La région du Moyen-Orient renferme la deuxième plus grande base des forces navales royales britanniques.
Le ministre de la défense britannique Philippe Hamond a déclaré le 10 avril en cours que le Royaume-Uni réfléchit à mettre en place une base militaire permanente dans la région du Golfe. Interrogé par le journal Golfe Times à Doha sur la présence militaire britannique dans la région, Hamond a dit : «Alors que le Royaume-Uni retire ses soldats des champs de bataille en Afghanistan, il est sûr que l’une de ses options est l’installation d’une base permanente dans un endroit quelconque dans le Golfe ».
En effet, les propos du ministre de la défense reflètent que la Grande-Bretagne prépare un plan plus important qu’une base militaire, et plus important que l’élargissement du centre du commandement maritime royal dans la capitale bahreinie, Manama. Il est connu que la région du Moyen-Orient renferme la deuxième plus grande présence des forces navales royales britanniques. Dix des 32 navires militaires britanniques sont déployés dans la région, notamment à Bahrein près de la base de la cinquième flotte américaine.
Toutefois, il est nécessaire de placer cette information dans son vrai contexte, et de raconter ces incidents d’une façon logique.
La visite d’Obama à Riyad le 28 mars dernier a échoué du point de vue de la forme et du contenu. Ce résultat était prévu avant même la tenue de cette visite.
Des informations et des preuves font état d’un grand changement stratégique dans la prochaine période…un changement évoqué dans la déclaration de la conseillère de la sécurité nationale américaine Suzane Rice au journal New York Times le 26 octobre 2013. Celle-ci a parlé d’une révision de la politique américaine dans la région la plus troublée dans le monde, selon elle.
Et d’ajouter que l’objectif du président Obama est d’empêcher que les événements au Moyen-Orient n’exploitent tout l’agenda de la politique extérieure comme ce fut le cas avec ses prédécesseurs.
«Nous ne devons pas user de toute notre énergie 24/7 dans une seule région, quoique importante soit-elle », avait-elle dit.
«Le président Obama pense que le temps est propice pour reculer et faire une réévaluation d’une façon très critique, pour voir comment faut-il adopter une approche pour la région », a expliqué Rice.
Et de poursuivre que le président Obama projette de s’occuper ailleurs, surtout à l’Asie de l’Est. « Il existe tout un monde là-bas et nous avons des intérêts et des opportunités dans cette région », a-t-elle indiqué.
Un rapport publié par le conseil des renseignements national aux Etats-Unis prévoyant l’avenir des forces militaires américaines dans la région du Golfe révèle un recul progressif de la domination américaine. « Les Etats-Unis vont revoir leur stratégie dans la région, à la base des prévisions que le pays deviendra le premier producteur du gaz naturel dans le monde, et des assurances que ses réserves a augmenté de 30 ans à 100 ans grâce à la technologie moderne. De plus, ses productions pétrolières permettront à Washington de devenir un exportateur du pétrole après avoir été un pays importateur. Sachant que les exportations du gaz et du pétrole de Golfe vers l’Amérique ne dépassent le 11%.
Ni la Chine ni la Russie ne peuvent remplir le vide dans la période du retrait américain de la région
Ces déclarations pourraient ne pas refléter l’image complète de la nouvelle stratégie américaine, mais certes elles mettent l’accent sur une vision différente adoptée par l’administration américaine envers la région.
Tout ce qui a été dit sur des plaintes saoudiennes envers le changement dramatique dans la position américaine sur la crise syrienne et l’accord nucléaire américano-iranien n’est pas une lecture superficielle. Dans le fond, se dessinent les bases d’un nouveau partenariat stratégique.
Ni la Chine ni la Russie ni aucune autre force dans l’autre camp ne peuvent remplir le vide dans la période de la transition américaine de la région vers l’extrême-Orient.
Les visites de Bandar ben Sultan à Moscou et du prince héritier Salmane ben Abdel Aziz à Pékin ne visaient pas à construire de nouvelles alliances stratégiques. Mais, leurs objectifs variaient entre l’économique et le militaire. Ces visites surviennent dans l’objectif d’attirer l’attention du partenaire américain et des alliés tels que la Grande-Bretagne. Toutefois, lesdites visites ne remontaient pas à la hauteur d’un partenariat stratégique. D’aucuns réalisent parfaitement que la boussole de l’alliance est dirigée vers l‘Occident mais cette fois l’Occident de l’Ouest sera l’alternative.
Le 21 octobre dernier, le journal Wall Street journal a rapporté de diplomates européens dont l’ambassadeur français à Riyad qui a rencontré le prince Bandar ben Sultan que « Riyad projette de mener un changement majeur dans sa relation avec Washington pour protester contre son inaction envers la crise syrienne ».
Et le journal d’ajouter que Riyad a l’intention de renoncer au partenariat en vigueur avec la CIA pour entrainer les groupes armés en Syrie, et d’œuvrer avec d’autres partenaires, dont la France et la Jordanie.
Turki el-Fayçal, chef des renseignements généraux et ancien ambassadeur à Washington et Londres, a lancé des positions critiques à la politique américaine au Proche-Orient, surtout en ce qui concerne les dossiers syrien et iranien, et a souligné indirectement un changement de l’orientation du partenariat stratégique entre Riyad et ses alliés occidentaux.
Contrairement à ce que certains pensent, l’Arabie Saoudite a commencé à réfléchir sérieusement dans la diversification des sources de sécurité, en vue de changements sérieux dans la stratégie américaine. Les Etats-Unis sont face à des échéances économiques et stratégiques de grande ampleur, dont la découverte des schistes bitumineux, ce qui a fait de ce pays le premier pays pétrolier au monde en 2015. Ceci a poussé la société pétrolière saoudienne Aramco à consacrer un important budget dans le but de préparer un plan pour faire face à ce défi.
Quand on place ces informations à côté de ce qu’a révélé la conseillère de la sécurité nationale Rice au sujet de transporter le poids le plus lourd de la politique étrangère américaine vers l’Extrême-Orient, nous serons face à une nouvelle période où le concept du partenariat stratégique change de signification. En réalité, Israël et l’Arabie Saoudite sont parmi les pays visés par le changement de la stratégie américaine, et ils ont affiché des craintes dès le début.
A suivre
traduit du journal al-Akhbar