A Homs, les clauses de l’accord sont en train d’entrer en vigueur. A Deir Ezzor, les habitants fuient les combats fratricides entre les deux rivales d’Al-Qaïda.
L'armée syrienne a effectué dimanche une importante percée à Mliha, une localité stratégique au sud-est de Damas, a affirmé à l'AFP une source au sein des services de sécurité dans la capitale syrienne.
"Plus de la moitié de la ville est sous le contrôle de l'armée, qui est arrivée jusqu'au siège de la municipalité. Tous les vergers et les routes menant à la localité sont aux mains de l'armée ainsi que le sud, l'ouest et le sud-est", a indiqué ce responsable, cité par l’AFP.Selon le site d’information syrien, al-Hadath News, l’armée contrôle désormais le site de la plus grande usine pharmaceutique en Syrie, Tamyco. Il avait été détruit depuis quelques jours et ses images ont été mises en ligne par la milice pro saoudienne Front islamique.
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé cette avance.
"Les forces du régime ont atteint le centre de la ville et le Hezbollah (libanais) joue le principale rôle dans la bataille", a déclaré son directeur Rami Abdel Rahmane.
Située près de la route de l'aéroport international de Damas, Mliha a été bombardée et assiégée depuis des mois. Ces 36 dernières heures ont permis de pénétrer ses trois axes : celui des usines, celui du sud du côté de la localité de Chebaa et celui de l’ouest en direction du cœur de la Ghouta orientale.
"Sa prise est très importante pour sécuriser Jaramana, une localité à majorité chrétienne et druze contrôlée par le régime", souligne M. Abdel Rahmane.
Jaramana a fait l’objet d’innombrables attentats-suicide à la voiture piégée revendiqué dans leur majeure partie par le front al-Nosra d’Al-Qaïda qui combat aux côtés du Front islamique.
Selon l’AFP, cette avancée est importante dans l'offensive de l'armée pour reprendre le contrôle de la Ghouta orientale, une région arboricole à l'est de la capitale où les rebelles sont bien implantés. Elle devrait aussi permettre aux forces gouvernementales de se diriger vers Douma, le fief des rebelles.
Les miliciens ont pris la fuite en direction de la région de Zabadaneh , via la route du nord.
Alep: à un km de la prison
L'armée avait fait encore état samedi d'avancées face aux insurgés dans la province de Alep et surtout dans l’entourage de la prison centrale d’Alep assiégée par les miliciens depuis un an à peu près. Surtout depuis que l’armée régulière a repris la colline de Boureij, ce qui a permis de contrôler les entrées de la cité industrielle cheikh Najjar et ente autre celles menant à la prison.
Selon al-Hadath News, la bataille se situe actuellement dans le dernier carré sécuritaire de la prison.
« Al Boreij est une ville stratégique en raison de nombreux ateliers et usines qu'elle abrite. Ces usines qui faisaient tourner il y a trois ans l'industrie syrienne se sont transformées en usines ont sont fabrique des bombes et de munitions. Après la chute de Al Boreij, les soldats de l'armée nationale juxtaposent la prison centrale, encerclée depuis 2 ans par les takfiris et veulent en libérer les prisonniers qaidistes » a décrit le correspondant de la chaine de télévision iranienne arabophone Al-Alam et qui a dit avoir contacté pour la première fois l'un des officiers de la prison.
Une source d l’opposition syrienne a confié pour le journal libanais al-akhbar que de mauvaises nouvelles l’attendent sur le front de la prison centrale et que de nombreuses milices ont entamé leur retrait.
S'agissant de la situation sur le terrain, l'agence Asia News a rapporté que l'aviation syrienne a détruit le siège d'une brigade de la milice des Frères Mususlmans, "Brigade AHmad Hajji" , situé dans la localité Maree au nord d'Alep.
Homs : Les miliciens se rendent
A Homs, ou un accord entre l’armée régulière et les milices a mis fin au conflit, quelque 820 terroristes selon al-Alam ont remis leurs armes aux instances concernées avant de se rendre à l'armée syrienne, a annoncé Talal al-Bazazi le gouverneur de Homs.
Dans les prochains jours, dans la vieille ville de Homs, de plus en plus de terroristes se rendront, a-t-il ajouté. Nous serons également témoins du retour des habitants de cette ville.
Ce dimanche, 50 miliciens du quartier Waer se sont également rendus, selon le correspondant d’al-Manar.
Les termes de l’accord
En fonction de l’accord, un passage sécurisé devrait s’ouvrir vers les deux localités chiites du nord d’Alep, Noubbol et Zahra. Ce dimanche, rapporte l’agence iranienne Irib, des convois d'aides humanitaires composées de denrées alimentaires et de médicaments sont arrivés dans les cités.
Quant aux autres miliciens, ils pourront évacuer à partir de lundi 5 mai les vieux quartiers Hamidiyyé, Karabiss, Wadi-Siyyah en direction de la province nord de Homs, dont Talbisseh, Rasten ... Ils n’ont été autorisés qu’à emporter avec eux leurs armes individuelles seulement.
Selon l’AFP, les miliciens et leurs familles pourront aussi emporter leurs affaires personnelles dans des valises et seront transportés vers le nord de la province dans des bus aux vitres teintées, escortés par des policiers.
