Bras de fer militaire américano-russe..
La défense antiaérienne tactique de l'armée américaine et de ses alliés est basée sur le système sol-air Patriot. Côté russe, les missiles S-400 protègent le ciel dans la région de Moscou, en Extrême-Orient, dans la région baltique et au sud de la Russie. La comparaison de ces deux systèmes n'est pas à l'avantage de l'Amérique, écrit mardi 6 mai le quotidien Rossiïskaïa gazeta.
Ces systèmes ont deux missions primaires : la première est de protéger les sites stratégiques - radars de défense antiaérienne, batteries de missiles, états-majors et régions industrielles - des attaques aériennes ; la seconde d'intercepter et d'éliminer les ogives de missiles. Le Patriot et le S-400 sont conçus pour continuer de fonctionner même en cas de contre-mesures de guerre électronique actives – en effet leurs radars sont capable de changer activement la fréquence de travail pour échapper au brouillage.
Les systèmes américain et russe sont dotés d'un radar à commande de phase, ce qui permet à leur antenne immobile de produire le nombre nécessaire d'ondes radios mobiles. En outre, le complexe inclut un poste de contrôle et des moyens de lancement des missiles sol-air.
Les systèmes sont mobiles et peuvent fonctionner de manière autonome ou en recevant des informations de l'extérieur depuis les centres de contrôle de la défense antiaérienne et antimissile, les satellites et les avions de surveillance radar lointaine. Tout complexe S-400 peut tirer sur ordre mais aussi contrôler lui-même un réseau de défense sol-air de plusieurs types – S-400, S-300, Pantsir-S1, Tor-M1 –, prendre le contrôle de dizaines de systèmes de lancement représentant des centaines de missiles.
Sur le Patriot le radar de détection, avec un angle de balayage de 90°, est installé dans la direction d'une éventuelle attaque balistique. Le radar multifonctionnel détecte et identifie les cibles et calcule leurs coordonnées. Au fur et à mesure que les cibles dangereuses approchent de la ligne d'interception, le système se tourne en direction de l'objectif et tire le missile.
Après son lancement, le missile intercepteur MIM-104, 90 kg, est guidé par radar. Selon les caractéristiques techniques officielles, le Patriot est capable d'intercepter des cibles volant jusqu'à 2 500 km/h à 100 km de distance (25 km pour les cibles balistiques) et jusqu'à 25 km d'altitude (11 km pour les cibles balistiques). Le temps de réaction du système est de 15 secondes. Patriot peut traiter à la fois huit cibles et lancer des missiles à une fréquence de 3 secondes.
En dépit de ces conditions parfaites d'interception, le Patriot est peu efficace : en Irak, sur 91 missiles irakiens lancés, 45 ont été détruits par 158 missiles sol-air américains. Dans la majorité des cas le corps du missile irakien était touché, mais pas son ogive. Au final, 28 soldats ont été tués à la base américaine de Dharan.
L'exploitation en conditions réelles a également révélé d'autres lacunes du système américain, notamment la sensibilité des groupes électrogènes à l'encrassement avec du sable, et ses radars se sont avérés sensibles aux perturbations électriques. Des lancements non autorisés ont également eu lieu. Au final, le principal défaut de Patriot reste sa faible portée et l'altitude d'interception de la cible – à moins de 20 et 7 km respectivement du site protégé.
Le "parapluie" déployé par le S-400 au-dessus de sa zone de responsabilité est bien plus grand : 400 km de rayon et d'altitude. D'aspect, le système sol-air fait penser à son prédécesseur, le S-300, pour empêcher l'ennemi de comprendre à quel système il fait face. En revanche, les performances du S-400 dépassent largement tout autre complexe de défense antiaérienne dans le monde - ce n'est pas par hasard qu'il a été baptisé Triumph. La particularité unique du Triumph est que l'on peut y connecter des modules supplémentaires pour améliorer l'efficacité de travail générale aussi bien que contre des cibles d'un type en particulier. Ses hautes performances annoncées par le producteur ont été confirmées au cours des essais et des exercices. Sur le polygone de Kapoustine Iar, le S-400 a neutralisé une cible se déplaçant à 2 800 m/s. Il a également intercepté une autre cible balistique à très grande altitude.
"Il s'agissait d'une cible de classe Kaban de petite taille. L'identifier revient à trouver un crayon dans une motte de foin. Mais nous avons réussi à l'abattre à 16 km d'altitude", a déclaré le général Iouri Soloviev.