Si le FMI joue actuellement le rôle du principal donateur de l’économie ukrainienne, il est évident pour tous que c’est l’Europe et, par conséquent, l’Allemagne qui devra en supporter le plus lourd fardeau.
Deux diplomates allemands influents se sont simultanément attaqués au règlement de la crise en Ukraine. L’OSCE a nommé Wolfgang Ischinger, ancien représentant spécial de l’UE au Kosovo, son émissaire aux négociations entre Kiev et les régions.
Le ministre allemand des AE Frank-Walter Steinmeier, s’est rendu à son tour le 13 mai à Kiev.
Que l’Occident ait décidé d’engager en Ukraine les « poids lourds » de la diplomatie allemande est logique du point de vue à la fois politique et financière. La participation des diplomates allemands signifie dans ce contexte que l’Occident a décidé d’engager « l’artillerie lourde » pour faire pression sur les autorités de Kiev.
Le prix du sauvetage de l’Ukraine du défaut de paiements s’alourdit cependant de jour en jour. Les injections financières dans l’économie ukrainienne à l’horizon de 2018 sont déjà évaluées à une somme faramineuse de 300 milliards de dollars, ce qui est comparable au prix du sauvetage de la Grèce. Le FMI joue actuellement le rôle du principal donateur de l’économie ukrainienne mais il est évident pour tous que c’est l’Europe et, par conséquent, l’Allemagne qui devra en supporter le plus lourd fardeau. On peut toutefois se demander dans quelle mesure sera couronnée de succès la mission d’Ischinger qui a l’intention d’organisation des « tables rondes » nationales ukrainiennes à l’image et à la ressemblance du forum polonais analogue de 1989. D’une part, c’est un diplomate expérimenté qui a été ambassadeur d’Allemagne aux États-Unis et en Grande Bretagne, pris part aux négociations de Dayton sur la Bosnie et l’Herzégovine, mis au point la stratégie d’expansion de l’OTAN vers l’Est et assuré la présidence des conférences annuelles sur la sécurité internationale à Munich.
On peut cependant douter des résultats de ses activités diplomatiques. En effet, au lieu de devenir un facteur de stabilisation, l’expansion de l’OTAN vers l’Est est devenue une pomme de discorde entre la Russie et l’Occident. Au Kosovo, Ischinger a échoué à rapprocher au moins les positions de Belgrade et de Pristina. Finalement, on vu apparaître en 2008 sur la carte du monde la république autoproclamée du Kosovo et la remise d’un prix Nobel de la paix très controversé à Martti Ahtisaari, dont les propositions sur le Kosovo étaient le fondement de la mission de médiation d’Ischinger. Il est significatif que c’est précisément l’ex-premier ministre de Finlande qui ait été le premier de la série des décisions pour le moins douteuses du Comité Nobel comme l’attribution du prix Nobel de la paix à Barack Obama et à l’UE, a rappelé à Russia Today Anna Filimonova, experte du Centre d’études de la crise contemporaine aux Balkans de l’Institut d’études slaves:
« Le message est clair. Il fait apparaître le caractère partial, inobjectif, la politique « deux poids deux mesures », l’inégalité, l’immoralité et la nature anticivilisationnelle du fascisme corporatif en lutte contre les États souverains sous des slogans néolibéraux. »
Il n’est un secret pour personne que ce sont précisément les Allemands qui ont occupé le plus souvent dans les années 1990-2000 les postes de responsabilité dans les missions de la paix au Balkans. Il est évident que la paix n’était pas du tout le premier de leurs soucis.
Franc-Walter Steinmeier qui a visité Kiev s’est pour le moment borné à promettre de demander au parlement allemand de prévoir dans le budget de 20015 une aide financière pour l’Ukraine. Mais Kiev ne devrait pas y compter trop, sachant l’état d’esprit qui règne au Bundestag.
Source : La Voix de la Russie