"Un seul lance-grenade est autorisé par bus et un représentant de l'ONU et un autre de l'ambassade d'Iran seront présents comme garants dans chaque bus", selon le texte.
"Les blessés, s'ils sont d'accord, seront transportés dans des ambulances du Croissant rouge syrien. Les combattants devront remettre avant de partir la cartes des mines qu'ils ont posées", ajoute l'accord.
Selon le chroniqueur du site AlManar, Nidal Hémadé, c’est la question des armes qui a été la principale pomme de discorde durant les négociations. Les insurgés voulant prendre avec eux leurs armements lourds, et l’armée rejetant catégoriquement une telle éventualité.
Entre 700 et 900 miliciens appartiennent à la milice d’Al-Qaïda, l’Etat islamique en Irak et au Levant, un nombre indéterminé à sa rivale le front al-Nosra et les autres sont les restes de la légendaire milice de l’Armée syrienne libre, Brigade al-Farouk, avance-t-il.
« Ils n’avaient pas beaucoup de choix : soit respecter les clauses de l’accord, soit mourir de faim » explique Hémadé, selon lequel les miliciens ont refusé de se rendre à Talbisseh et Rasten , surtout que leurs camarades d’armes du front al-Nosra avaient refusé de leur porter assistance.
Selon l’AFP, l’accord concerne aussi la libération de 70 prisonniers libanais et iraniens détenus par des rebelles islamistes à Alep (nord). C’est la première clause de l’accord à appliquer, suivie de celle de Noubbol et Zahra avant que la partie syrienne ne respecte sa part.
"Un accord est intervenu entre les représentants des rebelles et des chefs des services de sécurité, en présence de l'ambassadeur d'Iran, pour le retrait des insurgés de la Vieille ville", a affirmé Aboul Hareth, joint via internet.
"La discussion porte maintenant sur son application", a-t-il précisé.
L'accord concerne également les civils qui s'y trouvent et les blessés, soit au total 2.250 personnes, selon le texte.
La sécurisation de Homs permettra de rétablir la continuité des voies d’approvisionnement de l’armée syrienne et contribue inversement à découper celles des milices. Sachant que ce gouvernorat se trouve au centre de la Syrie.
Deraa : le Nosra enlève un chef de milice
A Deraa, au sud de la Syrie, le Front al-Nosra a enlevé un chef de milice dans sa province méridionale.
"Le Front al-Nosra a arrêté la nuit dernière le chef du Conseil militaire de Deraa, le capitaine Ahmad Naamé, ainsi que cinq autres commandants de factions rebelles", a annoncé l'OSDH.
Les militants ont annoncé sa capture, alors que les forces rebelles progressent dans la région, où le Front al-Nosra a une présence limitée.
Ahmad Naamé était arrivé la semaine dernière à Deraa, venant de Jordanie, pour tenter d'unifier les brigades rebelles
Dans vidéo postée la semaine dernière, et distribuée par l'OSDH, il affirme: "Qui va gouverner la Syrie? Pas les extrémistes qui décapitent des personnes... Non, ce sera l'Armée syrienne libre (ASL) qui est bien organisée et qui croit en la démocratie, aux règles démocratiques et dans un Etat civil".
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane a indiqué à l'AFP que c'est cette vidéo qui est la cause de son arrestation.
Mais certains militants de Deraa accusent Ahmad Naamé de chercher à prendre le pouvoir.
Selon l’AFP, une coalition de rebelles modérés a été formée il y a deux mois regroupant plus de 30.000 combattants de 55 brigades rebelles et baptisée "le Front du Sud", selon Ibrahim al-Jabawi, de l'organisation syrienne des médias.
Selon lui, les groupes affiliés à Al-Qaïda, notamment le Front al-Nosra, et les jihadistes de l'EIIL n'avaient pas leur place parmi eux.
Deir Ezzor : 60.000 personnes ont fui
A Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie , ces deux frères ennemis se livrent une bataille sans merci
Plus de 60.000 personnes ont fui ces derniers jours ses villes théâtre d'intenses combats.
Les combats se sont intensifiés samedi en dépit d'un appel du chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahri à l'arrêt des hostilités, informe l’AFP.
« Les habitants des localités de Bussayra (35.000 personnes), d'Abriha (12.000) et d'al Zir (15.000) ont été déplacés par les combats dans ces secteurs », a indiqué l'OSDH.
Selon cette ONG, les combattants d'al-Nosra ont brûlé plusieurs maisons à Bussayra, tandis que l'EIIL a fait de même à Abriha.
En quatre jours de combats, 62 combattants des deux groupes ont été tués, a ajouté l'OSDH.
D'après l'ONG, des centaines de déplacés ont réussi à gagner la Turquie. Une vaste majorité d'entre eux ont cherché à se réfugier dans les zones échappant au contrôle du pouvoir, dans d'autres secteurs de la province de Deir Ezzor.
Dans l’après-midi de ce dimanche, le front al-Nosra a dit vouloir respecter les injonctions de Zawahiri, soulignant qu’elle n’ouvrira pas la feu contre l’EIIL, mais se contentera de riposter à ses attaques.