Quelque 780 personnes vivant en France sont parties pour la Syrie dans les rangs des groupes jihadistes, sont en route pour la Syrie ou en sont revenues
Six personnes soupçonnées de s'être rendues en Syrie ont été placées en garde à vue mardi après un coup de filet du contre-espionnage à Strasbourg (est), sur fond de plan de lutte des autorités françaises contre les filières jihadistes vers la Syrie.
L'opération, menée par les hommes du Raid, l'unité d'intervention d'élite de la police, s'est déroulée dans un quartier du sud de Strasbourg, près de la frontière avec l'Allemagne. Des policiers cagoulés et armés et plusieurs véhicules d'intervention étaient visibles devant un immeuble du quartier de la Meinau.
Selon des témoignages recueillis sur place par les journalistes de l'AFP, deux jeunes jihadistes qui ont trouvé la mort en Syrie étaient originaires de ce quartier et d'autres jeunes du quartier sont revenus de Syrie il y a environ un mois.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé l'arrestation et le placement en garde à vue de six personnes.
Il s'agit d'une "nouvelle démonstration de la détermination totale du gouvernement à lutter de toutes ses forces contre le terrorisme et l'embrigadement des jeunes dans la radicalisation violente", a ajouté le ministre dans une déclaration à la presse.
Auparavant, une source policière avait annoncé à l'AFP l'arrestation de cinq à dix personnes.
Crainte de nouveaux "Merah"
Cette opération intervient après la mise en place par le gouvernement du président François Hollande d'un plan "antijihad" visant à dissuader les candidats d'aller combattre en Syrie et à empêcher des actes terroristes en France.
En France, plusieurs dizaines de procédures judiciaires sont ouvertes contre des jihadistes présumés. Les services de renseignement redoutent qu'à leur retour certains ne commettent des actes terroristes.
Ils craignent notamment l'émergence de nouveaux "Mohammed Merah", ce Franco-Algérien de 23 ans se réclamant d'Al-Qaïda qui avait froidement assassiné trois militaires, ainsi que trois enfants et un enseignant juifs en mars 2012, avant d'être tué par la police dans l'assaut de son appartement dans le sud-ouest de la France.
Le plan prévoit ainsi la mise en place d'un numéro gratuit pour signaler des candidats au départ, la privation de passeport pour les jihadistes et une surveillance accrue des sites extrémistes.
Au niveau européen, neuf pays, dont la Belgique et la France, s'étaient réunis le 8 mai à Bruxelles avec des représentants des Etats-Unis, de la Turquie, du Maroc, de la Jordanie et de la Tunisie pour tenter d'endiguer ensemble le phénomène des jihadistes.
Paris avait notamment évoqué un renforcement des échanges de données sur les passagers qui transitent par les aéroports européens et ceux situés en dehors de l'Union européenne.
Quelque 780 personnes vivant en France sont parties pour la Syrie dans les rangs des groupes jihadistes, sont en route pour la Syrie ou en sont revenues.
La mort d'une petite trentaine d'entre elles a été recensée, selon cette source.
Le gouvernement avait chiffré début mai à 285 le nombre actuel de Français combattant en Syrie. Il est très aisé de se rendre dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie en voiture ou en autocar depuis la France, pour éviter les contrôles aux aéroports, et de rester ainsi sous le radar des enquêteurs, avant de passer ensuite en Syrie.
Les jihadistes étrangers, notamment européens, sont souvent recrutés par l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe ultra-radical accusé des pires atrocités dans le nord de la Syrie.
Autrefois alliés contre le régime du président Bachar al-Assad, l'EIIL et les rebelles se livrent depuis des mois à une guerre sans merci.