21-04-2025 06:34 AM Jerusalem Timing

Les rebelles de Slaviansk ne rendront pas la ville

Les rebelles de Slaviansk ne rendront pas la ville

Moscou condamne l’implication de l’armée, et l’extrême droite ukrainienne pro occidentale veut armer la population.

Les rebelles pro russes de Slaviansk ont déclaré vendredi qu'ils ne rendraient pas la ville dans l'est de l'Ukraine, désormais assiégé par l'armée.
   "Nous ne rendrons pas la ville", s'est exclamé leur dirigeant, Viatcheslav Ponomarev, au cours d'une conférence de presse à la mairie.
   "Ils (les soldats) sont tout près, ils bloquent les routes. La ville est sous blocus, nous sommes prêts à la défendre", a-t-il déclaré.
   "Dans la mesure du possible, nous allons résister", a encore dit M. Ponomarev.
   
Cet ancien militaire a ajouté que l'armée ukrainienne recourait à "une tactique habituelle": interdire les accès à cette cité de 110.000 habitants, puis, dans un deuxième temps, la "nettoyer" en y faisant intervenir les "forces spéciales".
   
De fait, l'AFP a constaté que les forces ukrainiennes avaient érigé une série de barrages, avec blindés, hélicoptères et hommes bien équipés, notamment au nord-ouest et au sud-est de Slaviansk.
   
Le régime ukrainien a expliqué vouloir "bloquer Slaviansk" afin d'empêcher les rebelles d'y envoyer des renforts. Elle affirme ne pas vouloir lancer de nouvel assaut, qui risquerait de faire des victimes civiles.
   
Viatcheslav Ponomarev a par ailleurs affirmé que ses partisans avaient au total fait prisonniers "une quarantaine de soldats de l'armée ukrainienne ayant pénétré sur notre territoire".
   
Il a assuré qu'ils étaient "en civil" et n'avaient "pas d'armes" sur eux au moment de leur capture, laissant entendre qu'ils avaient pour mission de se livrer à des activités de renseignement ou de sabotage.

Poutine condamne l’utilisation de l’armée

Face à cette escalade Moscou a qualifié de "très dangereuse" la décision d'utiliser la force armée contre les protestataires.
Jeudi, le président Poutine a déclaré que la décision du régime actuel à Kiev d'utiliser réellement l'armée à Slaviansk, était un crime très grave contre le peuple ukrainien.

Ce vendredi, il a fait de même lors d'un entretien téléphonique tenu vendredi avec la chancelière allemande Angela Merkel.

"M. Poutine et Mme Merkel ont procédé à un échange de vues sur la situation critique qui prévaut en Ukraine, y compris suite au refus des autorités de Kiev d'appliquer les ententes intervenues le 17 avril à Genève. M. Poutine a vivement condamné les tentatives du régime de Kiev d'utiliser les forces armées contre les civils dans le Sud-Est du pays", lit-on dans le communiqué annoncé par le Kremlin.

Selon Ria Novosti, les deux dirigeants ont en outre évoqué les activités de la mission d'observation de l'OSCE en Ukraine.

Les grandes villes de l'Est et du Sud de l'Ukraine, dont Donetsk, Kharkov et Lougansk, connaissent depuis mars une mobilisation sans précédent des partisans de la fédéralisation du pays qui réclament des référendums sur le statut politique de leurs régions. Le mouvement de protestation contre la politique des nouvelles autorités de Kiev s'est étendu à différentes villes de la région de Donetsk, dont Slaviansk. Les autorités ukrainiennes ont lancé une opération militaire contre les manifestants.

La confrontation a pris des formes particulièrement violentes à Slaviansk, actuellement contrôlée par les partisans de la fédéralisation.


Armer la population

Pour sa part, le chef de file du mouvement ultranationaliste Praviy Sektor (Secteur droit), Dmitri Iaroch, a invité le régime de Kiev à « armer d'urgence la population ukrainienne », selon la Voix de la Russie.

