Attaque contre une télévision ayant diffusé un communiqué de l’armée. Attaque à la roquette contre la base aérienne de Benghazi.
Un groupe armé a attaqué dimanche le parlement libyen à Tripoli, réclamant sa suspension, au moment où le chef d'une force paramilitaire se dit engagé dans une offensive contre des ex-rebelles à Benghazi (est), qu'il a qualifiés de "terroristes".
Le président du Congrès général national (CGN, Parlement), Nouri Abou Sahmein, n'a pas écarté que l'attaque contre le Parlement ait été commandée par l'ancien général Khalifa Haftar, mais le gouvernement a affirmé plus tard dans un communiqué qu'il n'y avait "aucun lien réel" entre les évènements de Tripoli et Benghazi, à 1.000 km à l'est.
Selon des témoins cités par l'AFP, les assaillants faisaient partie des puissantes brigades de Zenten, connues pour leur opposition aux « islamistes » et qui avaient déjà attaqué le CGN par le passé.
Ces brigades se sont retirées des lieux peu de temps après l'attaque, et des affrontements les ont opposés plus tard à des milices rivales sur la route de l'aéroport.
Ces violences ont fait deux morts et 55 blessés, selon un bilan du gouvernement.
Dans la soirée, un colonel disant parler au nom de l'armée a accentué encore la confusion, en annonçant la "suspension" du CGN, la plus haute autorité politique du pays.
"Nous, membres de l'armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN", a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, précisant qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat.
Ce colonel, originaire de la ville de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli), n'a pas indiqué comment cette annonce allait être mise en oeuvre, en l'absence d'une armée professionnelle dans un pays où les milices font la loi.
Plus tard, une des deux télévisions qui ont diffusé le communiqué, Libya International, a été la cible d'une attaque à la roquette, provoquant des dégâts matériels, mais sans faire de victimes, selon la télévision, considérée comme le bras médiatique des brigades de Zenten.
Coup d'Etat?
En février, les brigades de Zenten avaient donné au CGN quelques heures pour quitter le pouvoir, sans toutefois passer à l'action après l'expiration de leur ultimatum. Le Congrès avait aussitôt dénoncé une menace de "coup d'Etat".
Elu en juillet 2012 pour 18 mois, le CGN a provoqué la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger son mandat jusqu'à décembre 2014.
Sous la pression de la rue, il a cependant annoncé qu'il allait céder la place à un nouveau Parlement, à l'issue d'élections dont la date n'a pas encore été fixée.
A Benghazi, Khalifa Haftar, un général à la retraite ayant pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Kadhafi en 2011, a lancé vendredi matin une opération contre des groupes lourdement armés qui ont fait de cette ville leur fief. Ces affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés.
Plusieurs officiers de la région orientale, y compris de l'armée de l'air, ont rejoint la force de Haftar qui avait mené des raids aériens contre des positions de groupes radicaux.
En réponse, la base aérienne de Benina a été la cible dans la nuit de dimanche à lundi, d'une attaque à la roquette qui n'a pas fait de victimes, selon le commandant de la base, Saad Al-Werfalli, qui a accusé des radicaux d'en être responsables.
Si M. Haftar a retiré ses troupes de Benghazi vendredi, il affirme qu'il ne s'agit pas d'un "abandon". "Chaque bataille est suivie d'une réorganisation de nos unités. Et nous allons revenir avec force", a-t-il déclaré samedi.
Tripoli considère cette offensive comme une tentative de coup d'Etat, selon un communiqué lu samedi par le président du CGN.
M. Haftar a rejeté en bloc ces accusations et martelé que son objectif n'était pas de prendre le pouvoir mais de combattre le terrorisme.
Originaire de l'Est, Khalifa Haftar a été un cadre de l'armée de Kadhafi avant de se faire capturer lors de la guerre libyo-tchadienne (1978-1987). Il a obtenu plus tard l'asile politique aux Etats-Unis où il a passé près de 20 ans avant de rentrer pour participer à la rébellion de 2011.