Le "trafic explose, parce qu’il est très lucratif, parce qu’il y a derrière, aujourd’hui, de vrais réseaux criminels et son impact touche de plein fouet les populations, et d’abord les plus pauvres".
Le trafic des faux médicaments "explose" dans le monde et doit être combattu par une coopération internationale renforcée et l'information des populations, ont estimé mercredi des experts lors d'un séminaire organisé par la France à Washington.
Il y a une "explosion du trafic" de ces médicaments, a indiqué la présidente d'Interpol Mireille Ballestrazzi qui participait à une journéed'échanges au côté de dizaines d'autres experts, souvent français et américains, à l'ambassade de France de Washington.
Cette conférence a été également l'occasion de mettre la dernière touche à un accord de partenariat entre la France et les Etats-Unis dans la lutte contre ce trafic, qui sera signé prochainement.
Le "trafic explose, parce qu'il est très lucratif, parce qu'il y a derrière, aujourd'hui, de vrais réseaux criminels et son impact touche de plein fouet les populations, et d'abord les plus pauvres", a indiqué Mme Ballestrazzi à l'AFP.
La contrefaçon, difficile à quantifier, pourrait concerner 10% du marché mondial. Selon l'OMS (Organisation mondiale de la Santé), environ 50% des médicaments vendus sur internet seraient des faux. Tous les types de produits sont contrefaits, avec une prédominance pour ceux type Viagra, selon les experts.
En Afrique, renchérit Aline Plançon, sous-directrice d'Interpol chargée de ce secteur, des études ont montré que "30 à 40%" des médicaments étaient contrefaits.
Le profil du trafiquant va des réseaux très organisés en Europe de l'est, en Amérique Latine ou aux Etats-Unis qui achètent des principes actifs à des laboratoires à des groupes d'individus fabriquant de fausses pilules avec du plâtre, de la peinture ou même de la poussière.
Il y a quelques années, des dizaines d'enfants sont morts en Afrique "à cause d'un faux sirop qui contenait de l'alcool de batterie", précise le colonel Bruno Manin, qui dirige l'OCLAESP, un service de la gendarmerie spécialisé.
200.000 personnes mourraient chaque année à cause de faux médicaments contre la malaria, ajoute-t-il.
Pour lutter contre cette criminalité aux multiples facettes, il faut une riposte également diversifiée, ajoute le colonel, avec "une coopération internationale, interministérielle, des spécialistes en cybercriminalité et en délinquance financière".