Parmi les 16 "radicaux" arrêtés lundi figuraient trois imams autoproclamés.
La police tunisienne a fait usage vendredi de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants protestant contre l'arrestation de salafistes, ont indiqué à l'AFP des témoins et le ministère de l'Intérieur.
Une centaine de personnes appartenant au courant salafiste s'étaient rassemblées devant le poste de police de Rouhia, dans le gouvernorat de Siliana (nord-est), pour réclamer la libération des 16 hommes. Ces derniers, qui contrôlaient la mosquée de la ville, avaient été arrêtés lundi à leur domicile, selon une source de sécurité.
Une loi de 1988 interdit en effet "l'exercice de toute activité dans les mosquées, sous forme de discours, de réunions ou d'écrits par les personnes autres que celles appartenant à l'organe chargé de leur fonctionnement, sauf autorisation du Premier ministre".
"Rouhia a besoin de développement, pas de la police", ont scandé les manifestants avant d'être dispersés par les forces de l'ordre par des tirs de gaz lacrymogène.
Parmi les 16 "radicaux" arrêtés lundi figuraient "trois imams autoproclamés, dont l'un revenait de Syrie", a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur Mohamed Ali Aroui à l'AFP.
Leur arrestation "s'inscrit dans le cadre de l'application de la loi (pour) imposer l'autorité de l'Etat sur tout le territoire", a-t-il ajouté.
Les autorités tunisiennes, confrontées depuis la révolution à un essor de la mouvance jihadiste, ont récemment annoncé vouloir reprendre la main sur les mosquées contrôlées par des radicaux, devenues selon elles des foyers d'appels à la violence.
Le ministère des Affaires religieuses a ainsi décidé de fixer les horaires d'ouverture et de fermeture des mosquées, une première depuis trois ans.
Vendredi dernier à Kairouan, à 150 km au sud de Tunis, des heurts ont opposé des policiers à des militants "religieux radicaux" qui ont tenté d'attaquer un poste des forces de l'ordre pour dénoncer la nomination d'un nouvel imam dans une mosquée, selon le ministère de l'Intérieur.
Certains ont toutefois dit craindre que cette reprise en main ne soit le signe d'un retour en arrière sous couvert de lutte contre le terrorisme, comme du temps du régime de Zine El Abidine Ben Ali, renversé par la révolution de janvier 2011.