Pas question pour le front al-Nosra d’al-Qaïda de céder ses positions aux autres milices!!
Le spectre de Deir Ezzor plane sur le sud de la Syrie où une bataille fratricide parmi les milices est plus qu'imminente. Alors qu’au centre, quelques heures seulement séparent la vieille ville de Homs pour se débarrasser à jamais de ses miliciens qui ont semé terreur, destruction et désolation au nom de leur révolution.
Nosra contre ASL
Au sud de la Syrie, les choses sont allées très vite ces derniers jours. Il y a eu d’abord l’enlèvement du chef du Conseil militaire, Ahmad Nehmeh, qui supervise l’Armée syrienne libre et constitue le bras armé de la Coalition. Le rapt a été immédiatement revendiqué par le Front al-Nosra, qui l’a accusé d’avoir voulu l’éradiquer de cette région.
Le lendemain, c’est un important chef de milice du Nosra qui a été tué, Ali Noaymi.
Ce mercredi, le Nosra a rendu public dans une vidéo ce qu’il présente être les aveux de Nehmeh dans lesquels il confirme les accusations portées contre lui : celles entre autre d’avoir voulu les éliminer.
L'oeil écorché, il raconte que c’est après la bataille contre le contingent 38 de l’armée syrienne, laquelle avait été menée conjointement entre l’ASL et le Nosra que les services de renseignements jordaniens l’ont contacté. Ils lui ont émis leurs craintes que le Nosra ne gonfle sa popularité après cette victoire, et lui ont demandé de réduire leur influence. C’est ainsi qu’il a proposé à leur chef, Bachar ----, de céder à l'ASL ses régions , ce qu’il a refusé de faire.
Raison pour laquelle durant la bataille suivante, 63 jours plus tard, contre le contingent 50 de l’armée syrienne à Kherbet Ghazalé, il s’est abstenu d’y participer, laissant faire le Nosra et a même refusé de lui passer des armes.
« Nous voici nous trimballer de fiasco en fiasco en raison de la politique des pays qui nous soutiennent et qui ne veulent pas de la présence des forces islamistes sur le terrain », a-t-il conclu dans ses aveux.
Une source de l’ASL a assuré pour l’agence Asia News que les aveux de Nehmeh lui ont été soutirés sous la torture et n’ont en conséquence aucune validité.
Pour les observateurs, elles sont la preuve que la milice d’Al-Qaïda en Syrie combat pour rester et n’est pas prête à céder sa place à l’ASL, comme les dirigeants de cette dernière et ceux de la coalition le croyaient ou faisaient croire.
Cette crise devrait se répercuter vers les autres régions où le Nosra combat conjointement avec d’autres milices. Mais c'est surtout avec le Front islamique soutenu par l’Arabie saoudite qu'il semble le plus en harmonie.
Homs, une évacuation dans l’humiliation
Humiliés, en pleurs pour certains, bannis de tous, ils n’étaient plus que quelque 1.200 miliciens, civils et blessés retranchés dans les vieux quartiers de Homs. Ils ont commencé ce lundi à mettre a exécution l’accord d’évacuation conclu avec les autorités syriennes, en évacuant la vieille ville et devraient l’achever jeudi. Pourtant, ils avaient juré qu’ils ne sortiraient que morts de « la capitale de leur révolution ».
Personne n’a pu voir leurs têtes. Selon l’AFP, une vidéo diffusée par les insurgés montraient des hommes avec des sacs à dos coiffés d'une casquette ou cagoulés, leur fusil mitrailleur en bandoulière, montant dans deux bus. Ces derniers avaient les vitres couvertes de papier.
"Jusqu'à présent 600 personnes ont quitté l'enclave assiégée", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le gouverneur Talal al-Barazi précise que "l'opération se poursuivra jeudi".
Les convois sont dirigés vers Dar al-Kabira, une ville rebelle à une vingtaine de km plus au nord, puis les hommes sont répartis dans d'autres endroits. L’AFP rapporte le cas d’Abou Bilal, un militant qui en s'apprêtant à quitter la Vieille ville de Homs a lancé: "tant que je serai vivant, je poursuivrai le combat"
Réconciliation contre amertume
Du côté des positions officielles, on constate un ton conciliateur, loin des fanfaronades. En contrast avec l'amertume chez les opposants
"Avec la sortie de ces hommes armés, l'opération de réconciliation va commencer pour que Homs soit une ville débarrassée des armes et des hommes armés", a déclaré le gouverneur à l'agence officielle Sana.
Le président Bachar al-Assad, cité par la télévision officielle, a affirmé que "l’état soutient le processus de réconciliation nationale dans toutes les régions car il souhaite arrêter le bain de sang et parce qu'il considère que la solution de la crise ne peut venir de l'extérieur mais des Syriens eux-mêmes".
Pour Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, ce qui s'est passé à Homs est "surtout une défaite pour la communauté internationale: il y a eu une résistance légendaire malgré deux ans de siège et en dépit de tout ceci, la communauté internationale n'a rien fait".
"C'est une victoire médiatique pour le régime car Homs occupait une place symbolique dans la révolution syrienne", a-t-il ajouté.
Etaient présents pour l’application de l’accord une délégation du Comité de réconciliation et une autre de l’ONU. Celle-ci se devait de surveiller l’évacuation des miliciens.
Un souffle pour Noubbol et Zahra
En fonction de l’accord, des convois de secours et de nourriture devaient être acheminés simultanément vers les deux loaclités de Nobbol et Zahra.
Un grand soulagement pour ces deux villages chiites du nord d’Alep assiégés par les miliciens et pilonnés depuis près de deux ans.
Mais les premiers convois ont été bombardés par la milice tchétchène des Mouhajirines et Ansar. Il en a découlée une suspension de l’évacuation à Homs, et qui n’a repris qu’une fois ces convois arrivés à destination.
Il y a eu aussi la libération des otages retenus également à Alep (nord) et Lattaquié (nord-ouest) qui a été exécutée à la lettre.
Selon l'OSDH, 45 personnes ont été libérées mercredi, dont 29 soldats, 12 enfants et trois femmes, membres de la communauté alaouite et qui avaient été enlevés après les massacres perpétrés dans la province de Lattaquié.