22-11-2024 08:20 AM Jerusalem Timing

Lycéennes enlevées: l’armée nigeriane prévenue de l’attaque n’a pas réagi

Lycéennes enlevées: l’armée nigeriane prévenue de l’attaque n’a pas réagi

C’est Amnesty internationale qui accuse, le Conseil de sécurité envisage des mesures appropriées contre Bako Haram..




L'armée nigeriane avait été informée de l'imminence d'une attaque de Boko Haram contre le lycée où plus de 200 adolescentes ont été enlevées le 14 avril mais n'a pas réagi, notamment faute de moyens, a accusé vendredi Amnesty International.
   
Les accusations de l'ONG ont été rejetées par l'armée. Ce "n'est qu'un ramassis de rumeurs", a déclaré à l'AFP le porte-parole des armées, le général Chris Olukolade.
   
"Des témoignages accablants recueillis par Amnesty International révèlent que les forces de l'ordre nigerianes n'ont pas réagi aux avertissements qu'elles ont reçus à propos d'une possible attaque armée de Boko Haram contre le pensionnat du lycée public de Chibok", dans l'Etat de Borno (nord-est), a déclaré Amnesty dans un communiqué.
   
"Amnesty International a eu la confirmation (...) que le quartier général de l'armée à Maiduguri a été prévenu d'une attaque imminente peu après 19H (18H00 GMT) le 14 avril, soit près de quatre heures avant que Boko Haram ne lance son attaque".
   
L'armée n'a pu rassembler les troupes pour stopper cette attaque, "à cause des faibles ressources dont elle dispose et de peur d'affronter les groupes armés (islamistes) souvent mieux équipés", selon Amnesty.
   
Les 17 soldats basés à Chibok ont été dépassés par les assaillants et ont dû battre en retraite.
   
Dans un communiqué publié vendredi soir, M.Olukolade affirme que les troupes postées à Maiduguri n'ont été informés de l'attaque de Chibok qu'au moment où elle se déroulait et qu'elles "sont tombées dans une embuscade dressée par les terroristes" sur la route de 120 km qui sépare Maiduguri de Chibok.
   
Ces enlèvements sans précédent continuent de susciter l'émotion et la solidarité internationales.
   
   

Possibles "crimes contre l'humanité"

 
Le Conseil de sécurité de l'ONU a ainsi affirmé que ces exactions peuvent "constituer des crimes contre l'humanité". Les 15 pays membres du Conseil se disent prêts à "suivre de manière active la situation des jeunes filles enlevées et à envisager des mesures appropriées contre Bako Haram", une allusion apparente à d'éventuelles sanctions.
   
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a par ailleurs décidé d'envoyer son représentant spécial en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, à Abuja pour proposer l'aide des Nations unies.
   
Des experts américains et britanniques sont de plus arrivés au Nigeria pour participer aux recherches des captives, selon l'ambassade américaine.
   
Des responsables américains avaient annoncé l'envoi d'une équipe composée de moins de 10 militaires, de spécialistes du département américain de la Justice et de membres du FBI.
   
"Une équipe d'experts britanniques qui va conseiller et aider les autorités nigerianes (...) est arrivée ce matin à Abuja", a annoncé le Forein office britannique dans un communiqué.
   
L'équipe britannique comprend des diplomates et des experts du ministère de la Défense. Elle "ne va pas seulement prendre en compte les récents incidents mais aussi les solutions antiterroristes à long terme, afin d'empêcher de telles attaques dans le futur, et pour vaincre Boko Haram", poursuit le texte.
   
La Chine et la France ont aussi proposé leur aide, à travers notamment le partage d'informations recueillies par les services de renseignements et les satellites, et l'envoi de spécialistes.
   
La France a commencé vendredi à envoyer du matériel, notamment d'imagerie satellitaire, selon une source diplomatique.
   
Interpol est "prêt à fournir aux autorités nigerianes toute aide qu'elle pourrait demander", a souligné son secrétaire général Ronald Noble.
   
Après un long silence très critiqué, le président nigerian Goodluck Jonathan a dénoncé vendredi un "enlèvement épouvantable" et assuré que son pays était "totalement engagé à retrouver ces jeunes filles".
   
La veuve de Mandela, Graça Machel, a appelé le gouvernement nigerian et la communauté internationale à intensifier leurs efforts.
   
La mobilisation internationale, largement répercutée sur les réseaux sociaux, avec le soutien de célébrités mondiales telles que la première dame des Etats-Unis Michèle Obama et l'actrice américaine Angelina Jolie, a poussé les responsables nigerians à s'engager plus fermement.
   
Le conseiller spécial à la sécurité Sambo Dasuki et Mohammed Abubakar, le chef de la police nigeriane, se sont rendus ensemble jeudi à Chibok pour illustrer cet engagement.
   
Le général Chris Olukolade, a assuré vendredi que l'armée nigeriane effectuait des recherches 24H/24, mobilisant deux divisions le long des frontières avec le Niger, le Tchad et le Cameroun.
   
   
 
Manifestations locales et internationales

Localement, le mouvement de protestation contre le gouvernement et de solidarité envers les captives se poursuivait vendredi.
   
Une manifestation a eu lieu dans la matinée dans le centre de Lagos, organisée par le collectif "Women for peace and justice" ("Femmes pour la paix et la justice").
   
Une autre manifestation, réunissant plusieurs centaines de personnes, dont des parents de lycéennes enlevées venus de Chibok, s'est produite à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno.
   
Une manifestation a eu aussi lieu à Londres vendredi matin en soutien aux lycéennes.
   
Mais les Etats-Unis et des responsables locaux, à Chibok, se sont inquiétés d'un possible transfèrement des adolescentes vers le Tchad et le Cameroun voisins pour y être vendues.
   
La situation a conduit le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, à appeler "toute la région à renforcer la coopération pour faire face au terrorisme. Même si le terrorisme frappe le Nigeria individuellement, c'est un fléau qui affecte toute la région", a-t-il souligné. "La clef du succès (contre le phénomène), c'est la coopération régionale".