Depuis Washington, il défend la vente de navires de guerre à Moscou.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a défendu mardi à Washington la vente de deux navires de guerre à la Russie, malgré l'hostilité des Etats-Unis, tout en laissant la porte ouverte à un réexamen de ce contrat en octobre.
Le dossier de ces deux bateaux militaires de type Mistral, commandés par Moscou à Paris en 2011 pour 1,2 milliard d'euros et devant être livrés en octobre 2014 et en 2015, a provoqué des tensions entre la France et les Etats-Unis.
"La France n'a de leçons de fermeté à recevoir absolument de personne (...) La France fait son devoir qu'il s'agisse de l'Ukraine ou qu'il s'agisse d'ailleurs", a déclaré Laurent Fabius.
"La règle dans le domaine des contrats, c'est que les contrats qui ont été passés sont honorés", a justifié Fabius lors d'une conférence de presse à Washington où il était en visite lundi et mardi. "Juridiquement, nous n'avons pas la possibilité de ne pas les honorer", a-t-il ajouté, précisant que "plus de la moitié" du 1,2 milliard d'euros avait été versée par le client russe.
Les Etats-Unis ont ces derniers jours protesté contre l'exécution de cette vente, invoquant la responsabilité de la Russie dans les troubles en Ukraine.
Le département d'Etat a exprimé ses "inquiétudes" et le dossier a été abordé par Fabius et son homologue américain John Kerry lors de leur entretien mardi.
Le ministre français a répondu brièvement que l'Américain ne lui avait pas demandé formellement de renoncer à ce contrat militaire et il a répété que "la décision finale devra être prise en octobre".
"C'est à ce moment-là que nous verrons quel sera le +background+ (contexte, Ndlr) juridique de cette décision", a fait valoir le chef de la diplomatie française.
Il a de nouveau fait allusion à une éventuelle suspension de cette vente dans le cadre d'hypothétiques nouvelles sanctions internationales contre la Russie pour ses agissements en Ukraine, notamment au cours des élections du 25 mai.
"Si par obstruction les élections étaient impossibles, à ce moment-là nous devrions examiner un échelon supplémentaire (de sanctions) qui pourrait évidemment concerner toute une série de sujets, le sujet de l'énergie, le sujet de la finance, voire le sujet de la défense", a expliqué Fabius.
Les Mistral sont des bâtiments de projection et de commandement (BPC), des navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères et des chars. Le président François Hollande avait dit samedi que ce contrat n'était "pour l'instant pas remis en cause".