La réconciliation entre le Fatah et le Hamas, qualifiée par Barack Obama d’"obstacle à la paix", tire les conséquences de l’échec des négociations avec Israël et du consensus palestinien pour un Etat sur les lignes de 1967.
La réconciliation entre le Fatah et le Hamas, qualifiée par Barack Obama d'"obstacle à la paix", tire les conséquences de l'échec des négociations avec Israël et du consensus palestinien pour un Etat sur les lignes de 1967.
Le président américain a ainsi rompu avec l'approbation circonspecte des membres du Quartette sur le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, ONU, Russie), dimanche devant l'AIPAC, principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis.
Il a réitéré les exigences du Quartette au Hamas, vainqueur des élections en 2006 et maître de Gaza: reconnaissance d'Israël, renonciation à toute violence et respect des accords signés.
Mais le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a défendu l'accord conclu le 27 avril par le Fatah, son parti, avec le Hamas, qui "fait partie de la société palestinienne".
Il a rappelé qu'il conduisait les pourparlers en tant que président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), interlocuteur officiel d'Israël depuis une reconnaissance mutuelle en 1993.
Un haut responsable de l\'OLP, Yasser Abed Rabbo, a expliqué lundi qu"\'Israël et les Etats-Unis n\'avaient pas besoin de traiter individuellement avec chaque mouvement palestinien". "Si nous devions traiter avec chaque parti de l\'actuelle coalition gouvernementale israélienne, nous n\'en trouverions aucun qui soit disposé à nous parler", a-t-il dit à la radio officielle Voix de la Palestine.
Lors de l'accord FatahHamas, les deux parties ont précisé que la faillite des négociations depuis plus de sept mois avait contribué au rapprochement. Le mouvement islamiste, qui refuse de reconnaître Israël, a indiqué qu'il ne tenterait pas de faire obstacle aux pourparlers.
"C'est le Hamas qui s'est rallié à notre programme", a assuré le négociateur palestinien Nabil Chaath, vétéran du processus de paix, en référence à la réaffirmation solennelle le 4 mai par le chef du mouvement, Khaled Mechaal, de "l'objectif national commun" d'un Etat palestinien sur les territoires occupés depuis 1967: la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est.
"Si le Hamas est engagé à un règlement négocié, à la non-violence, et à ce que le résultat final soit les frontières de 1967, c'est suffisant", a estimé M. Chaath, jugeant "ridicule de demander au Hamas aujourd'hui de reconnaître Israël".
"Je pense que cela satisfait l'Europe, la Russie et les Nations unies, le problème se pose pour l'interprétation de l'administration américaine", a-t-il indiqué.
Lors de deux discours, jeudi puis dimanche, le président américain a repris à son compte la position du Quartette définissant les lignes de 1967 comme base des négociations, moyennant des échanges de territoire.
L'UE et la France ont appelé en conséquence lundi à une réunion rapide du Quartette.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui doit s'adresser lundi à son tour à l'AIPAC, a sèchement récusé cette base de discussion.
Depuis l'annonce surprise de la réconciliation, M. Netanyahu répète que "la paix avec Israël et avec le Hamas" sont incompatibles, au motif que le programme officiel du mouvement islamiste prévoit l'élimination d'Israël.
Le 10 mai, M. Abbas avait néanmoins jugé essentiel à la paix que les Palestiniens parlent d'une seule voix.
"Lorsque nous sommes allés à Annapolis (pour des négociations avec Israël en novembre 2007, NDLR), les Américains et les Israéliens nous ont dit: +Quel que soit l'accord que vous obtiendrez, il ne sera pas appliqué tant qu'il n'y aura pas d'unité+" palestinienne, avait-il confié.
Des commentateurs israéliens relèvent également l'évolution du Hamas, qui "parle aujourd'hui comme l'OLP il y a vingt ans", quand le dialogue avec l'organisation palestinienne était encore tabou, a déclaré lundi l'écrivain Avraham B. Yehoshua.