Par Ghaleb Kandil.
Ceux qui refusent toute réforme démocratique du système politique libanais polémiquent au sujet de la pertinence de l'organisation d'une constituante.
Ils rejoignent, de la sorte, les défenseurs de la formule figée issue de l'accord de Taëf, à laquelle s'est greffée une foule de faits accomplis imposés par l'ère haririenne, ainsi que ceux qui soutiennent la formule actuelle, qui encourage les ingérences étrangères dans les affaires internes libanaises.
Pourtant, l'idée du référendum et de l'élection du président de la République au suffrage universel est une proposition pratique susceptible de briser la polarisation au Parlement, dont les délicats équilibres conduisent à deux scénarios: le premier est la conclusion d'une entente sur l'élection d'un président centriste, qui voit l'émergence, le plus souvent, d'un président faisant primer ses liens avec les pays occidentaux et les Etats arabes du Golfe sur les intérêts supérieurs de la nation.
Ce type de président est, par conséquent, condamné à gérer la crise, ce qui retarde les solutions radicales aux problèmes politiques, économiques et sociaux auxquels le Liban est confronté.
Le deuxième scénario est d'attendre des compromis régionaux et internationaux qui permettraient l'élection d'un président, issu des rapports de force ambiants, comme ce fut le cas après les guerres de 1958 et 1975, et après l'accord de Taëf.
S'en remettre à la volonté populaire est l'expression la plus vivante de la démocratie, et l'élection par le peuple du président de la République serait suivie d'un renforcement des prérogatives du chef de l'Etat et d'un rééquilibrage du pouvoir exécutif.
La formation de la commission supérieure pour l'abolition du confessionnalisme, stipulée par la Constitution, et l'application de la proportionnelle dans la loi électorale, sont deux réformes bloquées par la paralysie du Parlement, à cause des équilibres en son sein.
En outre, les réformes mettant un terme à la dictature du capitalisme sauvage et effaçant les séquelles du haririsme sont un besoin dont l'urgence est apparue avec les débats qui ont accompagné le débat sur la grille des salaires dans le secteur public.
Depuis l'accord de Taëf, les voix appelant à un nouveau contrat social s'élèvent réclamer l'arrêt du processus de destruction des classes moyennes. Mais aucune mesure pratique n'a été prise dans ce sens.
L'organisation d'une constituante est la seule voie pour mettre en œuvre des réformes constitutionnelles, politiques, économiques et sociales radicales, nécessaires pour assurer une stabilité durable dans le pays.
De telles réformes renforceraient la place du Liban dans les équations régionales et internationales, en prenant pour base l'intérêt supérieur de la nation.
Elles permettraient, enfin, de confirmer le choix de la résistance au Liban, remis en cause par les pressions américaines, occidentales et des Etats du Golfe.
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