24-11-2024 09:30 AM Jerusalem Timing

Turquie: La Cour suprême contre-attaque aux critiques du pouvoir

Turquie: La Cour suprême contre-attaque aux critiques du pouvoir

Le discours de M. Kiliç était particulièrement fort et adressé notamment à M. Erdogan qui était parmi les invités et qui a affiché sur son visage sa désapprobation.

Le président de la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire de Turquie, a rejeté avec véhémence vendredi les vives critiques qui lui ont été adressées par le Premier Recep Tayyip Erdogan, en affirmant que "les tribunaux ne reçoivent pas des ordres".

"Dans un état de droit, les tribunaux ne reçoivent ni des ordres ni des instructions. De plus ils ne peuvent être guidés par des sentiments d'amitié ni d'hostilité", a déclaré Hasim Kiliç lors d'une allocution télévisée à l'occasion du 52è anniversaire de la création de son institution.

Le discours de M. Kiliç était particulièrement fort et adressé notamment à M. Erdogan qui était parmi les invités et qui a affiché sur son visage sa désapprobation.

La cour suprême a infligé ces dernières semaines plusieurs revers au régime d’Erdogan annulant en partie une réforme judiciaire destinée à renforcer son emprise sur l'appareil judiciaire, adopté au Parlement en plein scandale de corruption, et débloquant l'accès au réseau Twitter, interdit par le pouvoir.

En ordonnant début avril la levée du blocage de Twitter, les Sages avaient fortement déplu au Premier ministre, qui ne s'était pas privé de les critiquer:

"Nous devons appliquer le jugement mais je ne le respecte pas", accusant aussi les juges d'agir contre les intérêts nationaux.

M. Kiliç a souligné avec insistance la nécessité de préserver l'indépendance de la justice en Turquie, sans hésiter à accuser M. Erdogan, qui dirige le pays depuis 2002, d'avoir émis des "critiques disproportionnées" sur les jugements de la Cour.

Il a aussi fortement critiqué les vastes purges effectuées par le pouvoir dans la magistrature depuis la révélation à la mi-décembre d'un vaste scandale de corruption touchant M. Erdogan et son entourage.

"Cette affaire nous montre clairement que ces divisions scelleront la fin de la sécurité de la justice dans l'Etat de droit", a-t-il dit.

Le Premier ministre accuse le mouvement dirigée depuis les Etats-Unis par le prédicateur Fethullah Gülen, jadis son allié, d'avoir fabriqué des preuves de corruption pour le renverser dans le cadre d'un "coup d'Etat".