Selon les organisateurs, des blindés et des chars ont été déployés sur la place qui a été vidée de tout manifestant. Mais certains des protestataires se sont réfugiés sur les toits des immeubles proches.
Les forces de l'ordre ont démantelé par la force et au prix de 20 morts le sit-in de Taëz, grande ville du sud-ouest du Yémen et l'une des premières à s'être levée contre le président Ali Abdallah Saleh.
Dans le sud du pays, quatre soldats, dont un colonel, ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi dans une embuscade tendue par des éléments d'Al-Qaïda près de la ville de Zinjibar qu'ils tiennent depuis 24 heures.
"Au moins 20 protestataires ont été tués dans les affrontements avec les forces de l'ordre qui ont duré de 18H00 (15H00 GMT) dimanche à 04H00 (01H00 GMT) lundi", a déclaré l'un des organisateurs du sit-in de Taëz.
Ce bilan inclut trois manifestants tués devant un poste de police proche du lieu du rassemblement, avant l'assaut donné par les forces de l'ordre à la "place de la Liberté" où se tenait le sit-in permanent, a précisé un autre organisateur.
Selon les organisateurs, des blindés et des chars ont été déployés sur la place qui a été vidée de tout manifestant.
Mais certains des protestataires se sont réfugiés sur les toits des immeubles proches, ont encore indiqué ces sources en affirmant que le mouvement d'opposition allait se poursuivre.
Les chars et les blindés ont attaqué en pleine nuit, sous un feu nourri, la "Place de la Liberté" où des manifestants campent depuis janvier pour réclamer le départ du président Saleh. Les militaires ont mis le feu aux tentes des opposants et évacué la place, selon des témoins.
Des centaines de manifestants qui tentaient de fuir l'assaut ont été pourchassés dans les rues latérales et arrêtés, ont ajouté les témoins.
Selon cette source, 37 blessés -dont plusieurs dans un état grave- qui se trouvaient dans l'hôpital de campagne installé par les manifestants sur la place ont également été arrêtés.
"C'est un massacre. Les blessés ont été traînés de force dans les rues pour être arrêtés", a affirmé à l'AFP une activiste, Bouchra al-Maqtari.
Selon l'agence officielle Saba, le président yéménite a réuni dans la nuit les chefs militaires qui lui restent fidèles, les appelant à "résister et à répondre fermement aux défis" posés selon lui par "les hors-la-loi et les
corrompus", dans une référence à ses opposants.
Taëz, à 270 km au sud de Sanaa, est l'un des foyers de la contestation contre le régime du chef de l'Etat yéménite. Elle a été la première ville du pays à organiser un sit-in permanent contre le président Saleh, avant Sanaa où
le rassemblement sur la "Place du Changement" a commencé le 21 février.
Saleh a refusé la semaine dernière de signer un accord prévoyant son départ élaboré par les monarchies arabes du Golfe et mis en garde l'opposition contre une "guerre civile".
Celle-ci s'est indignée dans un communiqué de la violence excessive à Taëz, n'hésitant pas à qualifier l'attaque de "crime contre l'humanité" et appelé à
des pressions internationales pour obtenir le départ de Saleh.