Seul l’Etat a le droit au monopole des armes..
Le chef executif des Forces libanaises, Samir Geagea, a rendu public mercredi son programme pour la présidence de la République au cours d'une conférence de presse tenue au quartier général des FL, à Meerab (Kesrouan), en présence de nombreuses personnalités politiques. L'occasion pour M. Geagea, dont la candidature avait été officiellement posée le 4 avril dernier, de rendre un hommage marqué au président sortant Michel Sleiman et d'affirmer "qu'une présidence émanant de la Révolution du Cèdre et du rêve des martyrs ne peut que triompher".
Geagea a indiqué que le nouveau chef de l'Etat devrait s'en tenir à la Déclaration de Baabda et à la charte nationale élaborée par Bkerké, qui préconisent la neutralité du Liban vis-à-vis des conflits régionaux et de la politique des axes à l'échelle du Moyen-Orient. Cela implique que l'Etat doit avoir le monopole de l'usage des armes pour la défense du pays face à toute agression. Il a réaffirmé à ce propos la nécessité pour le nouveau président de la République de veiller à la stricte application des résolutions internationales concernant le Liban.
Geagea a souligné d'emblée sur son plan de 32 points que, contrairement à ce qu'avancent certains milieux, le président de la République bénéficie toujours d'importantes prérogatives et, à ce titre, il est en mesure de jouer un rôle de premier plan dans le rétablissement de l'autorité de l'Etat. Il a souligné à cet égard la nécessité que l'Etat puisse recouvrer son pouvoir de décision par le biais, notamment, d'une stricte application des termes de la Constitution et de la législation en vigueur.
"La présidence de la République est le point de départ pour reprendre le contrôle de l'état depuis le sommet jusqu'à la base de la pyramide. Elle constitue le point focal pour redresser la situation exacerbée par les défaillances, les pratiques erronées, et le déséquilibre des balances", a ainsi déclaré Samir Geagea.
Au niveau de l'exercice du pouvoir, Geagea se prononce pour le respect de l'accord de Taëf "dans l'étape actuelle", soulignant que cet accord "est le cadre politique capable de concrétiser l'esprit du pacte (de 1943), de promouvoir le concept de la vie politique constitutionnelle, d'atteindre l'équilibre national et de restaurer la République".
"Le réalisme politique célébré par certains s'est transformé en situation de soumission, de reddition et de coexistence amère avec ce statu quo", a encore déclaré Geagea.
Adressant la question de la loi électorale, le leader de F.L. a estimé que celle-ci doit assurer "l'équilibre entre le maintien de la coexistence et la réalisation d'une bonne représentativité au niveau national pour équilibrer la balance".
Concernant le volet socio-économique, le leader des F.L. préconise un renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé pour la relance de la croissance économique, mettant l'accent, entre autres, sur la nécessité de mettre en place sans tarder le "fond souverain" chargé de gérer et de contrôler les revenus des ressources en pétrole et en gaz dont jouit le Liban. M. Geagea a prôné, en outre, la dynamisation du rôle des instances de régulation des secteurs des Télécommunications et de l'Electricité. Il a d'autre part souligné la nécessité de relancer le tourisme à l'échelle de tout le pays en réactivant, notamment, les aéroports situés dans certaines régions périphériques, ainsi que les ports.
Geagea a également prôné la création de zones franches, et a insisté sur la promotion du développement rural, notamment au niveau de l'agriculture.
Autres mesures à caractère social préconisées par M. Geagea : l'octroi de l'assurance maladie à tous les citoyens libanais ; l'instauration de la carte estudiantine accordant des avantages médiaux et sociaux aux étudiants ; l'application d'une politique rationnelle pour la protection de l'environnement ; la mise en chantier de la décentralisation administrative et de la lutte contre la corruption ; l'adoption d'une législation moderne pour sauvegarder et défendre les droits de la femme; la création d'un ministère indépendant pour la diaspora libanaise ; la réforme du pouvoir judiciaire.
Au chapitre de la politique étrangère et de la situation régionale, Geagea a mis l'accent sur les espoirs qui peuvent être fondés sur le Printemps arabe, réaffirmant notamment son soutien à la révolution menée par le peuple syrien contre la dictature du pouvoir en place à Damas.
Geagea a, enfin, réaffirmé son attachement au droit au retour des réfugiés palestiniens.
En conclusion, Geagea a déclaré qu'"il se peut que le monde ne réalise pas vraiment ce que nous faisons ici aujourd'hui, mais il ne peut jamais oublier les actions de nos prédécesseurs : Bachir Gemayel, Kamal Joumblatt, l'Imam Moussa al-Sadr, René Moawad, Rafik Hariri arrivant à Mohammed Chatah, qui était un ami très cher dont je n'oublierai jamais l'amitié ni le martyre.
Aujourd'hui, nous sommes ici ensemble pour dire que le Liban mérite le meilleur, qu'une présidence émanant de la Révolution du Cèdre et du rêve des martyrs ne peut que triompher ... et elle triomphera!"