"Seule la reconnaissance et la condamnation (du génocide) peuvent empêcher la répétition d’un tel crime à l’avenir" .
L'Arménie a commémoré jeudi les 99 ans du génocide, rejetant les condoléances présentées la veille par la Turquie et réclamant qu'Ankara se repente.
Perpétré d'avril 1915 à juillet 1916, ce génocide commis dans l'empire ottoman (l'actuelle Turquie) a coûté la vie à au moins 1,2 million d'Arméniens d'Anatolie et du haut-plateau arménien. Mercredi, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a créé la surprise en présentant les condoléances de la Turquie pour ces massacres - Ankara refusant toujours de parler de génocide.
"Déni total"
Les autorités arméniennes ont rejeté jeudi ces condoléances. Elles ont réclamé d'Ankara reconnaissance et "repentir". Le génocide "continue tant que le successeur de la Turquie ottomane poursuit sa politique de déni total", a déclaré le président arménien Serge Sarkissian, cité dans un communiqué.
"Nous sommes convaincus que le déni d'un crime constitue sa continuation directe. Seule la reconnaissance et la condamnation (du génocide) peuvent empêcher la répétition d'un tel crime à l'avenir", a-t-il ajouté.
"Relations normales"
Sans évoquer explicitement la déclaration de M. Erdogan la veille, le président arménien a appelé la Turquie à aller beaucoup plus loin. "Nous approchons du 100e anniversaire (...) Cela peut donner à la Turquie une bonne chance de se repentir et de se libérer de cette lourde charge", a-t-il déclaré.
Il a cependant souligné qu'au-delà des mots, l'Arménie attend "des avancées réelles". Et de citer l'ouverture des frontières et l'établissement "de relations normales".
Accueil mitigé
Quant aux intellectuels turcs, ils ont réservé un accueil mitigé au message de M. Erdogan. Ils y voient une volonté d'atténuer les critiques qui risquent de s'abattre sur la Turquie à l'occasion du centenaire des massacres.
En revanche, la presse turque a salué la démarche "historique" du régime. "Ce sont les mots les plus explicites que peut prononcer à ce stade un Premier ministre turc", s'est félicité un éditorialiste du quotidien "Hürriyet".