Le Caire a déclaré que le parlement élu en septembre aura à décider du rétablissement des liens avec Téhéran.Entre temps, les tentatives occidentales d’amadouer cette révolution battent leur plein.
Mauvaise nouvelle pour les dirigeants occidentaux, qui gardent un œil inquiet sur l’Égypte : pour la première fois, une délégation de 50 égyptiens se prépare pour se rendre en Iran, pour une visite qui est la première du genre, selon Fars News.
Quoique pas officielle, elle est constituée de militants de la révolution et d’intellectuels appartenant à de différents secteurs religieux, politiques, économiques , ce qui constitue un fort message en faveur du rétablissement des liens diplomatiques avec Téhéran
Elle intervient au moment où ces dirigeants occidentaux entament une course contre la montre pour confisquer la révolution égyptienne (et tunisienne aussi), prétextant une aide financière et politique.
Depuis que ces soulèvements ont réussi à renverser leurs fervents alliés , un spectre hante les responsables occidentaux, celui que Le Caire en particulier ne rétablisse ses liens avec Téhéran et suive son exemple dans le domaine de l’indépendance économique et politique.
Bien entendu, cette appréhension est fervemment partagée par les responsables israéliens.
Mardi soir, durant sa rencontre pompeuse au Congrès américain, (où les applaudissements des élus qui ont dépassé les mots du discours , selon certains observateurs ), le Premier ministre Benjamin Netanyahou l’a rappelé: « le sort des révolutions arabes peut très bien être similaire à la révolution islamique en Iran »(…) ou à celui de la révolution des cèdres au Liban qui selon ses termes "a été asphyxiée par le despotisme moyenâgeux du Hezbollah", a-t-il souligné.
(Pour la première fois, une position officielle israélienne révèle son soutien latent à la révolution des cèdres aux Liban)
Le prochain parlement égyptien devra décider du rétablissement des liens avec Téhéran
Cette crainte est exacerbée par les positions des nouveaux dirigeants égyptiens, dont le ministre des Affaires étrangères Nabil AlArabi, et qui ont multiplié leurs déclarations en faveur de rétablir ces liens diplomatiques.
Ce mercredi encore, il l’a évoqué, et déclaré que cette question serait soumise au Parlement prochain qui serait élu le mois de septembre prochain, a rapporté l'agence officielle Mena.
AlArabi venait de rencontrer son homologue iranien Ali Akbar Salehi, lors d’une réunion des pays non-alignés à Bali, réitérant que son pays veut ouvrir un "nouveau chapitre avec tous les pays".
Les entretiens ont également porté sur "le renforcement de la coopération bilatérale" et la reprise de relations diplomatiques "au niveau d'ambassadeurs" avec Téhéran.
Course contre la montre pour ré-amadouer l’Égypte et la Tunisie
Donc c’est une course contre la montre qui est entamée par les dirigeants occidentaux pour entraver un tel processus. Lesquels ont multiplié ces derniers temps leur proposition d’aide suspecte.
Ce mercredi et sans tarder, à l’issue de la rencontre entre le président américain Barak Obama et le premier ministre britannique James Cameron, qui s’est tenue à Londres, les deux dirigeants ont décidé que le Groupe des Huit qui devrait se réunir jeudi en France va promouvoir un "programme de soutien" politique et économique au "printemps arabe"
Dernièrement Obama a exigé l’élimination d’un milliard de la dette égyptienne, et accordé des garanties de crédit du montant d’un milliard.
Simultanément, la Banque mondiale annonçait, ce mercredi encore, qu’elle est prête à accorder la somme de 6 milliards de dollars dans les deux prochaines années à ces deux pays : 4,5 pour l’Égypte et 1,5 pour la Tunisie.
Selon les termes de Robert B. Zoellick, le président néoconservateur du groupe de la banque en question, cette dernière travaille étroitement avec le Front monétaire international (FMI) et d’autres banques multilatérales de développement à « la formulation d’une démarche commune visant à stabiliser et à moderniser les économies de la région ».
Le mois d’avril dernier, l’ex-chef du FMI Dominique Strauss-Kahn (lequel vient de démissionner pour accusation d’agression sexuelle aux États-Unis) avait également affirmé que son institution était "là pour aider" les pays arabes, comme l'Egypte et la Tunisie, en leur apportant des financements. Il avait déclaré que son institution a tiré les leçons des révolutions de ces deux pays.
Le rôle destructeur de la Banque mondiale et compagnie
Sachant que la présence de la Banque mondiale aussi bien en Égypte qu’en Tunisie remonte à plusieurs décennies et que ses interventions ont touché aussi bien le développement régional dans le cadre de la réduction de la pauvreté, l’appui au secteur privé que l’assistance technique. C’est-à-dire les mêmes domaines qu’il prétend vouloir assister aujourd’hui.
Ce qui la rend indéniablement complice avec les présidents déchu Moubarak et Ben Ali dans leurs déboires économiques.
Dans le cas égyptien, un rapport rédigé en 2009 par le Centre de la Terre pour les droits de l’homme a accusé la banque mondiale de corruption et de mensonge dans les réalisations qu’elle annonce.
« Les projets de cette banque et de ses institutions financières visent à servir les intérêts des hommes d’affaires locaux et internationaux. De plus, ses experts s’accaparent plus de 28% de l’ensemble des prêts qu’elle accorde », a révélé ce centre égyptien.
Selon lui, cette banque n’a jamais été « une institution démocratique », vu que ces présidents sont toujours des américains, et en raison du secret qui couvre la plupart de ses activités. Elle est également accusée de vouloir priver la plupart des états et des peuples du sud de leur droit de décider et de contrôler ses projets.
Dans le secteur agricole, il est imputable à cette institution mondiale d’avoir contribué à réduire considérablement les surfaces agricoles dans ce pays (comme ailleurs dans les pays du sud), en promouvant la construction des bâtiments dans ces terres, sans oublier son rôle décisif au manquement de l’Égypte à réaliser l’autosuffisance alimentaire, surtout en ce qui concerne le blé. Comme ailleurs dans le monde…
Le centre lui reproche ses prêts interminables qui ont enlisé l'Egypte et l'ont contraint à se soumettre aux diktats politiques et économiques de l’Occident.
Le 17 mai dernier, le nouveau ministre égyptien de la solidarité Jawdatt Abdel ElKhalek était très clair, en déclarant franchement que la Banque mondial est contre les égyptiens pauvres.
Dans leur très grande majorité, les Egyptiens (70%) répugnent les privatisations du secteur public commanditées par cette banque et leur incombe leur appauvrissement ...