La Turquie a envoyé 47 tonnes d’armes aux rebelles depuis juin 2013, révèlent des documents de l’ONU.
La justice turque a inculpé 13 militaires qui avaient intercepté en janvier des camions des services secrets turcs en route pour la Syrie, réclamant pour chacun d'eux la prison à vie, rapportent jeudi les médias turcs.
Les 13 hommes seront prochainement jugés à Adana (sud) où se sont produits les faits, à une date encore indéterminée, et l'acte d'accusation qui les vise requiert la prison à perpétuité, précise l'agence de presse Dogan.
Les suspects sont notamment accusés d'avoir "divulgué des informations d'Etat à des fins politiques ou d'espionnage", selon l'agence.
Des équipes de la gendarmerie, corps d'armée en Turquie, avaient arrêté et fouillé à Adana, ville proche de la frontière syrienne, sept camions sur la foi d'un renseignement reçu selon lequel ils transportaient des armes et des munitions.
Les autorités avaient affirmé que le personnel à bord était constitué de membres de l'agence nationale des renseignements (MIT), en mission officielle.
Les camions sont repartis après leur fouille et le gouvernement, très irrité, a annoncé qu'ils transportaient de l'aide à la minorité turkmène du nord de la Syrie et démenti toute livraison d'armes.
Les militaires qui avaient intercepté les camions ont par la suite été relevés de leurs fonctions.
L'incident intervenait en plein scandale de corruption qui a entaché le gouvernement islamo-conservateur du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan après des révélations faites à la mi-décembre et pour lesquelles le chef du gouvernement a accusé la confrérie du prédicateur Fethullah Gülen d'avoir fabriqué les preuves.
M. Erdogan a procédé à une vaste purge depuis dans la magistrature et la police, instrumentalisées, selon lui, par le mouvement Gülen pour le renverser.
Le pouvoir a en outre fait adopter au Parlement en mars une loi controversée qui confère des pouvoirs accrus au MIT.
La nouvelle législation accorde notamment une impunité judiciaire pour les membres du MIT dans l'exercice de leurs fonctions.
Le gouvernement d'Ankara est un farouche opposant au povoir du président syrien Bachar al-Assad et héberge l'opposition en exil, mais a démenti à plusieurs reprises avoir fourni des armes aux insurgés.
Cependant en décembre, les médias turcs, citant des documents de l'ONU et du gouvernement, ont affirmé que le pays avait envoyé 47 tonnes d'armes aux rebelles depuis juin 2013.