Il doit être extradé aux Etats-Unis.
Jugé à partir de lundi à New York, Abou Hamza, 55 ans, est un ancien prêcheur radical britannique aux diatribes violemment anti-occidentales, qui n'avait pas hésité à qualifier Oussama ben Laden de "type bien" après les attentats du 11-Septembre.
Né Mustapha Kamel Mustapha, à Alexandrie en Egypte, fils d'un officier de la marine et d'une institutrice, il était arrivé en 1979 à Londres, après avoir abandonné des études d'ingénieur en génie civil.
Il est d'abord réceptionniste, puis videur dans une boîte de nuit de Soho.
A l'époque la religion n'est pas sa préoccupation première. "Je n'étais pas un bon musulman avant d'arriver en Grande-Bretagne", a-t-il un jour confié dans une interview. "J'étais très indiscipliné".
Il se marie l'année suivante, avec une Britannique catholique dont il divorce quatre ans plus tard. Il se remarie dans la foulée avec une musulmane divorcée et décide de reprendre ses études d'ingénieur en 1986, année où naît son deuxième fils et où il obtient la nationalité britannique. Il aura cinq autres enfants en 11 ans.
En 1987, une rencontre à l'occasion d'un pèlerinage à la Mecque, scelle sa radicalisation: celle d'Abdullah Azzam, décrit parfois comme le père du jihadisme international et figure clé de la lutte contre l'invasion soviétique en Afghanistan.
Abou Hamza fait en 1989 ses valises pour l'Afghanistan, y travaille à des projets de reconstruction après le retrait des Soviétiques.
C'est là qu'il perdra en 1993 ses deux mains et un œil, selon lui lors d'un accident dans un champ de mines.
Il retourne alors au Royaume-Uni, contribue à la fondation du groupe extrémiste des "supporteurs de la Charia", décide de devenir imam, avant de repartir en Bosnie et d'en revenir après les accords de paix de Dayton en 1995.
Célèbre crochet
Avec son célèbre crochet qui lui sert de main et ses prêches au vitriol, notamment contre le "grand Satan" américain, il devient alors rapidement une des figures de proue du "Londonistan", surnom donné aux radicaux islamiques de la capitale britannique dans la fin des années 90.
A partir de 1997, il prêche à la mosquée de Finsbury park, dans le nord de Londres. Explique en 1999 dans une interview que le terrorisme est "justifiable" s'il est commis "au nom de Dieu", ne cache pas sa sympathie pour Oussama ben Laden dont il dira après les attentats du 11-septembre que c'est un "type bien".
Selon les experts, la mosquée de Finsbury joue à l'époque un rôle actif dans la radicalisation des jeunes musulmans, les préparant et les envoyant dans les camps d'A-Qaïda. Le Britannique Richard Reid ou le Français Zacarias Moussaoui y sont notamment passés.
Les soupçons contre Abou Hamza s'accumulent après l'enlèvement en décembre 1998 de 16 touristes au Yémen, dont quatre seront tués dans une tentative ratée de libération par les forces yéménites. Le fils d'Abou Hamza, âgé de 17 ans et son beau-fils seront arrêtés au Yémen et condamnés. Aden affirme qu'Abou Hamza est impliqué et demande en vain son extradition.
En 2003, un raid policier de nuit découvre dans la mosquée de Finsbury park une centaine de passeports volés ou faux, des armes et des tenues de protection chimique.
La mosquée est fermée, Abou Hamza continue à prêcher dans la rue.
Il est arrêté l'année suivante à la demande des Américains, qui l'ont notamment inculpé en liaison avec l'enlèvement des touristes au Yémen. Il est accusé d'avoir procuré un téléphone satellitaire aux kidnappeurs et de leur avoir donné des conseils.
Après son arrestation, Londres le juge également pour incitation au meurtre et à la haine raciale, et il est condamné début 2006 à sept ans de prison.
Il lutte en vain pour éviter son extradition vers les Etats-Unis, finalisée le 5 octobre 2012.