24-11-2024 12:27 PM Jerusalem Timing

Les Kurdes irakiens vont livrer du pétrole à la Turquie

Les Kurdes irakiens vont livrer du pétrole à la Turquie

Les Kurdes irakiens veulent exporter le pétrole de leur région en contournant Bagdad.

L'autonomie kurde du nord de l'Irak est entrée en conflit avec le gouvernement central du pays: en effet, les Kurdes irakiens veulent exporter le pétrole de leur région en contournant Bagdad, écrit vendredi le quotidien Kommersant.

L'accord convenu avec Ankara fin 2013 a été récemment prolongé de 50 ans, suscitant la colère des autorités irakiennes. La tension s'est accrue quand les Kurdes, soutenus par la Turquie, ont menacé d'organiser un référendum sur l'indépendance de la région.

Ce nouvel accord entre Ankara et Erbil, capitale de l'autonomie kurde, est une mauvaise surprise pour le gouvernement irakien.

Le ministère de l'Energie a rappelé qu'il considérait les fournitures pétrolières en Turquie comme un trafic, et le premier ministre Nouri al-Maliki a parlé de "fraude", après l'annonce du chef de gouvernement du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, selon qui la Turquie achèterait du pétrole aux Kurdes au moins dans les 50 prochaines années.

L'Irak a qualifié ces exportations pétrolières contournant Bagdad d'illégales en début d'année déjà, dès qu'elles ont commencé. Le fait est que les Kurdes ont refusé de verser au Trésor irakien les recettes des ventes du pétrole produit sur leur territoire. Conformément à la législation, le gouvernement central devait retenir 83% des recettes. "En vendant à la Turquie 1 million de barils par semaine les Kurdes cherchent à mettre un terme aux extorsions du gouvernement irakien", affirme Ghassan al-Attiyah, directeur de l'Institut irakien pour la démocratie et le développement à Londres.

Après avoir signé un accord avec Erbil, Ankara, intéressé par les sources d'hydrocarbures alternatives, a définitivement brouillé les autorités irakiennes avec l'autonomie kurde.

Cependant, le gouvernement turc s'efforce de ne pas voir la différence entre l'Irak et sa région autonome, qui aspire de plus en plus à l'indépendance économique et politique. Les habitants du Kurdistan irakien représentent près de 20% de la population de l'Irak.

La Turquie affirme être contrainte de coopérer avec Erbil parce qu'elle souffre des perturbations de fournitures pétrolières sur les itinéraires contrôlés par Bagdad. Ainsi, la capacité de l'oléoduc Kirkouk-Yumurtalık est trois fois inférieure à la norme depuis 18 mois. Alors que le projet d'approvisionnement depuis le sud irakien par l'oléoduc Basra-Ceyhan, considéré comme le plus prometteur, n'avance pas depuis plusieurs années.

Les autorités du Kurdistan ont décidé de passer un accord avec Ankara quand Bagdad a privé l'autonomie de subventions. Erbil avait déclaré à l'époque que le gouvernement du pays voulait provoquer une crise économique au sein de l'autonomie. Depuis, le conflit entre les autorités kurdes et le gouvernement d'al-Maliki n'a cessé de s'intensifier.

Cette fois, l'entourage du premier ministre kurde Nechirvan Barzani a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de reculer et s'est dit prêt à prendre des mesures plus radicales, en organisant par exemple un référendum sur l'indépendance du Kurdistan.