Kiev accuse Moscou de vouloir "une troisième guerre mondiale". Kerry menace Moscou. Lavrov accuse les Etats-Unis de vouloir "dénigrer la Russie".
Les autorités de Kiev ont lancé la deuxième phase de l'opération spéciale dans l'est du pays en vue de bloquer les entrées de la ville de Slaviansk, a déclaré vendredi le chef par intérim de l'administration du président ukrainien Sergueï Pachinski.
"L'opération est en cours. L'objectif est de bloquer toutes les entrées à Slaviansk", a fait savoir le responsable.
La tension ne cesse de monter ces derniers jours dans le sud-est de l'Ukraine, théâtre depuis mars d'un bras de fer entre les partisans de la fédéralisation du pays et les troupes de l'armée régulière envoyées dans la région dans le cadre d'une opération dite antiterroriste.
Jeudi 24 avril, le ministère ukrainien de l'Intérieur a annoncé que des unités de la police et de l'armée avaient abattu cinq protestataires à Slaviansk.
Par la suite, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé relancer des manœuvres militaires à la frontière ukrainienne, cette mesure constituant selon lui une réponse à l'opération menée par les autorités de Kiev dans le sud-est du pays.
Pour leur part, les nouveaux dirigeants ukrainiens, arrivés au pouvoir suite au renversement du président Viktor Ianoukovitch en février 2014, accusent Moscou de soutenir les protestataires.
Kiev accuse Moscou de vouloir "une troisième guerre mondiale"
Dans ce contexte, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a accusé vendredi la Russie de vouloir lancer "une troisième guerre mondiale", appelant la communauté internationale à "s'unir contre l'agression russe".
"Les tentatives d'agression de l'armée russe sur le territoire de l'Ukraine mèneront à un conflit sur le territoire de l'Europe. Le monde n'a pas oublié la Seconde guerre mondiale et la Russie veut lancer une troisième guerre mondiale", a-t-il déclaré lors d'un conseil des ministres.
"Le soutien de la Russie aux terroristes en Ukraine constitue un crime international, et nous appelons la communauté internationale à s'unir contre l'agression russe", a-t-il encore dit.
Moscou risque de payer le prix fort, selon Kerry
Pour sa part, le secrétaire d'Etat américain John Kerry ne cesse de hausser le contre la Russie.
"Si la Russie continue dans cette direction, ce ne sera pas seulement une grave erreur, ce sera une erreur coûteuse", a prévenu le chef de la diplomatie US.
Selon lui, l'économie russe subit déjà des difficultés en raison des sanctions imposées par l'Occident à l'encontre de Moscou sur fond de crise ukrainienne.
M.Kerry a également accusé la Russie de ne pas avoir pris "la moindre initiative allant dans la bonne direction".
"Depuis une semaine, la Russie (...) n'a appelé les séparatistes à soutenir la désescalade, à rendre les armes et à évacuer les bâtiments administratifs", a lancé le secrétaire d'Etat.
Lavrov accuse les Etats-Unis de vouloir "dénigrer la Russie"
En réaction, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé vendredi les Etats-Unis de vouloir dénigrer la Russie et a jugé le ton de son homologue américain John Kerry "inacceptable".
M. Lavrov a affirmé que "la propagande américaine" avait pour but de "dénigrer la Russie, dénigrer ceux qui protestent contre les actes illégaux des autorités (de Kiev, ndlr) qui essaient d'interdire le russe et de faire de tous les Russes et russophones des ennemis qui devraient être tués".
M. Lavrov a fustigé les propos de son homologue et défendu RT comme un concurrent "sérieux" de CNN et de la chaîne britannique BBC.
"Ils nous accusent d'enclencher - et John Kerry l'a dit hier dans sa déclaration, sur un ton inacceptable, un ton de procureur - il nous accuse d'enclencher la machine de propagande de Poutine, Russia Today", a-t-il dit.
"Vous savez, parler ainsi d'un média n'est sans doute pas très poli", a dit M. Lavrov.
Kerry avait accusé le réseau télévisé RT, financé par le Kremlin et autrefois connu sous le nom Russia Today, de "promouvoir la vision fantaisiste du président (Vladimir) Poutine de ce qui se passe sur le terrain".
La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, a réclamé vendredi des excuses du Département d'Etat.
"Nous avons l'intention d'envoyer une requête officielle au Département d'Etat américain pour lui demander de nous montrer des exemples concrets montrant que RT a dénaturé des faits, et demander des excuses", a-t-elle dit, citée dans un communiqué.