Le succès de l’Iran en matière de la lutte contre le trafic de drogue devrait servir d’exemple pour les autres pays qui sont victimes de ce genre de fléau.
Une tonne de stupéfiants a été confisquée par les autorités iraniennes pendant seulement le mois de mars de cette année. En renforçant sa frontière avec l’Afghanistan et le Pakistan, l’Iran lutte de plus en plus activement contre le trafic de drogue qui passe à travers son territoire.
La République islamique d’Iran est aujourd’hui le champion du monde en termes de lutte contre le trafic de drogue. Et dans ce domaine, Téhéran a une longueur d’avance évidente sur ses voisins. Compte tenu de ces circonstances, une coopération régionale en matière de lutte contre le trafic de drogue, est-elle possible ?
C’est par le territoire d’Iran que passe le trafic de drogue depuis l’Afghanistan vers la Russie et l’Europe. Les drogues à base d’opium, principalement l’héroïne, sont fabriquées en Afghanistan, et transitant par le territoire d’Iran, elles sont ensuite acheminées vers le Nord du pays, transitant par le Caucase, pour arriver dans le Sud de la partie européenne de Russie. Une autre route, passant par les ports iraniens permet d’acheminer les stupéfiants en Turquie et en Europe. En outre, une quantité importante d'héroïne est consommée en Iran.
L’année dernière, la surface des cultures de pavot en Afghanistan a augmenté pour atteindre 209.000 hectares, l’équivalent d’une production estimée à 5,5 tonnes. C’est pourquoi le trafic de stupéfiants a sensiblement augmenté en Iran.
Selon le récent rapport de l'ONU, l'Iran occupe la première place en matière de lutte contre le trafic de drogue sur son territoire. Ainsi, à la différence de la plupart d’autres pays, où entre 3% et 10% de la drogue est confisquée par les autorités, ce taux est augmenté jusqu’à 33% en République islamique. C’est en Iran que 80% d’opium et 40% de morphine dans le monde est confisquée. Au cours des cinq dernières années, 600 tonnes de drogue en moyenne ont été saisis chaque année par les autorités compétentes en Iran, dont 75% représentaient l’héroïne et l’opium. La police iranienne mène une véritable guerre contre les trafiquants de drogue. Elle a tué plus de 4000 policiers et blessé 12.00 au cours de ces dernières 10 années.
Et les autorités iraniennes ne se laissent pas faire. Elles sont prêtes à prendre des mesures extrêmes. Les trafiquants de drogue peuvent être même condamnés à une peine de mort pour leurs crimes. Ils sont pendus publiquement en vertu des verdicts des tribunaux sur des grues face aux frontières afghane et pakistanaise. Il est également intéressant de noter que 70% des détenus dans les prisons iraniennes sont condamnés dans des affaires liées au trafic de drogue.
Vu l’importance de la lutte contre le trafic des stupéfiants dans le pays, toutes les affaires qui sont liées avec cette activité, relèvent de la compétence des tribunaux du Corps des gardiens de la révolution islamique.
La lutte contre la drogue est une priorité du programme national qui coûte cher à Téhéran. Chaque année le pays dépense plus de 800 millions de dollars sur ce programme, alors que les organisations internationales débloquent pour lui une aide symbolique à la hauteur de 15 millions de dollars.
Les autorités iraniennes dépensent des fonds considérables sur l’équipement de la zone frontalière de l’Iran avec l’Afghanistan et le Pakistan. Au cours de ces dernières années, plus de 700 km de tranchées y ont été creusées, d’importantes fortifications frontalières ont été construites, y compris des barrières, des barbelés et des clôtures en béton. Des milliers d’employés des services de sécurité iraniens ont été transférés dans cette zone, ainsi que des employés des forces de l’ordre. Toutes ces mesures ont permis de diminuer le trafic d’héroïne afghan à travers le territoire iranien.
Sur les 300 kilomètres partie de la frontière qui le sépare avec le Pakistan, l’Iran a entamé la construction de 120 tours de contrôle. Cela a été fait afin de « renforcer la sécurité dans la partie orientale de la frontière », menacée par militants du groupe radical Joundallah («Soldats de Dieu »). Près de 100 % du financement de l'organisation, responsable de la mort des civils et des fonctionnaires d’Etat, est réalisé à l’aide du trafic de drogue à la frontière entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran.
Cela ne fait aucun doute que Téhéran joue un rôle très important dans la lutte contre le trafic de drogue depuis l’Afghanistan et le Pakistan.
« Téhéran a créé la plus grande base de données de la région sur le trafic de drogue et partage volontiers les informations de cette base avec une quarantaine de pays », explique la politologue et spécialiste du Moyen-Orient Irina Fedorova. « Le succès de l’Iran en matière de la lutte contre le trafic de drogue devrait servir d’exemple pour les autres pays qui sont victimes de ce genre de fléaux. Evidemment, ce n’est pas une obligation de montrer les trafiquants de drogue pendus au pays voisin, d’où le trafic provient. Mais les méthodes iraniennes de lutte contre le trafic de drogue sont tout à fait exemplaires. »
L’activité de l'Iran en matière de lutte contre le trafic de drogue pourrait dépasser le cadre de ce problème particulier et devenir un facteur politique. Par conséquent, la solidarité internationale avec l'Iran sur cette question pourrait ouvrir la voie à l’élargissement de la coopération avec ce pays, également dans d'autres domaines.