Une étude du magazine américain « Forbes » donne des précisions utiles
C’est Forbes, un magazine de renommée mondiale qui s’est penché sur les procédés réussis de la République islamique d’Iran pour vaincre les sanctions qui lui sont imposés.
« L’Iran n’a pas été affaibli par les sanctions américaines, mais il a transformé les sanctions en une opportunité afin de se renforcer », a conclu son chroniqueur Addison Wiggin, dans un article publié récemment, intitulé «Comment l’or a-t-il aidé l’Iran à tenir tête aux Etats-Unis ? ». L’auteur s’y appuie sur les théories de Jim Rickards auteur du livre intitulé « La mort de l’argent : effondrement du système monétaire international ».
Selon ce dernier, le modèle iranien a appris aux autres pays que même s’ils n’ont pas la possibilité de résister militairement aux Etats-Unis, ils peuvent toutefois les défier véritablement dans les guerres financières ou électroniques.
Comment? Wiggin écrit : « En 2012-2013, l’Iran et les Etats-Unis se sont affrontés dans une guerre financière. Mon ami, Jim Rickards estime que l’Iran a réussi à tenir tête aux Etats-Unis dans cette guerre. J’ai essayé d’en trouver des documents concrets. Il faut remonter en 2012 pour se souvenir de l’époque où les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé d’intensifier les sanctions économiques contre la République islamique d’Iran. Ainsi, ils ont rompu l’accès de l’Iran au réseau des paiements internationaux, et la communauté mondiale des transactions interbancaires SWIFT.
Or en mars 2012, la Turquie multipliait par deux le taux de l’exportation de l’or vers l’Iran par rapport au mois précédent. Ce chiffre montrait d’ailleurs que le taux exportation turque de l’or vers l’Iran était 37 fois plus important par rapport au mois de mars 2011.
J’ai écrit sur mon site web personnel Apogee Advisory que le gaz naturel est pratiquement la seule source de la production l’électricité en Turquie. Alors que l’Iran vend 90% de son gaz naturel à la Turquie, lequel représente 18% de son gaz naturel. Sans le gaz iranien, la Turquie dépendrait entièrement de la Russie. Sous le régime des sanctions, comme la Turquie n’est pas capable de payer le gaz iranien en dollar ou en euro, elle le paie en or. C’est ce que l’Inde fait à son tour, pour payer le pétrole iranien. Avec cet or, l’Iran peut acheter des nourritures et des marchandises à la Chine et à la Russie. »
Dans son ouvrage, Rickards écrit que l’or est devenu l’artère vitale de l’économie iranienne. En juillet 2013, le trésor américain l’a découvert, et a imposé une série de restrictions à la vente de l’or à l’Iran. Or implicitement, les Etats-Unis acceptaient finalement que l’or c’est de l’argent.
A ce stade, l’Iran a augmenté le taux de ses interactions avec les devises locales (d’autres monnaies que le dollar ou l’euro). Il a réussi par exemple à vendre son pétrole à l’Inde en échange de roupies. Il a ensuite déposé cet argent auprès des banques indiennes. C’était bel et bien une méthode réussie pour contourner les sanctions économiques des Etats-Unis.
En outre, l’Iran a profité des services des banques chinoises et russes pour couvrir ses paiements.
Selon Rickards, l’Iran a pu montrer que la guerre financière peut également se combiner à la cyber-guerre. Par exemple, les experts occidentaux disent que les hackers iraniens ont réussi à attaquer, il y a un mois, les systèmes de contrôle des réseaux mondiaux des lignes du transfert du gaz et du pétrole.
Il y a un an, quand l’Iran et les Etats-Unis se sont mis d’accord sur la reprise des négociations autour du programme nucléaire américain, le président Obama a décidé de lever les sanctions sur la vente de l’or à l’Iran. C’était l’une des rares sanctions que le président Obama pouvait lever sans en demander l’autorisation au Congrès américain.
Rickards conclut : « L’Iran s’est battu avec acharnement contre les sanctions économiques des Etats-Unis. La guerre financière entre les deux pays dans les années 2012-2013 a prouvé que les pays qui ne peuvent pas résister militairement à la supériorité des Etats-Unis, pourront cependant tenir tête à la superpuissance américaine dans la guerre financière et électronique. »
L’auteur de l’article de « Forbes » écrit : « Je veux aller plus loin en disant que lorsque les Iraniens ont accepté, il y a un an, de se mettre à la table des négociations nucléaires, les dirigeants américains étaient ivres de fierté et d’un sentiment de victoire. Mais l’ancien ambassadeur des Etats-Unis William Miller a dit au journaliste de los Angeles Times : " Détrompez-vous. Les sanctions les ont rendu plus intransigeants".
L’auteur rappelle qu’en 2003, quand les Etats-Unis ont rejeté les propositions iraniennes, l’Iran n’avait que 164 centrifugeuses pour enrichir de l’uranium. En 2013, il en comptait 19.000 !
Irib