26-11-2024 07:40 AM Jerusalem Timing

L’Europe s’adapte au maintien de Bachar Assad au pouvoir!

L’Europe s’adapte au maintien de Bachar Assad au pouvoir!

Les Occidentaux sont déçus de la tournure des événements en Syrie.

La réélection du président syrien Bachar el-Assad est devenue une réalité à laquelle s’adaptent de plus en plus les Européens. Moscou et Téhéran sont plus que jamais attaché au président Assad, alors que la montée du terrorisme, les échecs de l’opposition syrienne et les développements sur le terrain ont dissipé tout espoir européen de changement du régime dans ce pays. Pendant ce temps, les menaces d’ouvrir « un front au Sud » ont perdu toute valeur après le rejet d’Amman d’une telle éventualité.

Le journaliste Sami Kleib rapporte dans un article publié dans le quotidien libanais al-Akhbar la teneur d’une rencontre avec un responsable européen au sujet de la crise en Syrie. Sous couvert de l’anonymat, ce responsable réagit à l’idée du maintien du président Assad au pouvoir : « Que voulez-vous qu’on fasse de plus ? Nous avons fait tout ce qui est possible, mais la situation a changé et elle se complique de plus en plus avec la crise ukrainienne. Le front de Damas,  Beyrouth, Téhéran à Kiev… est devenu unique ».


-    La guerre allait-elle se poursuivre ?
« Peut-être, nous sommes vraiment devant une impasse. Certes, Assad allait se porter candidat et restera au pouvoir, mais sans doute il ne pourra pas gouverner la Syrie comme par le passé. Le peuple est contre lui.


-    Avez-vous sondé l’opinion publique ?
Telle est la logique des choses.

C’est ce même responsable qui "m'avait dit" début 2012 que le président syrien « partira sans doute, et que son départ est une question de quelques mois, voire de quelques semaines », écrit le journaliste, avant de rapporter la suite des propos de ce diplomate : « Oui, nous n’avons pas pu réaliser cet objectif. Que voulez-vous qu’on fasse avec monsieur Vladimir Poutine et de ses amis chinois ?  ils ont entravé toutes les résolutions internationales contre le régime syrien. Que devons-nous faire avec l’opposition disloquée qui n’a produit ni projet ni dirigeant charismatique ? Au contraire, les groupes de l’opposition se sont entretués. Que ferons-nous avec le terrorisme ? Assad a réussi à mener la bataille là où il désire. Assad jouit du soutien de Poutine, de l’Iran, de l’Irak de Nouri Maliki, des combattants du Hezbollah…et peut-être d’autres. Certains arabes agissent contrairement à ce qu’ils nous disent ».

Il est donc clair que les Européens semblent de plus en plus adaptés à l’idée du retour du président Assad pour un troisième mandat. Des informations sûres révèlent que des concertations américano-européennes ont eu lieu il y a quelques semaines au sujet des élections syriennes. Un responsable américain a dit à ses homologues occidentaux : « Nous avons proposé aux Iraniens et aux russes, à l’époque des préparatifs à la conférence de Genève-2, de maintenir Assad à son poste sans tenir des élections. La réponse de Moscou et de Téhéran était claire : Bachar Assad, comme tout autre citoyen syrien, a le droit de se porter candidat, et il est donc préférable de laisser le peuple syrien se décider ».


Un responsable européen explique : « Moscou soutien la candidature d’Assad parce qu’elle ne voit pas d’autre alternative. Au début de la crise syrienne, la direction syrienne semblait plus apte à débattre de plusieurs options politiques, dont l’avenir du président Assad. Tout a changé à Genève. Il s’est avéré que Poutine est devenu plus attaché à Assad.

"Les Russes nous ont clairement dit : Ne vous vous figurez pas qu’il existe de différence entre le régime et Assad, ou entre l’armée et Assad. Actuellement, le président est le symbole de ces deux institutions. Nous avons proposé de maintenir l’armée syrienne dans sa force et de choisir une autre personne alaouite pour remplacer Assad, sans effectuer de changement radical dans la structure du régime. La réponse des Russes était intransigeante : Pas d’alternative à Assad, et il se peut qu’il n’y ait pas de remplaçant dans l’avenir proche. Il est dans l’intérêt de tous, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme d’amoindrir les pressions militaires imposées sur l’armée et le régime en Syrie ».

Et ce responsable d’ajouter : ‘Les Saoudiens et certains arabes nous ont dit qu’il est possible de briser l’équilibre militaire via les fronts du Sud et du Nord, et qu’ils garantissent l’arrivée des armes létales aux mains de l’opposition modérée. Nous avons découvert plus tard que personne n’est capable d’empêcher que des armes létales ne tombent dans les mains des terroristes qui  contrôlent l’opposition.

"De plus, la Jordanie nous a dit que l’ouverture du front de Derra au sud de la Syrie est inacceptable, parce que les répercussions de cette mesure est dangereuse pour la Jordanie. Des rapports de renseignements confirment que les terroristes n’obéissent plus à une quelconque partie. Ils sont devenus des groupes indépendants qui ne se soumettent à aucune influence. De plus, les mafias des armes, de la contrebande et des dirigeants de guerre se sont multipliés. La situation s’est beaucoup compliquée, alors que l’armée syrienne et ses alliés, le Hezbollah, les combattants irakiens et iraniens, avancent sur plus d’un front. La situation a tellement pris une tournure compliquée et difficile que les Américains refusent d’entendre quelqu’un parler d’une amélioration de la qualité des armes fournies à l’opposition".


-    Et alors ?
La plupart des responsables européens confirment que la guerre se prolongera. D’autres évoquent un feu vert donné à l’armée syrienne pour éliminer les terroristes, alors que le niveau de la coopération augmente de plus en plus suite au démantèlement de cellules terroristes sur les territoires européens.  

                                    
Damas et la présidentielle libanaise

Certes, le changement du climat en faveur de la direction syrienne ne signifie pas une ouverture politique directe aux autorités à Damas. Il est donc nécessaire de continuer à échanger certaines pressions politiques, telle que la situation  au Liban.  Un ambassadeur d’un pays hostile aux autorités syriennes affirme qu’il est impossible qu’un candidat hostile à la Syrie puisse occuper le poste de la présidence au Liban. Il est difficile d’élire un président au Liban sans se concerter avec la direction syrienne et ses alliés. Face à ce constat, des canaux de communication ont été ouverts entre Téhéran et Riyad, loin des médias. Mais ces concertations n’ont pas encore porté leur fruit. La France n’est pas enthousiaste à l’élection du général Michel Aoun », indique l’ambassadeur européen qui affiche des craintes quant à la non tenue de la présidentielle libanaise avant les élections syriennes.

Bref, le lien est fort entre les dossiers syrien, iranien, libanais et ukrainien. Ceci signifie que la guerre en Syrie deviendra plus violente encore et que les autorités syriennes iront plus rapidement dans leur bataille militaire, sur fonds du soutien de la Russie. De plus, ceci signifie encore que le danger grandira contre le président Assad, même si d’aucuns affirment qu’il est hors question de l’assassiner à cause des répercussions dangereuses d’un tel acte sur le plan interne, surtout qu’il est devenu une ligne rouge pour l’Iran et la Russie.

Traduit du site al-Akhbar