Ni Aoun , ni Gegagea: le chef du Courant du Futur cherche un autre candidat présidentiel..
Apparemment, la rencontre entre l’ex- Premier ministre Saad Hariri et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea , à Paris, a suscité une grande controverse. En effet, le soi-disant « oui saoudien » concernant la candidature à la présidentielle de Michel Aoun s’est avéré n’être que simples souhaits alors que Hariri compte annuler son soutien à Geagea et à Aoun à la fois, rapporte le quotidien libanais alAkhbar..
Deux jours avant la date de la cinquième session parlementaire prévue pour élire un nouveau président de la République le rythme des contacts et des rencontres libanais s’est accéléré tant à Paris qu’à Riyad.
Or, contrairement à ce qui a été rapporté Lundi par certains médias libanais selon lesquels Hariri aurait proposé Michel Aoun comme président libanais consensuel à Geagea, ce dernier a affirmé dans un communiqué, que « Hariri lui a proposé divers choix , y compris celle de la candidature de Aoun qui s’est présenté comme le président consensuel » ajoutant que « nous allons voir combien le général Michel Aoun est un candidat consensuel, c’est sur cette question que nous nous sommes arrêtés et que nous avons examiné et j'ai exprimé mon opinion » .
Selon des sources du quotidien libanais asSafir, le courant du Futur est de plus en plus enclin à rejeter la candidature d’Aoun, sachant qu’il guette le moment opportun pour également retirer son soutien à la candidature de Geagea et ce dans le but de préparer le terrain pour lancer une nouvelle étape de négociations autour d’un nouveau candidat présidentiel.
Les sources ont souligné qu'il existe une confusion au sein du courant du Futur dans sa manière de gérer le dossier présidentiel, au point d’entrainer le bloc du 14 Mars dans de sérieuses difficultés. Ainsi, certains pôles de ce bloc ont exprimé publiquement leur mécontentement en dépit des rassurances exprimées par le courant envers ses alliés chrétiens surtout Geagea . En fait, le courant a tenté de le convaincre que son dialogue avec Aoun est motivé par des calculs non – présidentiels.
Selon des sources citées par alAkhbar, il semble que les propos de Geagea « serviront de prélude à Hariri pour refuser la candidature de Aoun».
Les sources ont souligné que « Hariri fait croire qu'il a tenté de convaincre les Saoudiens de la candidature d’ Aoun mais il n’a pas réussi et qu’il a tenté de vendre sa candidature au Liban mais le bloc du 14 Mars l’a rejetée ».
Des sources parlementaires du courant du Futur ont rapporté que « le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al -Fayçal a exprimé, à son tour son rejet absolu de Aoun . Toutefois, il ne s’agit que de son opinion personnelle et qui ne reflète pas la position officielle saoudienne c’est-a-dire celle du roi ».
En outre, l'ambassadeur saoudien à Beyrouth Ali Awad Asiri , a laissé entendre ces derniers jours qu’ « il est nécessaire de chercher un candidat autre que les quatre forts candidats maronites soit Aoun, Geagea, Sleimane Frangié et le président Amine Gemayel » .
Consultations libanaises à Paris
Le député Walid Joumblatt est arrivé à Paris Lundi, accompagné de son fils Timor et du ministre Wael Abou Faour pour une visite privée selon les termes de ce dernier. Il a rencontré Hariri à sa résidence avec qui il s’est entretenu durant quatre heures, en présence du Premier ministre Fouad Siniora et de nombreux conseillers, a rapporté le quotidien asSafir.
Selon un communiqué commun, « les points de vue étaient identiques sur la nécessité de tenir des élections présidentielles à leur date constitutionnelle et sur l’intérêt de multiplier les efforts et les contacts nécessaires et possibles pour empêcher un vide présidentiel » soulignant la nécessité à ce que tous les députés soient présents lors des sessions de nomination d’un Président de la République » .
Toujours selon asSafir, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al – Faisal a participé à ses consultations. Ainsi il s’est réuni avec Hariri et Siniora , Lundi , et il aurait également rencontré Geagea sans que cela ne soit confirmée par les deux parties.
Citant des sources importantes au sein du bloc du 14 Mars, les réunions tentent de trouver une solution pour faire avancer les élections présidentielles.
Ces sources ont affirmé qu’il est impossible d’entamer une nouvelle phase dans ces élections présidentielles, il faut d’abord convaincre le général Aoun de l’incapacité du Courant du Futur de soutenir sa candidature.
«C'est là que réside le problème: qui se portera volontaire pour annoncer à Aoun la mauvaise nouvelle, et que signifie le non-soutien du courant du Futur à sa candidature » ?
