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Arabie saoudite: comment le roi Abdallah a écarté les Sadiri du pouvoir

Arabie saoudite: comment le roi Abdallah a écarté les Sadiri du pouvoir

Pour paver la voie du trône à ses fils

Depuis qu’il a accédé au trône, le roi Abdallah s’est employé à mettre au point de nouvelle règles au détriment du clan des Sadiri. C’est l’avis de l’expert et militant saoudien Fouad Ibrahim exprimé dans un article qui analyse les dernières désignations opérées par le monarque saoudien et publié dans le quotidien libanais al-Akhbar.

La branche des Sadiri désigne les 7 fils du roi Abdel Aziz, le fondateur du troisième Etat saoudien, de son épouse Hassat, fille d’Ahmad Sadiri, et qui sont entre autre Fahed (décédé), Sultane (décédé), Abdel Rahmane, Turki, Nayef (décédé), Salmane (actuellement prince héritier) et Ahmad.

Seul Fahed parmi eux, a accédé au trône. Les autres, tout en étant désignés comme princes héritiers ont succombé avant. Le dernier d’entre eux, Salmane agé de 79 ans, voit devant ses yeux la consolidation de la position des fils du roi actuel au détriment des siens, et de ceux des fils des autres princes Sadiri.

Pour la première fois depuis 1964, l’héritier du prince héritier ou le second vice-roi n’appartient pas à ce clan. Il s’agit  de Mokren Ben Abdel Aziz

 

Le second vice-roi

 En effet, la manœuvre d’action du roi Abdallah s’est portée principalement sur ce poste.

En 1941, le roi Abdel Aziz y avait désigné Fayçal , et Saoud comme premier vice-roi.

Durant le règne du roi Fayçal, une nouveauté est intervenue : il avait créé un conseil des ministres dont la présidence lui revenait et la seconde vice-présidence au second vice-roi.

C’est Khaled, qui a été le premier prince Sadiri à l’occuper.

Avec l’avènement d’Abdallah, ce poste est resté vacant. La raison ne pouvait être que toute simple: écarter le clan des Sadiri, très puissants dans le royaume pour paver la voie à ses descendants

Or, pour mener à bien cette éviction, il faut faire en sorte que c’en est pas une, ou qu’elle n’émane pas de lui !

Le Conseil de l’allégeance de façade

C’est ainsi que le monarque a procédé à une manœuvre : la formation d’un Conseil d’allégeance de la famille royale, laquelle revient la désignation du second vice-roi. De façade seulement. Dans les faits qui s’en suivront, le but de cette instance s’est avéré être la création d’une alliance hostile aux Sadiri en faisant participer des pans de la famille longtemps marginalisés et qui faute d’occuper les hauts postes de l’Etat se satisfont de participer à soutenir l’un des deux camps.

Proposée en 2006, cette instance a vu le jour en 2007, via un décret royal. Avec ses 35 émirs, présidés par Méchaal Ben Abdel Aziz, elle pouvait choisir d’accepter ou de rejeter l’un des deux ou trois candidats suggérés par le monarque. Lui non plus n’était pas contraint d’accepter leur candidat. En cas de litige, les deux candidats seront soumis au vote au sein de cette instance dans un délai maximum d’un mois.

Etaient exempts de recourir à ce conseil, le roi en service et son prince héritier.

L’auteur de l’article Fouad Ibrahim se souvient qu’à cette époque, le roi Abdallah avait présenté sa création comme une nécessité dans le processus de modernisation du pouvoir saoudien, et de préservation de son l’unité nationale. Et comme étant une démarche qui complète les trois autres instances: le système du pouvoir, le système du conseil choura et le système des conseils régionaux.

Une telle mise en scène qui met de l’avant des objectifs nobles se devait de camoufler toute velléité d’écarter les frères Sadiri du pouvoir.  Ces derniers n’étaient pas aussi dupes. D’autant que le poste de second vice-roi est resté vacant deux ans après la formation du Conseil d’allégeance.

