Les conditions d’attribution du prix Nobel de la paix ne sont pas en conformité avec le testament d’Alfred Nobel.
Des personnalités scandinaves ont annoncé mercredi avoir saisi la police norvégienne pour qu'elle ouvre une enquête sur les conditions d'attribution du prix Nobel de la paix qui ne sont pas en conformité, selon elles, avec le testament d'Alfred Nobel.
Le comité Nobel norvégien "défie et ignore le testament Nobel, même après s'être vu rappeler à de multiples reprises le sens que Nobel entendait donner à son prix", a déclaré à l'AFP le juriste Fredrik Heffermehl, auteur de "La Volonté de Nobel" et critique inlassable du comité.
S'exprimant au nom des 16 personnalités norvégiennes et suédoises à l'origine de la plainte, M. Heffermehl juge que l'ensemble des prix attribués depuis plus d'une décennie, y compris ceux à Barack Obama (2009) et à l'Union européenne (2012), étaient "illégaux" car ils ne répondaient pas à la lettre aux critères énoncés par Alfred Nobel.
Dans son testament, l'industriel et philanthrope suédois (1833-1896) estimait que le prix devait aller à "celui qui aurait agi le plus ou le mieux pour la fraternisation des peuples, l'abolition ou la réduction des armées de métier ainsi que pour l'organisation et la diffusion de congrès de la paix".
Au fil du temps, le comité Nobel a élargi ce concept pour couronner des artisans d'œuvres humanitaires, des défenseurs de l'environnement et à des champions de la lutte contre la pauvreté.
Ancien vice-président du Bureau international de la paix (BIP) qui a reçu le Nobel en 1910, M. Heffermehl se fait, quant à lui, le chantre d'une définition beaucoup plus stricte.
Même l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), récompensée en 2013, ne trouve pas grâce à ses yeux : "Ils appliquent un traité de désarmement, mais ils ne mettent pas un terme au militarisme. Disons simplement que c'est un lauréat moins éloigné que les autres" de la définition de Nobel, a-t-il dit.
Le comité, de son côté, a toujours rejeté ces critiques.
La plainte déposée auprès de la brigade financière --puisqu'il s'agit d'une violation de testament présumée-- vise particulièrement le président du comité, Thorbjoern Jagland, et son influent secrétaire, Geir Lundestad.
Contacté par l'AFP, M. Lundestad s'est refusé à tout commentaire, estimant qu'il convenait maintenant de laisser la police instruire cette plainte. La brigade financière n'avait pu être jointe dans l'immédiat.