AU 21ème siècle, les Saoudiennes n’ont pas l’autorisation de conduire une voiture mais commencent à ce droit..
Au royaume rigoriste de l’Arabie Saoudite, les femmes n’ont toujours pas le droit conduire des voitures, et doivent demander l’autorisation à l’un de leurs gardiens males pour sortir. Depuis l'explosion des soulèvements arabes, elles ont décidé elles aussi de faire entendre leurs revendications.
Dimanche, l'une d'entre elles, Manar AlCharif a décidé de braver l'interdiction, sortant toute au volant de sa voiture.
"Mais sans tarder, elle a été arrêtée", ont annoncé des défenseurs des droits de l'homme.
"Les policiers sont venus l'arrêter en pleine nuit", a déclaré Maha Taher, une autre militante.
L'avocat, chargé par la famille de défendre la jeune femme, a estimé que le fait d'inciter les femmes à conduire "ne constitue pas un délit", ajoutant que la loi ne prévoyait pas de châtiment dans ce cas.
Il a ajouté qu'il revenait au roi Abdallah de trancher au sujet de l'interdiction de conduire pour les femmes, basée sur un édit religieux (fatwa).
Une pétition, qui avait recueilli lundi 230 signatures de Saoudiens, a exhorté le souverain à libérer la jeune femme.
Dans la vidéo postée sur Youtube, Manal affirme "qu'aucune loi en islam n'interdit aux femmes de conduire", ajoutant que cette interdiction est uniquement due à des facteurs sociaux dans le royaume ultraconservateur.
Elle raconte, sous forme de conversation avec une autre femme qui l'accompagne en voiture, les "humiliations quotidiennes" des femmes dans le royaume, forcées d'attendre le bon vouloir d'un homme de leur famille ou d'un chauffeur de taxi pour les déplacements urgents, quand elles n'ont pas les moyens de se payer un chauffeur.
La jeune femme a lancé avec un groupe de compatriotes une campagne visant à enseigner la conduite automobile aux Saoudiennes et à les encourager à se mettre au volant à compter du 17 juin, munies d'un permis de conduire délivré à l'étranger.
« Je conduirai à partir du 17 juin » est leur slogan sur Facebook qui compte déjà 1998 soutiens.
Première réaction des hommes saoudiens: une contre-attaque via Facebook aussi, intitulé « les raisonnables », en appelant les hommes à protester « de toutes leurs forces et moyens » aux femmes qui « oseraient prendre leur volant de leur propre volonté ».
Pis encore, l’un des fondateurs de la page a menacé de « punir tout homme et toute femme qui soutient les femmes au volant ».
La campagne « les raisonnables » a réussi à attirer plus de 1400 signatures de participants qui exhortent les hommes «à frapper toute femme dont l’esprit malveillant l’aurait incitée à vouloir conduire» !
Le fondateur de la page a mis en garde contre « l'infiltration des idées occidentales dans l'esprit des jeunes filles saoudiennes, et aussi contre le risque d’une augmentation d'accidents de la circulation dans les rues, si les femmes prenait le volant ».
De leur côté, les Saoudiennes ont menacé de se défendre en recourant aux armes blanches!
En novembre 1990, un groupe de 47 femmes avaient défilé au volant de 15 voitures à Ryad avant d'être arrêtées. Plusieurs d'entre elles, fonctionnaires, avaient été sanctionnées par une mise à pied.
Les lois dans le royaume interdisent aussi aux femmes de voyager sans l'autorisation d'un tuteur, et les placent en position d'infériorité en cas de divorce ou d'héritage.
Les femmes sont également privées de leurs droits politiques, les autorités ayant confirmé le 28 mars leur refus de les autoriser à prendre part aux prochaines élections législatives, prévues en septembre.
En avril, un groupe de Saoudiennes s'étaient symboliquement rendues dans un centre d'enregistrement des électeurs aux municipales à Jeddah pour revendiquer le droit de participer au scrutin. Mais le chef du centre leur avait signifiées qu'elles étaient interdites d'enregistrement.