Le religieux égyptien pro saoudien Cheikh Yasser Borhami s’est fait remarquer par son animosité à l’encontre de l’Iran et sa tolérance à l’égard d’Israël.
Un prédicateur salafiste égyptien pro saoudien a soulevé un tollé en Egypte en lançant une fatwa (décret religieux) qui recommande à l’homme de laisser violer son épouse, si son intervention lui coute sa vie.
« La fatwa dit que l’époux se doit de résister à l’acte de viol contre son épouse, tant qu’il peut le faire. Faute de quoi si le mari sait qu’il risque d’être tué en défendant son épouse, il lui est permis légalement de ne pas la défendre », a dit dans un entretien télévisé Yasser Bourhami, le vice-président de la Prédication Salafiste. Selon lui, la préservation de la vie prime à la sauvegarde de l’honneur.
Les commentaires de rejet à cette position ont fusé de partout.
De la part de l’institution religieuse d’abord, et du ministère du legs (Waqf) en particulier. « Chaque musulman se doit de sauvegarder son honneur même au prix de sa vie ou de sa liberté. Le fait de se sacrifier pour préserver l’honneur de sa femme est devoir religieux », a rectifié le directeur général des recherches de la prédication de ce ministère, D. Assaïd Mohammad Ali. Et d’ajouter : « Si l’époux est tué alors qu’il défend l’honneur de sa femme, Dieu lui accordera une place privilégiée au paradis, en fonction du hadith (citation prophétique) sur celui meurt pour son honneur ».
Et Assaïd d’assurer que la fatwa de Barhami n’a aucune assise dans la législation islamique.
Même position de la part du professeur en sciences politiques Seïf Abdel-Fattah qui a étayé sa position en rapportant le hadith prophétique en question en entier : « Celui qui meurt pour défendre sa terre est un martyr. Celui qui meurt pour défendre son honneur est un martyr. Celui qui meurt pour défendre ses biens est un martyr ».
Alors que le prédicateur Fadel Sleimane a commenté en disant : « les propos de Borhami et compagnie sont des opiums de la raison et je mets en garde de les écouter, pas même par curiosité ».
Selon Ali al-Gharbaoui, « les musulmans sont éprouvés par la présence de religieux de seconde main qui ne font que déformer et manipuler la religion en raison de leur stupidité, de leur ignorance et de leur élucubration ».
Quant à la journaliste égyptienne Fatima Naout, elle a lancé avec sarcasme : « Quels hommes toi et ceux qui te suivent. Que dieu nous préserve de la bassesse de vos idées ».
Pour sa part le militant égyptien Takadom al-Khatib a qualifié Borhami de « paumé aussi bien en religion qu’en politique ».
Cheikh Barhami s’est fait remarquer par ses positions politiques durant la crise égyptienne. Il était farouchement hostile à l’ancien président égyptien, Mohammad Morsi et en faveur du candidat actuel et ancien ministre de la défense, le général Ahmad Sissi. Il avait même soutenu la répression par la force du sit-in de Rabea, contre les manifestants des Frères Musulmans.
Etant très proche de l’Arabie Saoudite, il était très hostile à un rapprochement de son pays avec l’Iran, au motif de « ses tentatives de propager son école (le chiisme) au dépens de la législation tolérante suivie en Egypte », et assurant que ces relations seraient rétablies lorsque « la pression Safawi sur l’Iran aura cessé », d’après ses termes. Borhami a souvent lancé sa diatribe contre le chiisme le qualifiant « bien plus dangereux que le judaïsme ».
Justement, concernant l’ennemi sioniste, « ce n’est pas le moment de réclamer de changer le traité de paix avec lui car ce n’est pas le moment ». Il s’est contenté de dire au motif que « notre situation avec Israël est héritée des régimes passées ».
Selon le site d’information égyptien « Suez Baladi », ce religieux salafiste voyage incessamment en Arabie saoudite. Durant les six derniers mois, il s’y est rendu 17 fois et son prétexte ostensible est qu’il effectuait le pèlerinage non obligatoire (omra).
Selon le journal al-Fajr, cette mouvance y obtient une assistance financière généreuse de la part la caste religieuse wahhabite, sans compter que tous ses livres sont imprimés en Arabie.
Borhami serait actuellement le médiateur entre l’actuel gouvernement égyptien et les dons saoudiens.