24-04-2025 04:23 AM Jerusalem Timing

France/Esclavage: une mairie d’extrême droite provoque une polémique

France/Esclavage: une mairie d’extrême droite provoque une polémique

Le Cran demande réparation à des banques et familles bordelaises.

La journée nationale en mémoire des esclaves samedi en France a donné lieu à une polémique lorsqu'un maire d'extrême droite a refusé de s'associer aux commémorations, un geste dénoncé par le président François Hollande.

Alors que la commune de Villers-Cotterêts (nord-est) organisait depuis 2007 des cérémonies tous les 10 mai, jour de commémoration de l'abolition de l'esclavage, le nouveau maire Front national (FN, extrême-droite) a annoncé qu'il ne ferait rien cette année, en dénonçant "une auto-culpabilisation permanente".

Le FN a réalisé une nette percée aux élections municipales en mars, remportant onze mairies.

Des associations antiracistes ont fustigé "des propos dangereux" du premier magistrat, Franck Biffaut, et décidé d'organiser malgré tout un rassemblement, qui a mobilisé samedi environ 300 personnes en présence de la ministre de l'Outre-mer, George Pau-Langevin.

Villers-Cotterêts est la ville où est décédé en 1806 le général Alexandre Dumas, père de l'écrivain, né esclave à Saint-Domingue et devenu, dans l'armée révolutionnaire, le premier général d'origine afro-antillaise.

Lors d'une cérémonie à Paris, François Hollande a estimé que le maire d'extrême droite "devrait s'honorer" de célébrer l'abolition de l'esclavage.

"Villers-Cotterêts peut être fière d'être une ville où le Général Dumas (...) a pu montrer combien la France pouvait être éclatante", a-t-il ajouté.

Selon lui, la France ne peut pas "supporter d'entendre de nouveau prononcer le mot hideux d'esclavage sur le sol africain".

Le tweet de Mariani

Le vice-président du parti de droite UMP, Thierry Mariani, avait déjà provoqué un tollé par un tweet cette semaine: "L'enlèvement par Boko Haram (de 200 jeunes filles nigérianes) rappelle que l'Afrique n'a pas attendu l'Occident pour pratiquer l'esclavage", y ajoutant le hashtag (mot-dièse) "déculpabilisation".

Le Cran demande réparation à des banques et familles bordelaises

Entre-temps, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a demandé réparation à des institutions bancaires et des familles bordelaises pour avoir profité de la traite des Noirs.

Louis-George Tin, le président du Cran, accuse notamment le Crédit suisse, la Banque de France, l'ancienne banque Mallet et plusieurs familles bordelaises d'avoir «joué un rôle central dans la traite négrière». «C'est le travail des esclaves qui a permis de constituer la Banque de France et c'est la Banque de France qui a permis de constituer la France», affirme-t-il.

Le Cran, qui a déjà engagé des poursuites en justice contre l'Etat, la CDC et le groupe Spie Batignolles, a cette fois choisi «d'interpeller publiquement» ces banques et familles, de leur «tendre la main» dans une «démarche de dialogue».

Le 10 mai est la date retenue pour la "Journée nationale des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions", célébrée depuis 2006 et issue d'une loi de 2001 sur la reconnaissance de la traite et de l'esclavage comme crime contre l'humanité. Elle donne lieu à des cérémonies dans toute la France.