"Vous avez vendu le sang des martyrs" de la révolution de janvier 2011, a hurlé l’un des députés.
Les débats sur la loi électorale en Tunisie ont dû être interrompus mercredi soir après le tollé provoqué au Parlement par le rejet d'un article interdisant aux figures du parti du président déchu Ben Ali de se présenter aux législatives.
Le projet d'article 167 interdit à toute personne ayant occupé un poste à responsabilité au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, aujourd'hui dissous) ainsi que dans le gouvernement de Zine El Abidine Ben Ali de se porter candidate au scrutin, censé se tenir d'ici la fin de l'année.
Les responsables gouvernementaux n'ayant pas eu leur carte au RCD n'étaient pas concernés par cette interdiction.
Il fallait 109 voix pour que l'article soit adopté mais il n'en a recueilli que 108.
Des cris ont accueilli l'affichage des résultats. Tandis que des élus entonnaient l'hymne national, d'autres criaient leur colère.
"Vous avez vendu le sang des martyrs" de la révolution de janvier 2011, a hurlé l'un des députés, tandis qu'une autre lançait: "RCD dégage!".
Face à l'agitation, le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, a dû lever la séance.
L'Assemblée a commencé le 18 avril le vote article par article de la future loi électorale, indispensable à la tenue d'élections législatives et présidentielle avant fin 2014 et dont l'examen a pris un retard important.
Certains anciens responsables du régime de Ben Ali occupent encore des fonctions-clés au sein de partis et même d'institutions.
Plus de trois ans après la révolution, le système de justice dite "transitionnelle", devant permettre de passer en revue l'ensemble des crimes commis par le régime déchu et ses dirigeants, n'a pas encore été mis en place.