Depuis juillet, les attaques contre les forces de sécurité ont fait quelque 500 morts.
Trois attentats ont tué un soldat et un policier vendredi en Egypte, à la veille de l'ouverture de la campagne pour la présidentielle que l'ex-chef de l'armée, artisan de la chute du président islamiste Mohamed Morsi, est sûr de remporter.
Les forces de l'ordre sont la cible d'une vague d'attentats revendiqués par des groupes jihadistes disant agir en représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans de M. Morsi depuis sa destitution et son arrestation par l'armée en juillet 2013.
Dans la péninsule du Sinaï (est), bastion de ces groupes d'insurgés, un kamikaze a fait exploser sa bombe à un poste de contrôle de la police et de l'armée à Al-Tour, chef-lieu de la province du Sud-Sinaï, à une centaine de kilomètres des stations balnéaires de la Mer Rouge, dont l'emblématique Charm-el-Cheikh.
Un soldat a été tué et six policiers blessés. Selon un porte-parole militaire, l'assaillant habillé en bédouin s'est approché du point de contrôle et a demandé des renseignements avant de faire exploser sa bombe lorsque les policiers l'ont sommé de partir.
Quasiment au même moment, cinq ouvriers égyptiens ont été blessés par un autre attentat suicide contre un bus sur une route voisine, selon le ministère de l'Intérieur.
Un peu plus tard au Caire, un engin explosif caché dans un feu de signalisation a tué un policier et en a blessé quatre autres, dont un officier, selon le ministère.
Depuis juillet, les attaques contre les forces de sécurité ont fait quelque 500 morts, assure le gouvernement intérimaire mis en place le 3 juillet par le général Abdel Fattah al-Sissi juste après l'annonce de l'arrestation de M. Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement.
Devenu maréchal, puis candidat à l'élection présidentielle des 26 et 27 mai, M. Sissi est le véritable homme fort de l'Egypte et jouit d'une très grande popularité au sein d'une population excédée par trois années de chaos depuis la révolte qui a provoqué la chute du régime de Hosni Moubarak début 2011.
Quelques jours avant la destitution de M. Morsi, des millions d'Egyptiens étaient descendus dans la rue pour réclamer le départ d'un chef de l'Etat accusé de mal gouverner et de vouloir accaparer tous les pouvoirs au profit de sa confrérie islamiste, les Frères musulmans.
Répression populaire
Depuis le coup de force des militaires, soldats et policiers ont tué plus de 1.400 manifestants pro-Morsi, et plus de 15.000 de ses partisans ont été emprisonnés, selon des ONG.
De plus, des tribunaux ont récemment prononcé de manière expéditive des centaines de peines de mort contre des islamistes présumés dans ce que l'ONU a dénoncé comme des "procès de masse sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
Et même si les attentats contre les forces de l'ordre ont été revendiqués par des mouvements jihadistes, le gouvernement considère les Frères musulmans, vainqueurs de toutes les élections depuis début 2011, comme responsables de ces attaques et a décrété la confrérie "organisation terroriste".
Lors d'affrontements vendredi entre partisans et rivaux de M. Morsi près d'Alexandrie (nord), une personne a été tuée et cinq autres blessées, a indiqué un responsable de la sécurité. Douze personnes impliquées dans ces violences ont été arrêtées.
Fort de la popularité de cette répression au sein d'une très grande partie de la population inquiète, il y a un an, de voir les Frères musulmans tenter d'islamiser à marche forcée la société égyptienne, M. Sissi est quasiment certain d'emporter haut la main la présidentielle des 26 et 27 mai, selon les experts et diplomates unanimes.
D'autant qu'un seul autre candidat ose le défier, Hamdeen Sabbahi, une vieille figure de la gauche laïque égyptienne.
Mais après les islamistes, le pouvoir intérimaire s'en est pris aussi à la contestation libérale et laïque inquiète d'un retour en force des militaires au sommet de l'Etat.
L'interdiction à l'automne de toute manifestation qui ne serait pas autorisée par le ministère de l'Intérieur, puis l'arrestation et la condamnation de jeunes leaders laïques de la révolte de 2011, fait redouter dans les capitales occidentales et dans les organisations de défense des droits de l'Homme l'avènement d'un régime plus autoritaire que celui de Moubarak.