But officieux de cette visite: exprimer leur point de vue quant à la visite du patriarche Raii en Palestine occupée..

Le patriarche maronite Béchara Boutros Rahi a rencontré une délégation du Hezbollah, formée des membres du bureau politique du parti, Ibrahim Amine el-Sayyed, Ghaleb Abou Zeinab et Moustapha el-Hajj Ali, en présence de l'évêque Samir Mazloum et de l'émir Hares Chehab.

But officiel de cette visite : effectuer un tour d'horizon sur la situation générale.

Officieusement, il s’agit surtout pour le Hezbollah de faire part au patriarche Raii de leurs  appréhensions quant à sa visite en Palestine occupée. Appréhensions, qui il faut bien  souligner, ne mettent pas en cause ni le cadre religieux de la visite ni les bonnes intentions du patriarche mais qui sont  liées aux conséquences politiques d’une telle visite en ce moment précis .

C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé le chef du bureau politique du parti Sayyed Ibrahim Amine el-Sayyed à l’issue de sa rencontre avec son éminence : «  nous avons exposé notre point de vue et son éminence a exposé la sienne. Nous sommes d’accord sur les intentions et la nature religieuse de la visite ».

Le responsable du Hezbollah a indiqué que le patriarche Rahi a affirmé que sa visite revêt un caractère religieux et pastoral et non pas politique


" Nous sommes habitués à communiquer directement nos points de vue au patriarche et nous avons parlé des "retombées négatives" de ladite visite sur le Liban et la région toute entière. Nous espérons que nos remarques seront prises en considération", a-t-il ajouté.

Toutefois, il a souligné que «  les conséquences politiques d’une telle visite au Liban et dans la région sont à prendre en considération ».

Car, personne ne peut nier l’embarras ressenti par le Hezbollah de l'intention du patriarche Raii de se rendre dans les territoires occupés.

Et même, « si la visite de son éminence s’inscrit dans le cadre du pèlerinage du  Pape François Ier en Terre sainte et malgré son  caractère « pastoral » incontestable, il n’empêche que ce genre de visite, qu’on le veuille ou non, octroiera une forme de légitimité à l'entité sioniste : l’usurpateur de la terre de la Palestine », estime des sources proches du Hezbollah citées par alAkhbar.

Ce qui est à noter c’est que pour  la première fois depuis l’occupation de la Palestine en 1948 , qu’un chef de l'Eglise maronite annonce son intention de visiter la Palestine occupée. Non seulement cela, cette annonce porte une double signification tant localement qu’en Occident, mais en plus elle intervient à un moment  « suspect » , c’est-à-dire  au moment où des discussions ont lieu sur un accord entre l'Autorité palestinienne et « Israël », accord dans lequel  le grand perdant est la Palestine , chrétiens  et musulmans .

Selon le quotidien libanais alAkhbar , le programme de la visite confirme que le patriarche Raii sera sous la protection des soldats et des forces sécuritaires israéliennes et qu'il se réunira avec des éléments de l’ ex-milice pro-israélienne d’Antoine Lahad ( qui avaient fui le Liban-sud au lendemain de sa libération par la résistance islamique )   et rencontrera  leurs familles. Sans compter, que la simple vue du patriarche maronite avec des soldats israéliens risque de heurter un large public de personnes qui ont des martyrs dans la Résistance ou des victimes des agressions israéliennes.

Ce genre de scène ne soutient pas le fameux slogan  « partenariat et  amour ».

Tout cela ne signifie pas que le Hezbollah accuse le patriarche Raii de quoique ce soit.  D’où son silence depuis l’annonce de la visite du patriarche Raii, sachant que certains Libanais espèrent que le Hezbollah  s’en prenne au patriarche.

Mais le parti a préféré se rendre personnellement chez le patriarche Raii pour « lui exprimer  son point de vue et ses appréhensions directement» selon des sources citées par alAkhbar.

Toujours selon ces sources « le Hezbollah ne met pas en doute pas les bonnes intentions du patriarche à travers sa visite, ni estime que ce dernier cherche à normaliser les relations avec le régime sioniste, au contraire, il inscrit  la visite dans le cadre purement religieux  indépendamment du contexte politique et machiavélique qui se trame contre  la région » .

Toutefois, le Hezbollah  est convaincu « qu’Israël compte profiter de cette visite au maximum et l’investir pour son propre compte de manière à blanchir son image dans le monde voire creuser  le fossé entre les segments de la société palestinienne et libanaise » .

 « C’est pourquoi il est important pour le Hezbollah d’expliquer à son éminence    comment  Israël compte exploiter sa visite en lui posant  des pièges, come par exemple rassembler des  personnalités sionistes pour soi-disant l’accueillir  dans les villages qu’il compte visiter» ajoutent les sources .

Toujours selon le quotidien, un certain nombre des membres du clergé chrétien au Liban ont exprimé dans le secret  leur opposition à la visite de Raii. Ils ont même proposé une porte de sortie inspirée des propos du  porte-parole du Vatican le père Federico Lombardi qui avait affirmé « Raii ne fait pas partie de la délégation officielle du pape à alQods et que ce dernier s’y rend de par sa propre initiative ».
 Autrement dit, le patriarche Raii n’est pas lié au programme du  Vatican qui comprend des rencontres avec des responsables israéliens. D’où l’idée que le patriarche passe par la Jordanie, au lieu de traverser les territoires occupés .

Enfin, après la visite de la délégation du Hezbollah au patriarche maronite Raii , l'ambassadeur d'Arabie Saoudite au Liban, Ali Awadh Assiri s’est rendu lui aussi à Bkerké .