24-11-2024 06:38 AM Jerusalem Timing

Touristes israéliens en Tunisie: deux ministres sur le gril

Touristes israéliens en Tunisie: deux ministres sur le gril

Le gouvernement a demandé à ce que les débats soient secrets pour des raisons de "sécurité nationale ».

L'Assemblée constituante tunisienne a auditionné vendredi deux ministres visés par des motions de censure les accusant de normalisation avec Israël pour avoir permis l'entrée de touristes israéliens en Tunisie, une affaire qui fait polémique depuis des semaines dans le pays.

   Les documents déposés fin avril contre la ministre du Tourisme Amel Karboul et le ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l'Intérieur, Ridha Sfar, affirment que ce dernier a autorisé par écrit l'entrée de touristes israéliens en Tunisie, et que Karboul a accueilli un groupe venu de l'Etat hébreu.

   Le vote doit avoir lieu plus tard dans la journée. Une majorité des 3/5 des 217 élus est nécessaire pour démettre chacun des ministres, soit 131 voix.   Le gouvernement avait demandé à ce que les débats soient secrets pour des raisons de "sécurité nationale", mais la majorité requise pour le huis clos n'a pas été atteinte.

  

 - 'Souveraineté' -  

La ministre du Tourisme a démenti avoir accueilli une délégation israélienne comme l'en accuse la motion, en justifiant ses déclarations favorables à l'entrée de touristes de toutes nationalités par la nécessité de relancer le tourisme, un secteur-clé durement affecté depuis la révolution de janvier 2011.

   Auparavant, le député centriste Iyed Dahmani avait affirmé que les motions envoyaient "un message clair: cette question (des relations avec Israël) est une ligne rouge dans la politique et les relations extérieures de la Tunisie".

   Le député de gauche Faycel Jadlaoui a de son côté estimé que permettre l'entrée des Israéliens en Tunisie "porte atteinte à la souveraineté de l'Etat".

   "Nous n'avons pas fait la révolution pour que la première mesure révolutionnaire qu'on prenne soit la normalisation avec l'entité sioniste", a-t-il lancé sous les applaudissements.

   Le ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l'Intérieur s'est défendu de toute normalisation, en précisant n'avoir fait que suivre une procédure en vigueur depuis des années.

   "L'affaire est purement administrative (...). Nous ne traitons pas avec des documents israéliens", a dit Sfar aux députés, expliquant que les touristes venus des territoires occupés par Israël  entraient dans le pays avec des laissez-passer tunisiens, Tunis ne reconnaissant pas les passeports israéliens.

   Il a également justifié sa note écrite autorisant l'entrée d'Israéliens par la nécessité de répondre à une "campagne internationale" accusant la Tunisie de "discrimination", après la décision d'un responsable du port de La Goulette (nord de Tunis) d'interdire à un groupe d'Israéliens en croisière de débarquer en mars.

   La compagnie de croisières basée aux Etats-Unis avait à l'époque dénoncé "un acte discriminatoire" et annoncé qu'elle annulait toutes ses escales en Tunisie.