Lavrov accuse les Occidentaux de vouloir contraindre la Russie de reconnaître d’avance la légitimité de l’élection présidentielle prévue à Kiev le dimanche 25 mai.
Alors que le président russe Vladimir Poutine mettait en garde les Européens que les sanctions imposées à la Russie, les visaient eux avant tout, son assistant assurait que son pays a élaboré un "plan secret" de mesures pour y réagir.
« Si on impose des sanctions à la Russie, nous savons déjà comment y réagir», a annoncé vendredi l'assistant du président russe, Andreï Belooussov à la chaîne de télévision Rossia 24, en marge du forum économique international organisé par Moscou à Saint-Pétersbourg.
« Ce n'est pas une stratégie, mais une tactique. Elle a la forme d'un document. Ce document est secret pour des raisons évidentes. Mais tout y est nettement marqué en fonction du degré des sanctions: s'il s'agit de sanctions contre des personnes physiques, des sociétés, de sanctions sectorielles ou universelles, si ces sanctions frappent ou non le système bancaire », s’est-il contenté d’expliquer.
Les sanctions US contre la Russie visent l'Europe
Or, selon le président russe Vladimir Poutine, les sanctions contre la Russie ont pour seul objectif de donner aux Etats-Unis des avantages concurrentiels dans leurs échanges économiques et commerciaux avec l'Europe.
"Quand je vois les Etats-Unis insister sur la nécessité de sanctions contre la Russie, je commence à soupçonner nos amis américains de vouloir obtenir certains avantages dans leurs échanges économiques et commerciaux avec l'Europe. Je ne vois aucune autre raison qui soit aussi sérieuse et profonde. J'espère pourtant que le bon sens prendra le dessus", a-t-il indiqué dans son discours lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Poutine a également tenu à rappeler que les échanges commerciaux de la Russie avec les Etats-Unis se chiffraient à 27,8 milliards de dollars contre 440 milliards de dollars avec l'Europe.
Rouble et Yuan
Le numéro un russe s’est également arrêté dans son discours de Saint Petersburg sur le récent accord conclu avec la Chine, en révélant que les deux pays comptaient augmenter le rôle du rouble et du yuan.
"Nous comptons doubler les échanges commerciaux d'ici 2020, le portant à 200 milliards de dollars contre 90 milliards de dollars actuellement. Nous allons augmenter le rôle du rouble et du yuan dans les échanges réciproques", a indiqué M. Poutine.
"Nous nous sommes mis d'accord sur les livraisons de gaz naturel russe en Chine pendant ma récente visite dans ce pays. Le montant du contrat est impressionnant, à savoir 400 milliards de dollars. Le prix du gaz sera calculé selon une formule standard, en fonction du prix du pétrole et des produits pétroliers", a ajouté le président russe.
Politique d’endiguement
Pour sa part, le chef de la diplomatie russe a accusé l’Occident de suivre "une politique douce d’endiguement de la Russie".
Lors de la tenue de la conférence organisée à Moscou sur la sécurité internationale, Sergueï Lavrov reproche aux Européens qui d’après lui ont «donné au monde deux catastrophes globales le siècle dernier », en allusion aux deux guerres mondiales, de vouloir "étendre vers l’Est l’espace géopolitique qui est sous leur contrôle". Et ce au lieu « de saisir une chance historique de construire une grande Europe sans ligne de partage ».
Contraindre la Russie
Sur l’échéance présidentielle qui doit se tenir à l’ouest de l’Ukraine dimanche 25 mai, avec le soutien des Occidentaux, Lavrov a révélé que d’aucun « essaie de contraindre la Russie de reconnaître d'avance la légitimité de cette élection».
"Nous n'avons pas déclaré que l'élection serait a priori illégitime, mais, par contre, on essaie de nous obliger à la reconnaître a priori légitime. La chancelière allemande Angela Merkel nous y exhorte, comme certains autres leaders occidentaux, mais c'est absurde. Comment peut-on affirmer qu'une élection sera légitime plusieurs jours avant sa tenue", a déclaré le ministre dans les couloirs du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Et d'ajouter que Moscou veillera au déroulement de la présidentielle du 25 mai en Ukraine pour savoir "ce qui s'y produira, qui votera, comment sera organisé le scrutin et s'il se déroulera sous la canonnade de la soi-disant opération antiterroriste qui tue des civils".
Version AFP: contradiction
Cette position intervient alors que l’AFP publiait vendredi un papier intitulé «Poutine respectera le "choix" des Ukrainiens », comme s’il reconnaissant la légitimité du scrutin. Tandis que le contenu de l’article véhiculait une position était plutôt nuancé.
« En principe, en vertu de la Constitution, il ne peut y avoir d'élection car le président (Viktor) Ianoukovitch (...) est le président en exercice", a déclaré M. Poutine, selon l'AFP.
Mais "nous voulons nous aussi qu'en fin de compte le calme revienne (en Ukraine), nous allons respecter le choix du peuple ukrainien", a-t-il ajouté, assurant que Moscou "travaillerait avec les nouvelles autorités".
L’AFP commentait en ces termes : « A Saint-Pétersbourg, le maître du Kremlin a soigneusement choisi ses mots pour signifier qu'il respecterait le "choix" dans les urnes du peuple ukrainien, sans pour autant dire qu'il reconnaîtrait le président ou que celui-ci serait légitime. »
Sachant que le nouveau régime installé à Kiev avec l’aide des Occidentaux accuse Moscou de soutenir les protestations des partisans de la fédéralisation du pays et de chercher à saper l'élection présidentielle.
Pour leur part, les "républiques populaires" de Donetsk et de Lougansk (est) ont proclamé leur indépendance vis-à-vis de Kiev et refusent de prendre part à l'élection.
Sources: Voix de la Russie, Ria Novosti