23-11-2024 03:31 PM Jerusalem Timing

L’impuissance humanitaire de l’ONU

L’impuissance humanitaire de l’ONU

Les pays donateurs ne sont pas enclins à mettre la main à la poche

Les pays riches refusent obstinément d’apporter leur aide humanitaire aux Etats dont la population se trouve au bord de la famine. Les derniers chiffres de l’ONU sur le sous-financement de l'aide humanitaire urgente le prouvent.

Les pays donateurs ne sont pas enclins à mettre la main à la poche, même s’il s’agit de l’aide urgente, et même s’il s’agit d’une demande expresse de la part de l’ONU.

Voici des exemples récents en date.

Au début de mars, les agences humanitaires de l'ONU suppliaient les « donateurs » de faire des contributions de toute urgence à des fonds d’aide à la République centrafricaine (RCA) et au Soudan du Sud. Les agences avertissaient les pays développés que l’ampleur des catastrophes naturelles est en train d’augmenter dans ces pays de manière impressionnante. Mais ces appels à l’aide n’ont pas impressionné les donateurs. Sur 552 millions de dollars qui devraient être destinés à la RCA, moins d’un sixième a été récolté.

 

Quant au Soudan, sur 1,27 milliards de dollars espérés les agences n’ont pu recueillir qu’un cinquième.
En avril, le Soudan du Sud n’a pas reçu près de 887 millions de dollars pour les besoins humanitaires, soit près de 70% de ce qui était prévu pour le premier semestre. Plusieurs organismes des Nations Unies étaient forcés d’affirmer qu’avec les volumes de financement aussi négligeables, le Soudan du Sud n’arrivera pas à faire face à la crise humanitaire.

« Si l'argent des donateurs ne parvient pas dans l’immédiat, nous ne pourrons pas aider à satisfaire les besoins fondamentaux de la population, la sauver de la famine, et prévenir le risque de détérioration catastrophique de l’approvisionnement des millions de personnes cette année en vivres », a indiqué le coordinateur chargé des questions humanitaires de l’ONU pour le Soudan du Sud Toby Lanzer dans un entretien accordé à la radio soudanaise Radio Tamazuj.

La situation n’est guère meilleure dans les pays, où ont lieu des opérations coûteuses avec la participation des contingents militaires des pays riches. Voici ce qu’affirme le rapport du Fonds central d'intervention d'urgence de l’ONU (CERF).

Le Mali, où la France a mené des opérations militaires l'année dernière, a reçu moins de la moitié des fonds demandés, et sans l’aide alimentaire, cette aide a représenté seulement 42%.

Le Yémen a reçu le même pourcentage d’aide sur les 700 millions de dollars demandés. Les Etats-Unis ont tué dans ce pays le 19 avril dernier 63 militants du mouvement Al-Qaïda. Mais combien de milliers de citoyens de ce pays vont rejoindre les rangs des extrémistes, poussés par la faim et le désespoir ?

Cela peut sembler étrange, mais la situation du pays-allié des Etats-Unis, du territoire duquel les terroristes sont combattus au Yémen, en Somalie et dans d'autres pays de la Corne de l'Afrique, se trouve aussi sur le bord de la crise humanitaire.

Djibouti, situé sur ce point stratégique, constitue son PIB des paiements pour la location des terrains, sur lesquels se trouvent les bases militaires des Etats-Unis, de la France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et même du Japon. Ces fonds n’étant pas suffisants, l’ONU demande des fonds supplémentaires et de la nourriture à la communauté internationale. Et cette année, la CERF n’a reçu que 14% des fonds demandés.

Si les alliés continuent à adopter une telle attitude, à quoi devraient s’attendre les ennemis ?

Le 23 avril, une nouvelle est arrivée de Genève. Les dirigeants de cinq agences humanitaires de l’ONU ont affirmé que sur les 6,5 milliards de dollars, demandés l’année dernière pour l’aide humanitaire destinée à la Syrie, seulement 1,2 milliard a été reçu.

Le flux de réfugiés de Syrie vers les pays voisins continue à croître. Les réfugiés fuient principalement vers l’Egypte, l’Irak et la Turquie. L’Egypte, qui a accueilli l’année dernière 130.000 réfugiés syriens, a reçu moins de la moitié des 66 millions de dollars demandés à l’ONU. L’Irak, avec 205.000 réfugiés déjà arrivés dans le pays et 400.000 réfugiés qui devraient arriver cette année, n’a reçu que 150 millions de dollars d’aide humanitaire au lieu de 311 millions demandés. Quant à la Turquie avec son demi-million de réfugiés syriens, ayant reçu 137 millions de dollars sur les 372 millions demandés, elle était obligée de débloquer une aide d’urgence de ses propres fonds à la hauteur d’un milliard de dollars. Et cette année, le pays devrait accueillir près d’un million de réfugiés supplémentaires.

S'il n'y a pas d'argent pour l’aide humanitaire, faudrait-il aggraver la situation en Syrie ?

En luttant contre les régimes politiques, certains pays sont prêts à continuer à faire souffrir des personnes innocentes. Ainsi, récemment, les Etats-Unis sont revenus au plan, proposé l’année dernière par le général David Petraeus. Il propose de fournir des armes modernes à l’opposition syrienne et fermer l’espace aérien au-dessus du pays pour l’aviation gouvernementale. Il est évident que cela ne fera que prolonger le conflit et augmenter le nombre de réfugiés, augmentant également l’ampleur de la catastrophe humanitaire.

Les positions des entreprises qui s’enrichissent grâce aux conflits, et également grâce aux moyens mis en œuvre pour les résoudre, resteront imperturbables. Peut-être que c’est en cela que réside l’objectif des « guerres sans fin » et des problèmes d’impuissance humanitaire ?

( Voix de la Russie)