« Les autorités ukrainiennes doivent procéder d'urgence à l'armement de nos citoyens », lit-on dans une déclaration de Dmitri Iaroch adressée au président ukrainien par intérim Alexandre Tourtchinov.
« Monsieur Tourtchinov, vous devez prendre conscience de la responsabilité qui vous incombe », a ajouté le chef de Praviy Sektor.

Ce mouvement d'extrême-droite est étroitement lié au parti nationaliste Svoboda, membre de la coalition qui a accédé au pouvoir en Ukraine suite à un coup d'Etat. En janvier et février derniers, les activistes de Praviy Sektor ont participé à l'occupation de bâtiments administratifs, au pillage des arsenaux de la police et aux accrochages avec les forces de l'ordre. A l'heure actuelle, ces extrémistes participent à la répression des actions de protestation dans le Sud-Est de l'Ukraine.

Le Parquet général de Russie a remis à Interpol les documents nécessaires pour lancer un avis de recherche international contre Dmitri Iaroch qui s'est porté candidat à l'élection présidentielle ukrainienne prévue le 25 mai. Moscou a à plusieurs reprises appelé Kiev à désarmer les formations paramilitaires illégales, y compris les activistes de Praviy Sektor.

Le 17 avril, l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'UE ont tenu à Genève des négociations en vue de trouver une solution à la crise ukrainienne. Les négociateurs ont défini une série de mesures visant à apaiser les tensions. L'une d'entre elles consiste à désarmer les groupes paramilitaires illégaux.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré que les autorités ukrainiennes ne respectaient pas les ententes intervenues à Genève. A titre d'exemple, il a cité les provocations de Pravy Sektor qui ont fait des morts parmi les civils à Slaviansk.

Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part indiqué que « ni Praviy Sektor ni les autres organisations radicales n'ont l'intention de désarmer ». Bien au contraire, ces groupes extrémistes sont en train de se faire légaliser, a averti le président russe.

Miser sur Kiev, comme en Géorgie

Pour sa part, le chef de la diplomatie russe a estimé que l'Occident a misé sur les autorités de Kiev, et il lui est à présent difficile de faire machine arrière, comme dans le cas de la Géorgie

« Dans des entretiens en privé, quand personne à part l'interlocuteur russe ne les entend, Européens et Américains émettent des évaluations raisonnables de la situation. Ils se disent désolés, et comme dans bien d'autres cas quand ils ont par le passé misé publiquement sur quelqu'un, il leur est difficile de faire publiquement machine arrière », a déclaré le ministre lors d'un forum de jeunes diplomates, cité par Ria Novosti.

Selon M .Lavrov, l'Occident tient à se montrer ferme sur le principe, bien que ce principe soit erroné, et cherche à mener son projet à bout envers et contre tout.

« Il en a été notamment ainsi en Géorgie quand, malheureusement pour le peuple géorgien, Mikhaïl Saakachvili est arrivé au pouvoir, également (comme en Ukraine, ndlr) suite à un coup d'Etat. Les Américains s'y sont pleinement investis. C'était leur projet géopolitique, partiellement virtuel, mais comme les Etats-Unis ont érigé Saakachvili en flambeau de la démocratie, il a cessé d'être virtuel pour devenir bien réel, ce qui a amené à août 2008 », a résumé le ministre.

A la suite du conflit déclenché par la Géorgie contre l'Ossétie du Sud en août 2008, la Russie a reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, autre ancienne autonomie géorgienne. Affirmant avoir été «victime d'une provocation russe», la Géorgie a rompu ses relations diplomatiques avec Moscou et proclamé les républiques « territoires occupés ».

Un changement de pouvoir ayant des caractéristiques d'un coup d'Etat s'est produit à Kiev le 22 février 2014. La Verkhovna Rada (parlement) a destitué le président Ianoukovitch, réformé la Constitution et fixé l'élection présidentielle au 25 mai. Moscou a contesté la légitimité des décisions de la Rada, alors que l'Occident a soutenu les nouveaux dirigeants ukrainiens.

 

AFP, Ria Novosti, Voix de la Russie