Diviser les Sadiri

Deuxième étape de la manœuvre : diviser les Sadiri.

En catimini, un accord tacite était mijoté avec l’un de leurs princes, Nayef.

C’est ainsi qu’en 2009, celui-ci est désigné comme vice-président du conseil des ministres, directement  par le roi, sans passer par l’instance concernée, tout en préservant le ministère de l’intérieur. Automatiquement, il devenait le second vice-roi.

C’est à ce moment que les membres du Conseil d’allégeance ont découvert l‘arnaque. Persuadés que leur conseil ne disposait d’aucune légalité, ils se sont voués à l’évidence que leur rôle n’a servi que pour une mission momentanée et d’une durée déterminée.

L’accord stipulait aussi un partage des pouvoirs entre leurs fils respectifs et d’ôter quelques-uns de leurs postes aux frères Sadiri. Cette transaction se mijotait entre les deux hommes au moment où l’ancien prince-hériter Sultan luttait pour sa survie contre le cancer et s’était littéralement écarté du pouvoir.

A sa mort en octobre 2011, un avis royal envoyé aux princes du Conseil leur demandait de choisir le prince Nayef comme prince héritier, comme premier vice-Premier ministre, et ministre de l’intérieur. Ce qu’ils ont fait sans broncher.

La seule voix dissidente a été celle du prince Talal, qui a refusé de n’être qu’un outil dans le conflit entre les branches de la famille royale et de signer à blanc les décisions du roi. Un mois à peine après la désignation du prince Nayef, il a présenté sa démission.

Mais le nouveau prince héritier n’a pu longtemps jouir de son poste. Un an à peine après sa désignation, il s’est éteint, succombant lors d’un voyage à Genève à une crise cardiaque fatale.

Evictions et désignations: de fils en fils 

Auparavant, sa transaction sur le partage des pouvoirs avec le monarque était entrée en vigueur, et s’est avérée être largement à l’avantage de ce dernier et au détriment du clan des Sadiri.

En échange de la désignation de son fils Saoud, comme son conseiller du niveau d’un ministre, et de sa désignation comme chef de la cour du prince héritier, une série d’ordres royaux attribuaient au roi la présidence de plusieurs conseils et commissions.

La même année, un autre ordre royal a évincé le prince Sadiri Abdel Rahman de son poste de vice-ministre de la défense, et l’a attribué  au prince Salmane Ben Sultane (fils du prince héritier décédé et frère du célèbre ancien chef des renseignements Bandar Ben Sultane).

Pas pour longtemps non plus : celui-ci a dû céder sa place il y a deux jours, sur une décision royale, en faveur de Khaled Ben Bandar Ben Abdel Aziz.

Avec l’éviction du frère Bandar, intervenu sur fond de la crise syrienne depuis quelques mois, les fils du premier prince héritier Sadiri du roi Abdallah se trouvent désormais exclus des postes clés de la monarchie.

Un sort similaire avait auparavant frappé les deux fils du roi défunt Fahed, Abdel Aziz et Mohammad en les démettant de leurs postes respectifs de ministre sans portefeuille et de prince de la région Charkiyya (la capitale de la richesse énergétique du royaume).

Même constat de bannissement pour les fils du deuxième prince héritier sadiri du roi, Nayef, et qui ont été ignorés dans les nouvelles désignations.

Dès lors, il faut supposer que Salmane, l’actuel et troisième prince héritier Sadiri,  est sur ses gardes. Au cas où il accède au trône, il est le seul capable de mettre en l’air toutes les mesures que le roi actuel a prises en faveur de ses fils

Tout dernièrement, ce dernier a désigné deux d’entre eux dans deux postes clé : Méchaal comme prince de la capitale religieuse la Mecque, et Turki comme prince la capitale économique et financière, Riad.

 Constat frappant : les dernières désignations et démissions ont eu lieu durant la visite du ministre de la défense américain Chuck Huggle en Arabie.