C’est la première visite d’un chef de l’Etat turc en République islamique. Il est accompagnée d’une importante délégation économique.
Le président turc Abdullah Gül est attendu dimanche à Téhéran à la tête d'une forte délégation économique pour une visite officielle destinée à resserrer les liens entre la Turquie et l'Iran, qui est sous le coup de sévères sanctions internationales pour sa politique nucléaire.
M. Gül sera accompagné de plusieurs ministres, dont celui des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu, et par une importante délégation d'hommes d'affaires, d'universitaires, de journalistes et de députés, a indiqué à l'AFP une source gouvernementale turque à Ankara.
M. Gül doit évoquer lundi à Téhéran avec son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad divers dossiers internationaux et régionaux, ainsi que l'approfondissement des rapports bilatéraux politiques, économiques et commerciaux, selon des sources turques et iraniennes.
Le chef de l'Etat turc se rendra aussi à Tabriz (nord-ouest) et Ispahan (centre).
Le président Gül s'est déjà rendu à Téhéran en mars 2009 pour un sommet de l'ECO, mais c'est la première fois qu'il effectue une visite officielle en Iran dans un cadre bilatéral depuis son élection en 2007.
Téhéran et Ankara ont considérablement renforcé leurs relations économiques et politiques ces dernières années, en dépit des sanctions internationales prises contre l'Iran par le Conseil de sécurité de l'ONU et les principaux pays occidentaux pour tenter de forcer Téhéran à modifier son programme nucléaire controversé.
En septembre, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a appelé à un "rapprochement économique avec l'Iran", tandis que le nouveau ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi a fait du rapprochement avec Ankara l'une de ses deux priorités.
Les deux voisins, qui comptent ensemble une population de 150 millions d'habitants, ont annoncé leur intention de tripler d'ici 2015 leurs échanges commerciaux à 30 milliards de dollars.
La visite de M. Gül doit permettre la signature d'un "accord de préférence tarifaire" destiné à stimuler ces échanges, déjà passés de 1 à 10 milliards de dollars au cours des dix dernières années, selon les responsables iraniens.
L'Iran a passé en juillet un contrat d'un milliard d'euros avec une compagnie turque pour la construction d'un gazoduc de 660 km qui lui permettra de tripler ses exportations de gaz vers la Turquie de 18 à 60 millions de m3/jour.
Les deux pays se sont aussi rapprochés sur le plan politique, Ankara ayant pris la défense de Téhéran dans ses délicates négociations nucléaires avec les grandes puissances.
La Turquie a cosigné en mai 2009, avec le Brésil, une proposition iranienne d'échange de combustible avec les grandes puissances destinée à essayer de trouver une issue diplomatique à la crise.
Ankara a voté contre le renforcement des sanctions internationales contre Téhéran décidé en juin par le Conseil de sécurité de l'ONU, et refuse d'appliquer les sanctions additionnelles prises par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Ankara a notamment refusé de prendre des mesures contre des entreprises iraniennes basées en Turquie et accusées par Washington de contourner l'embargo américain contre Téhéran.
"C'est la liste noire des Etats-Unis, pas la nôtre. Nous sommes liés par les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU", qui sont appliquées "rigoureusement", a réaffirmé mercredi le ministre du Commerce extérieur Zafer Caglayan. Mais "il est hors de question d'imposer des sanctions à ces entreprises ou d'interdire leurs activités en dehors du cadre défini par le droit turc".