pays qui assure la présidence tournante de l'UE, selon les médias. De plus, une manifestation est prévue mardi devant la représentation diplomatique grecque, à l'appel de la section étudiante du Bassidj .
Un influent religieux iranien, l'ayatollah Ahmad Janati, a dénoncé la résolution approuvée par "une bande d'ignorants qui ne reconnaissent pas les valeurs humanitaires et qui justifient sans honte les relations homosexuelles illégitimes".
Le président Rohani s'est montré plus mesuré, affirmant que "depuis quatre sans le Parlement européen a adopté 60 résolutions au ton plus dur qui étaient sans valeur, mais personne n'avait fait tant d'histoires".
Cité par l'agence Isna, il a même salué les "points positifs" de la résolution, qui met notamment l'accent sur le développement de la coopération avec l'Iran, salue l'accord nucléaire intérimaire trouvé avec les grandes puissances et les efforts dans les négociations, qui reprennent mardi à Vienne, en vue d'un accord global sur le programme controversé de Téhéran.
"On ne peut pas passer la question sous silence mais nous devons être attentifs et engager un vrai dialogue et établir un diagnostic commun avec l'Iran sur les droits de l'Homme", a pour sa part expliqué l'eurodéputée belge Isabelle Durant. Elle a toutefois admis un manque de "doigté" dans la résolution, estimant que l'Iran et l'UE devait avoir "un dialogue d'égal à égal".