22-11-2024 10:39 PM Jerusalem Timing

Espagne et Grèce: vers un printemps européen ? ( 1ère partie)

Espagne et Grèce: vers un printemps européen ? ( 1ère partie)

Il semble que la situation dans les démocraties occidentales n’est pas meilleure que dans les dictatures arabes. Crise économique rime avec une classe politique corrompue et un système oligarque.

Deux pays européens ont suivi le pas du « printemps arabe », de l’autre côté de la méditerranée : l’Espagne et la Grèce.
Avec pour tous deux la même appellation « les indignés », signe de colère aussi bien en raison de la crise économique, qu’en raison de la corruption d’une classe politique, dont le vrai visage se révèle jour après jour : une concupiscence qui convoite aussi bien le pouvoir que le sexe. La partie apparente de l’Iceberg étant pour le moment le Premier ministre italien Silvio Berlusconi e
t le candidat favori aux présidentielles françaises et l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn.

1ère partie :
 

l’Espagne des 40% de chômeurs s'insurge

 Vendredi , les indignés espagnols de Barcelone et de Madrid ont fait savoir qu’ils ne comptaient pas baisser les bras. Des dizaines milliers  se sont de nouveau rassemblés le soir, pour crier leur colère.
Pourtant, dans la matinée, casqués et armés de matraque et de fusil à balle de caoutchouc, les policiers étaient intervenus pour démanteler les tentes qu’ils avaient installées depuis une dizaine de jours à Barcelone, escortés par des camions de nettoyage qui ont emporté leurs tentes et leur matériel.

L’explication avancée par les autorités municipales est d’une hypocrisie sidérante : « faire place nette dans la perspective des célébrations prévues samedi soir, en cas de victoire du FC Barcelone en finale de la Ligue des champions de football, contre Manchester United à Londres ».
Elle touche un point de faiblesse, voire un sacro-saint chez les gens: Le football!!

Parmi les manifestants dans la capitale catalane, il y a eu plus de 100 blessés  dont 12 ont été hospitalisés. Alors que 37 policiers ont été atteints.
Mais l’effet fut totalement inverse.
L'intervention policière et les images de manifestants traînés à terre ou frappés à coups de matraques ont immédiatement provoqué des réactions de colère, relayées toute la journée sur Twitter. 
 
Aussitôt, la foule des manifestants a de nouveau envahi la place. Dans la soirée, une dizaine de tentes avaient déjà été remontées.
  
"Voilà à quoi mène la brutalité policière. Que beaucoup plus de gens se réunissent pour protester", affirmait Maite Loureiro, une dessinatrice au chômage de 30 ans, qui manifestait à Barcelone.
"Mais ceci est aussi la faute des politiciens qui ne nous écoutent pas".
  
Le mouvement des jeunes "indignés", rejoint par des citoyens de tous horizons et largement relayé par les réseaux sociaux, s'est développé depuis le 15 mai autour de revendications multiples, visant le chômage, la "corruption" des hommes politiques ou la loi électorale favorisant les grands partis.

Le pourquoi de l’indignation


Pour expliquer les motivations des manifestants, le site en ligne « Thala solidaire » a questionné Bernard Bessière, universitaire français spécialiste de L’Espagne contemporaine. Sa vision est que cette révolte sonne comme un « cri de désespoir ».

Il a également livré le profil des manifestants :

((Depuis le début de la crise économique en 2008, on voit se développer la « génération ni-ni ». Ce sont des jeunes qui n’ont ni travail, ni cursus scolaire en cours et qui ne croient plus ni en la gauche, ni en la droite.
Ils subissent la crise et sont découragés. Leur mobilisation a été une surprise totale puisque spontanée. Ils ne sont pas organisés, à part sous forme d’associations.
Ces jeunes n’ont qu’un mot d’ordre : « ¡ Democracia Real YA ! » (Une vraie démocratie maintenant !).
Depuis une semaine, ces mobilisations illustrent un réel cri de désespoir qui s’étend désormais aux chômeurs ou actifs également touchés par un sentiment de ras-le-bol général.))


Bessière explique aussi le déclic :

  ((L’Espagne possède un taux de chômage d’un pays sous-développé. (Plus de 40%)) Les réformes pour contrecarrer la crise, comme la réduction de 5 % des salaires et le report de l’âge de départ à la retraite à 67 ans, n’ont rien changé au problème.
Au niveau immobilier, un million d’habitats est inoccupé et les banques ne prêtent plus aux Espagnols qui veulent devenir propriétaires.
Le système politique espagnol est également rejeté. Il existe dans le pays une bipolarisation politique énorme, avec 80 % des électeurs qui votent pour la gauche ou la droite.
Le centre est inexistant et l’extrême-gauche s’est effondrée.))


À la question de savoir si la claque électorale assénée aux socialistes ce week-end changera-t-elle la donne, il a répondu :
 


((Ces rassemblements ressemblent à un « mai 68 dramatique ». Il n’y a ni utopie, ni fête, juste une expression de douleur et d’abandon. Elle n’est pas partie d’un calcul mais d’un ras-le-bol d’une trop grande différence entre les plus riches et les plus pauvres, d’une corruption dans les grands partis dont les élus sont actuellement en procès et qui continuent d’exercer. Ça semble « normal » en Espagne que des mafieux soient au pouvoir. C’est un tout. Ils n’obtiendront rien des politiques. Le fait que la droite gagne ne changera rien)).



A suivre