24-11-2024 06:37 AM Jerusalem Timing

Tunisie : Normalisation, dites-vous, mais Mehdi Jomaâ n’y peut rien !

Tunisie : Normalisation, dites-vous, mais Mehdi Jomaâ n’y peut rien !

La polémique enfle en Tunisie sur l’entrée de touristes munis de passeports israéliens.

Ironie du sort : A l’heure où les Palestiniens scellent leur réconciliation, avec l’accord annoncé hier par Fatah et Hamas à Gaza mettant un terme à une scission inter-palestinienne qui perdure depuis sept ans, la polémique enfle en Tunisie sur l’entrée de touristes munis de passeports israéliens ; un acte que d’aucuns qualifient d’un pas vers la normalisation.

Aussi bien sous l’ancien régime, que sous les successifs gouvernements depuis la révolution, les Israéliens accédaient au territoire tunisien pour accomplir les rites du pèlerinage d’al-Ghriba à l’Île de Djerba.

Ils n’y entraient pas, néanmoins, avec leurs passeports, mais avec un laissez-passer spécial délivré par les autorités tunisiennes.

La nouveauté avec le gouvernement Jomaâ est qu’ils sont autorisés à accéder au territoire tunisien avec le passeport de l’entité sioniste.

 61 touristes munis de titres de voyage de l’entité sioniste ont pu ainsi foulé le sol tunisien, ce qui a provoqué l’ire des députés de l’Assemblée nationale constituante qui brandissent la menace de retrait de confiance, de la ministre du Tourisme, Amel Karboul, et du ministre chargé de la Sécurité, Ridha Sfar. Une affaire qui appelle quelque observations.

Mehdi Jomaâ est un technocrate qui est à la tête d’un cabinet de compétences apolitiques. Issu d’un consensus national, il est investi de trois principales missions : relancer l’économie et rétablir les finances publiques, lutter contre le terrorisme, et préparer les conditions propices à la tenue d’élections transparentes et démocratiques, à même de parachever, avec succès, cette troisième et dernière étape transitoire.

Dans la perception de l’actuel locataire de la Kasbah, la Tunisie serait comme une entreprise qui est menacée de dépôt de bilan, et qui nécessite des solutions urgentes pour être tirée d’affaire.

Réussir la saison touristique – le tourisme étant un pilier de l’économie nationale, et le principal pourvoyeur de devises - est une priorité absolue, voire un must pour lui, quitte à se permettre des accommodements avec les grandes causes.

Que des Israéliens rentrent ouvertement en Tunisie, en utilisant le passeport de l’occupation la plus oppressante de tous les temps, est tout naturellement une offense pour nous, mais est-ce la seule responsabilité de Medhi Jomaâ, et de ses ministres ?

Cette mesure n’est-elle pas la résultante de la situation déplorable dans laquelle se trouve le pays, et qui fait qu’elle soit vitalement dépendante de l’Occident, de ses aides et de ses crédits, lequel a des liens de sang avec "Israël", et lui voue totale allégeance.

Mehdi Jomaâ a été reçu à bras ouverts aux Etats-Unis, il a été accueilli en tout honneur par le président Obama en personne au bureau Ovale, qui lui a promis total soutien à la transition démocratique en Tunisie.

Un dialogue stratégique a été dès lors entamé entre les deux pays qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Idem pour l’Europe qui ne cesse de réitérer son engagement aux côtés de la Tunisie, pour l’aider à réussir son processus transitoire.

Crédule celui qui croit que l’Occident veut aider la Tunisie par pure philanthropie, et qu’il n’attendre rien en retour.

La vérité est amère, mais doit être reconnue. La Tunisie est en train de perdre sa souveraineté, car elle dépend de l’Occident pour payer ses salariés – rien que ça ! - et est donc obligée de se plier à ses desideratas.

Une situation affligeante qui intervient, paradoxalement, après la révolution, censée restituer aux Tunisienes les attributs de leur libre décision, et leur conforter davantage dans leurs constantes inaliénables, dont leur soutien et engagement en faveur de la Palestine.

Mais là aussi, qu’est-ce qu’on a concrètement fait pour alléger les souffrances des Palestiniens, et les aider à recouvrer leurs droits spoliés ?

Pas grand-chose hélas, et c’est le cas de tous les Arabes qui depuis la création de l'entité sioniste ou l'usurpation de la Palestine, la Nekba de 1948, n’ont eu de cesse de brandir les slogans favorables à la cause palestinienne, et de publier des communiqués de condamnation de l’occupation israélienne, sans que cela ne change en rien le quotidien des Palestiniens, fait d’oppression et de persécution.

Maintenant les Palestiniens se réconcilient, et leur unité retrouvée les place encore plus dans le collimateur d’"Israël" et des Etats-Unis qui menacent de leur couper les vivres.

La Tunisie leur a promis le soutien, par la voix de son président Moncef Marzouk, mais a-t-elle vraiment les moyens de ses promesses ?

Avec gnet.tn