Selon le bureau de M. Peres, le pape François, le président israélien et le président Abbas lanceront "un appel conjoint à la paix aux peuples du monde entier".
L'invocation pour la paix unissant les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas dimanche au
Vatican devrait rester largement apolitique de l'aveu même de son inspirateur, le pape François, dont le récent pèlerinage en Terre sainte n'a pas fait l'unanimité en "Israël".
Elle survient en pleine crise du processus de paix, dans un climat de défiance entre l'entité sioniste et les Palestiniens, au moment où une solution à l'interminable conflit paraît plus que jamais éloignée.
Dernière escalade: au gouvernement de réconciliation palestinien intronisé le 2 juin, "Israël" a répondu par une relance massive de la colonisation.
Pour le pape, cette initiative sans précédent s'apparente à un nouvel exercice d'équilibriste après son voyage fin mai au Proche-Orient "confisqué" par la politique, selon les analystes.
"Cette rencontre de prière ne sera pas pour une médiation ou pour chercher des solutions. Nous nous réunissons pour prier, c'est tout. Après, chacun reviendra chez soi", a insisté le pontife à son retour de Terre sainte.
Il a lui-même avoué que ce serait "une folie" de sa part de faire des propositions de paix.
Pour le chef de l'Eglise catholique, il s'agit de montrer que les trois religions monothéistes ont des racines communes et doivent oeuvrer ensemble pour la paix.
Le président israélien, accompagné de rabbins et d'imams, et son homologue palestinien se rendront séparément à Rome.
Peres "mettra un accent particulier sur l'importance du dialogue inter-religieux", a précisé son bureau, soulignant que "l'événement aura lieu dans le jardin dépourvu de symboles religieux et qui n'est pas un endroit de prière pour garantir qu'il sera conforme à la tradition juive".
Le Grand rabbinat d'"Israël" interdit aux juifs d'entrer dans une église.
Avant son voyage, le prix Nobel de la Paix a consulté le Grand rabbin séfarade Yitzhak Yossef. Il a également reçu l'aval du gouvernement, comme il est d'usage pour ses missions à l'étranger, même si, selon le quotidien Maariv, le cabinet de Benjamin Netanyahu était divisé sur l'opportunité de la visite.
Partenaire pour la paix
Selon le bureau de M. Peres, le pape François, le président israélien et le président Abbas lanceront "un appel conjoint à la paix aux peuples du monde entier".
Les deux dirigeants israélien et palestinien, qui se connaissent depuis longtemps, se sont taillés une réputation de modérés, qui leur vaut l'exécration des extrémistes de leur camp.
Shimon Peres salue régulièrement en Mahmoud Abbas un "partenaire pour la paix", à rebours du Premier ministre Netanyahu.
Le président de l'Autorité palestinienne, lui, ne voit aucune difficulté à rencontrer le chef de l'Etat israélien --dont le mandat s'achève fin juillet--, malgré les tensions politiques.
"Nous nous y sommes engagés, à la demande du pape. Il n'y a rien de nouveau qui pourrait changer cette promesse", a assuré le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Malki.
Si certains Palestiniens regrettent que François n'ait pas condamné nommément la colonisation durant son séjour, M. Abbas s'est félicité d'une visite "historique".
"Le pape a vu de ses yeux l'occupation (israélienne) et le mur en Palestine", a déclaré le négociateur Saëb Erakat, confirmant que la rencontre ne donnerait pas lieu à des négociations.
Nul doute que l'image marquante du pèlerinage du pape reste sa prière muette devant le béton du "mur" de séparation à Bethléem (Cisjordanie). Ce qui n'a guère été apprécié de la droite israélienne.
Comme n'a guère été appréciée, par les juifs ultra-orthodoxes, l'eucharistie "impie" célébrée par le Saint-Père au Cénacle, un site cristallisant les tensions religieuses dans la Ville sainte.
La presse a aussi fait grand cas d'un échange entre M. Netanyahu et son hôte à propos de la langue que parlait le Christ. "Jésus parlait hébreu", a relevé le Premier ministre. "L'araméen", a aussitôt corrigé le pape, en se référant à la langue dans laquelle il est généralement admis que le Christ prêchait.
Se faisant l'écho du ressentiment de la droite nationaliste, la chroniqueuse du Jerusalem Post, Caroline Glick, a qualifié d'"inamicale" la
visite de François, accusé de conduire l'Eglise catholique "dans une direction fâcheusement anti-juive".
"L'âge d'or des relations catholico-juives semble être arrivé à son terme pendant la visite de François en Terre promise", a-t-elle écrit dans un éditorial.