Environ 600 sociétés étrangères participent à la 19e Foire de Téhéran consacrée au pétrole et au gaz.
L'Iran a âprement défendu mardi la capacité de ses entreprises à relancer la production de pétrole, assurant que les sociétés étrangères joueraient surtout un rôle subalterne en cas de levée des sanctions internationales.
L'Iran possède d'énormes réserves d'or noir et de gaz mais cette industrie, vitale pour l'économie, a été frappée depuis 2012 par un embargo américain et européen sur les secteurs énergétique et bancaire.
Les grandes compagnies internationales ont quitté le pays après l'imposition de ces sanctions décrétées sous prétexte d'enrayer le programme nucléaire de Téhéran. Mais depuis la signature en novembre d'un accord de six mois entre les 5+1 et l'Iran, et la levée de certaines sanctions, les groupes pétroliers entendent revenir sur le marché.
Signe de cet intérêt, environ 600 sociétés étrangères participent à la 19e Foire de Téhéran consacrée au pétrole et au gaz, qui s'est ouverte mardi pour quatre jours. Dans son discours d'ouverture, le ministre du Pétrole Bijan Zanganeh a pourtant mis l'accent sur "l'économie de résistance" prônée par le gouvernement et qui prévoit de donner la priorité aux entreprises nationales, tout en assurant qu'elle ne signifiait pas un isolement international.
"Nous sommes prêts à passer des contrats avec des sociétés iraniennes" même si la République islamique reste "ouverte sur l'extérieur", a-t-il dit. Mais selon la traduction en anglais, suivie par la majorité des représentants de sociétés étrangères, de certains passages de son discours, il a été plus direct. "Nous pouvons travailler même sous les sanctions.
Nous l'avons déjà prouvé. Il n'y a pas besoin d'attendre les étrangers", a-t-il dit, cité par l'interprète. L'Iran a d'ailleurs récemment annoncé l'annulation d'un important contrat avec une société chinoise en raison du retard pris dans le développement d'un champ de pétrole.
Dans le cadre de l'accord conclu avec le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), Téhéran a été autorisé à maintenir son niveau d'exportation de brut, soit environ 1,2 million de barils par jour (mbj).
Et l'Iran souhaite augmenter sa capacité de production d'1 mbj dans les champs pétroliers partagés avec les pays voisins en moins de quatre ans.
Selon le ministre iranien, ces projets de développement ont été établis "dans une situation où les sanctions ne sont pas levées"."Si elles sont levées, cela rendra notre tâche encore plus facile", a-t-il dit.
Ali Mojoudi, directeur général de Behtam Oil, ancien partenaire local du français Total, s'est réjoui de l'atmosphère positive qui règne cette année à la foire. "L'an dernier, Total a dû quitter l'Iran en raison des pressions américaines", a-t-il dit à l'AFP, espérant un retour prochain du groupe pétrolier si les négociations nucléaires aboutissent.
L'Iran et le 5+1 se retrouvent la semaine prochaine à Vienne pour de nouvelles discussions afin de parvenir à un accord global d'ici le 20 juillet.
M. Zanganeh, comme le président Hassan Rohani, ont assuré ces derniers mois que le pays avait besoin des investissements et des transferts de technologie des grands groupes pétroliers.
Selon Nezhat Mahbod, responsable de la société Asia Instruments, les compagnies étrangères ne devraient pas espérer plus, alors que l'Iran possède les quatrièmes réserves de brut mondiales et les deuxièmes réserves de gaz après la Russie. "Le marché énergétique de l'Iran est énorme", a expliqué à l'AFP Hatef Haeri, le directeur du cabinet d'experts pétroliers ICG group.
"Le plan quinquennal prévoit 150 milliards de dollars d'investissements, dont une partie doit venir de l'étranger", a-t-il rappelé.
Il rappelle que dans son discours, M. Zanganeh a souligné les meilleures conditions offertes aux sociétés internationales dans les contrats à venir. "Le ministre a dit que là où la technologie (étrangère) est nécessaire, il y a un espace de coopération", a commenté l'expert.