Les sources ont souligné que c’est sur ce point que les débats à Paris se sont concentrés sachant qu’il a été convenu que ce ne soit pas Hariri qui informe Aoun de la réponse négative et ce dans le but de garder les lignes de communication ouvertes avec lui et préserver le calme réalisé depuis le début du dialogue bilatéral. Surtout, qu’Aoun insiste sur le fait que son dialogue avec le courant du Futur ne se limite pas au dossier présidentiel.
Par ailleurs, les sources ont confirmé que Geagea était prêt à discuter du retrait de sa candidature, mais après avoir étudié toutes options dans un débat sérieux.
Toujours selon des sources proches du courant du Futur, les réunions étaient axées sur les points suivants :
- Rejet du vide présidentiel.
- Continuer à soutenir le candidat du 14 Mars soit Samir Geagea .
- Participer à toutes les sessions parlementaires de nominations d’un président.
- Ne pas utiliser le droit de veto contre n’importe quel candidat .
- Le candidat qui a réussi à obtenir 65 votes doit être félicité.
Salam se rend en Arabie-Saoudite
Le Premier ministre Tammam Salam est arrivé dans la nuit de lundi, à l'aéroport de Jeddah, pour sa première visite en Arabie Saoudite dans le but de rencontrer des responsables saoudiens.
Salam a été accueilli à l'aéroport par le ministre d'Etat et membre du Conseil des ministres, Mossahed el-Aybane, l'ambassadeur d'Arabie Saoudite au Liban, Ali Awadh Assiri et l'ambassadeur du Liban à Riyadh, Abdel Sattar Issa.
Le Premier ministre et la délégation se sont ensuite dirigés vers son lieu de résidence au Palais de l'hospitalité et des congrès.
Le Premier ministre Salam, a espéré que l'élection d'un nouveau président de la République sera une affaire purement libanaise, tout comme la formation du gouvernement, sans aucune ingérence étrangère.
"Nous sommes conscients que les partis politiques libanais entreprennent des contacts avec l'extérieur, toutefois, nous n'avons ressenti aucune ingérence au niveau de la date de l'élection présidentielle," a-t-il signalé aux journalistes, à bord de l'avion en direction de Jeddah.
Il a nié que sa visite en Arabie saoudite ne soit en vue de discuter de l'échéance présidentielle.
"J'avais envie d'entamer ma visite en Arabie Saoudite," a-t-il noté, saluant les donations faites par le royaume au Liban.
Il a enfin espéré qu'il n'y aura pas de "surenchère politique" à partir du 25 mai.
Hale met en garde contre le prix à payer en cas de vide
L'ambassadeur des Etats Unis au Liban, David Hale, a mis en garde, au terme de sa visite à Ain el-Tiné auprès du président de la Chambre, Nabih Berri, contre le prix à payer en cas de vide au sein de la présidence, assurant qu'il est toujours possible d'élire un nouveau chef d'Etat.
"Nous avons réitéré, lors de notre visite, dans la matinée, au palais de Baabda, la position des Etats Unis, visant à pousser les dirigeants libanais à élire un président de la République dans les délais constitutionnels", a-t-il clamé.
Et de conclure: "Notre objectif essentiel consiste à aider les Libanais à sauvegarder le processus électoral. La majorité écrasante des Libanais veut vivre en paix. La communauté internationale veut, pour sa part, appuyer le Liban en ce sens".
Cela dit, selon alAkhbar , Hale a testé la semaine dernière les réactions des Libanais en proposant deux nouvelles candidatures présidentielles Boutros Harb et Robert Ghanem .
Positions françaises
Au niveau des cercles de décision dans la capitale française, le quotidien asSafir rapporte que « des sources diplomatiques françaises ont estimé que le pire de l'échéance de la présidentielle libanaise a été évité. Et que ce qui nous attend est une solution avant la fin de cette échéance le 25 du mois de mai , car tous les avis soutiennent cette possibilité, même si ces sources n’écartent pas totalement l'hypothèse du vide présidentiel ».
Cette conclusion française s’appuie en fait sur l’avis du directeur du département de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères, Jean- François Giraud qui a participé à des réunions tenues à Téhéran. Au cours de ses réunions, il a été confirmé que ni le Hezbollah , ni l'Iran , ne souhaitent un vide présidentiel .
Enfin, selon asSafir, la France n’a pas un candidat qu’elle soutient ou qu’elle rejette. Tout comme il n’existe pas de directive américaine envers la diplomatie française lui confiant le dossier présidentiel libanais.
Cependant , une source diplomatique a expliqué que malgré cela , nous continuons de consulter nos alliés , les Américains , dans les dossiers du Moyen-Orient , y compris le Liban , toutefois, les Américains ne nous ont pas demandé de soutenir et ou de s’opposer à tel ou tel candidat.
Sources: Asafir, alAkhbar