Cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures de "réassurance renforcées" prises par l’Otan à l’intention des pays d’Europe de l’Est.
Les propos tenus par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, n’ont pas fait réagir Moscou, comme cela avait été le cas avec ceux de Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française.
Pourtant, M. Le Drian n’a pas mâché ses mots. « La crise ukrainienne est la plus grave depuis la fin de la Guerre froide (du moins en Europe, ndlr). Et la responsabilité de cette escalade est connue de tous : elle revient à la Russie », a-t-il dit. « L’annexion de la Crimée dans un premier temps et aujourd’hui la déstabilisation de l’est de l’Ukraine constituent des événements d’une très grande gravité et (….) cette atteinte à la souveraineté de l’Ukraine n’est pas acceptable », a-t-il ajouté.
Dans le cadre des mesures de « réassurance renforcées » prises par l’Otan à l’intention des pays d’Europe de l’Est, le ministre a annoncé que la France enverra des avions de chasse « en Pologne dès la fin de ce mois », en plus de la mise à la disposition des appareils de type AWACS de l’escadron 00.036 « Berry » de Bourges-Avord.
En mars, M. Le Drian avait indiqué qu’il était question d’envoyer 4 avions de chasse en Lituanie, dans le cadre de l’opération Air Baltic Policing, menée par l’Otan. Mais les Etats-Unis, à qui il revient actuellement d’assurer cette mission, avaient déjà pris la décision de renforcer leur détachement aérien en portant à 10 le nombre de F-15 déployés.
Mais avec la décision de l’Otan de renforcer ses moyens militaires en Europe orientale, le dispositif va évoluer à compter de mai prochain. L’ébauche de ce plan a été révélée par un responsable de l’Alliance atlantique à l’agence Reuters la semaine dernière.
Ainsi, les F-15 de l’US Air Force seront relevés par 4 MiG-29 polonais et autant d’Eurofighter de la Royal Air Force et de F-16 danois.
Quant aux avions français, ils devraient rejoindre théoriquement une base en Pologne. Celle de Lask, où ont été récemment envoyés 12 F-16 américains aux côtés d’appareils polonais du même type, pourrait faire l’affaire. De même que celle de Malbork, au sud de Gdansk (ex-Dantzig). Cette mission durera 4 mois (de mai à août).
Le type d’appareil que l’armée de l’Air enverra en Pologne n’est pas encore définitivement arrêté. A priori, il pourrait s’agir de 4 Rafale. Au vu des unités qui en sont équipées en Métropole, le choix de l’escadron susceptible de s’envoler pour les cieux polonais est limité.
Il n’est pas envisageable de solliciter le 1/91 Gascogne. Appartenant aux Forces aériennes stratégiques, le message risquerait d’être mal perçu à Moscou (ou du moins être habilement exploité). Il reste donc le 1/7 Provence et le Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen, ce qui ne manquerait pas de piquant quand on connaît la relation particulière de ce dernier avec la Russie.
Reste ensuite la possibilité de déployer 4 Mirage 2000. Là encore, le choix se ferait alors entre le groupe de chasse 1/2 Cigognes et l’EC 2/5 Île-de-France. A moins de retarder le retrait des Mirage F1CR du 2/33 Savoie, lesquels avaient très bien tenu leur rôle en 2013, dans le cadre justement de la mission Air Baltic Policing. Mais cette dernière hypothèse est improbable.
Source:opex360