26-11-2024 09:53 PM Jerusalem Timing

Visite du pape: "pas d’agenda politique" mais des "gestes" (Vatican)

Visite du pape:

Le pape François a appelé au libre accès des croyants de toutes les religions aux lieux saints à Jérusalem, al-Qods.


Le pape François "n'a pas d'agenda politique" mais il a décidé de rajouter plusieurs "gestes" à sa visite au Proche-Orient, a affirmé lundi son porte-parole, le père Federico Lombardi.

Interrogé sur la tournure "politique" du voyage papal, bien qu'il ait annoncé à l'avance un "pèlerinage strictement religieux", le père Lombardi a déclaré lors d'un point presse que les deux visites imprévues dans son programme "étaient significatifs et permettaient de le compléter".

En s'arrêtant dimanche devant le mur de l’apartheid israélien en Cisjordanie et en ajoutant au pied levé lundi matin, sur suggestion israélienne, une étape au mémorial des victimes d'attentats à Jérusalem al-Qods, le pape a raisonné comme un "prophète" qui "voit au-delà" des blocages actuels afin d'indiquer des "voies", des "ponts" possibles, a ajouté le porte-parole.

"Ils n'ont pas été des gestes contre (quelqu'un). Il est toujours difficile d'interpréter les signes positifs", a-t-il plaidé.

« Le pape François a voulu faire un geste d'une part contre un mur qui ne conduit pas à la paix et, d'autre part, contre le terrorisme qui tue les innocents et détruit la paix », a-t-il expliqué.

"Le pape se sent libre de décider ce qu'il veut faire", a observé le prêtre jésuite, précisant que la décision de s'arrêter au mémorial des morts d'attentats anti-israéliens avait été prise lundi matin, à la requête de responsables israéliens, alors que le pape se rendait au mémorial de la Shoah de Yad Vashem tout proche.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a personnellement souhaité cette halte surprise pour "rééquilibrer" celle au pied du mur de séparation à Bethléem qui, selon les médias israéliens, l'a rendu furieux.

Après l'étape devant la barrière à Bethléem, "quand j'ai entendu des réactions de mécontentement côté israélien, je n'ai pas été surpris", a reconnu le père Lombardi.

"Le pape n'était pas informé que le mémorial (aux victimes d'attentats) existait. Puisque c'était possible dans le programme, il a rajouté cette étape", a-t-il expliqué.

Interrogé sur l'invitation à venir prier pour la paix au Vatican, lancée par le pape aux présidents Mahmoud Abbas et Shimon Peres qui l'ont acceptée, le porte-parole a fait savoir "qu'il ne pouvait donner une date précise".

"Vous devez attendre une communication officielle", a-t-il admis, alors que le négociateur palestinien Saëb Erakat a annoncé que Abbas avait donné son accord pour la date du 6 juin.

Pour cette rencontre de "prière", "le pape n'a pas d'agenda politique et n'a pas de propositions concrètes, car ce n'est pas dans son rôle", a souligné le père Lombardi.

"Tout le monde sait que nous espérons de nouvelles inspirations, un nouveau courage dans le processus de paix" de la part des protagonistes, a-t-il cependant remarqué.

Le pape François appelle à la liberté de culte pour tous les croyants à
al-Qods

Le pape François a appelé au libre accès des croyants de toutes les religions aux lieux saints à Jérusalem.

Dans une collision des calendriers spirituel et temporel, la municipalité israélienne a approuvé un plan de construction de 50 logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est, une décision qui "dénote un manque total de sensibilité", a déploré un conseiller municipal d'opposition.

Auparavant, le mufti de Jérusalem, Mohammad Hussein, l'avait pressé d'intervenir auprès d'Israël pour "arrêter l'agression contre notre peuple, notre terre, et nos lieux saints et permettre la liberté d'accès aux musulmans et chrétiens de notre peuple à leurs lieux saints d'Al-Aqsa et du Saint-Sépulcre".

Le pape, accompagné du patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée lors de cette rencontre sur l'esplanade des Mosquées, site sacré pour l'islam et le judaïsme, a appelé au dialogue et à la tolérance entre les trois religions monothéistes "pour la justice et la paix".
"Que personne n'instrumentalise par la violence le nom de Dieu!", a-t-il lancé.

Après s'être recueilli devant le Mur des Lamentations, en contrebas, où il a glissé un message de prière, Jorge Bergoglio a fraternellement embrassé le rabbin Abraham Skorka et le professeur musulman Omar Abboud, ses deux vieux amis de Buenos Aires, dans une accolade réunissant symboliquement les trois religions et leurs quelque trois milliards de fidèles.
   
 - 'Abîme' de la Shoah -

Lors de la rencontre entre le pape et deux Grands rabbins d'Israël, le Grand rabbin ashkénaze Davi Lau a dénoncé les attentats à Jérusalem comme des "crimes de haine au nom de la religion".

Selon le quotidien Yédiot Aharonot, Israël a exprimé son mécontentement au Vatican après sa prière muette dimanche au pied du mur de séparation à Bethléem, en Cisjordanie, achevé aux deux tiers, qui isole le territoire palestinien de Jérusalem.

Reçu par le pape à Notre-Dame, une propriété du Vatican à la limite entre l'Ouest et l'Est de Jérusalem, Netanyahu lui a assuré que cette barrière avait "sauvé des milliers de vies". "Depuis sa construction, le terrorisme s'est arrêté", a-t-il dit.

Dans un rapport publié en vue de l'anniversaire d'occupation et l'annexion de Jérusalem-Est en 1967, une organisation de défense des droits de l'Homme souligne que quelque 100.000 habitants de quartiers palestiniens, séparés du reste de la ville par la barrière, "ne bénéficient pas même des services de base".

Dans un autre signe d'amitié envers Israël, François a fait déposer une
grande gerbe aux couleurs jaune et blanche du Vatican sur la tombe du père fondateur du sionisme Theodor Herzl, une première pour un pape, dénoncée par des militants palestiniens.

Au mémorial de la Shoah à Yad Vashem, Jorge Bergoglio a prononcé une longue méditation empreinte d'émotion sur cette "tragédie incommensurable" et "l'abîme" qu'elle a constitué pour l'humanité, rallumant la flamme du mémorial et saluant des survivants.

Il rencontrera également de nouveau des religieux de différentes confessions chrétiennes, en particulier orthodoxes, dans un rapprochement historique qui a justifié ce pèlerinage, 50 ans après le sommet à Jérusalem entre le pape Paul VI et le chef de l'Eglise orthodoxe de l'époque, Athénagoras.

Le patriarche maronite libanais Bechara Raï, dont la visite avec le pape a soulevé de vives critiques au Liban, se joindra à cette prière au jardin de Gethsémani.

François conclura son pèlerinage, qui avait débuté samedi en Jordanie, par une messe au Cénacle, un site sacré pour les trois religions, au grand dam d'extrémistes juifs qui en revendiquent l'exclusivité.