Moscou admet une médiation occidentale entre autorités et insurgés.

Les déclarations de Piotr Porochenko selon lesquelles l'Ukraine restera un Etat unitaire et l'ukrainien y sera l'unique langue officielle n'intéressent pas les dirigeants de la République populaire de Donetsk, car il s'agit de propos "tenus par le président d'un autre Etat", a annoncé samedi le premier ministre de cette république autoproclamée Alexandre Borodaï.

"Je tiens à rappeler que le 11 mai s'est déroulé le référendum sur l'indépendance de la République populaire de Donetsk. Depuis, notre république est un Etat indépendant. Piotr Porochenko est le président d'un autre Etat, un Etat voisin. Ses déclarations ne nous concernent pas", a indiqué M. Borodaï cité par son conseiller.

Selon le premier ministre, la position des dirigeants de Donetsk n'a pas changé: les négociations avec Kiev ne seront possibles qu'après l'arrêt de l'opération punitive et le "retrait de toutes les troupes d'occupation".

Le président du "parlement" de la "République de Donetsk", Denis Pouchiline, a en outre accusé les autorités de Kiev d'être responsables du meurtre de son adjoint, Maxime Petroukhine, abattu d'une rafale de mitraillette samedi au centre de Donetsk.

Samedi 7 mai, le vainqueur de l'élection présidentielle en Ukraine, Piotr Porochenko, a prêté serment devant le parlement et a été proclamé cinquième président de l'Ukraine indépendante.

M. Porochenko avait antérieurement ordonné de "nettoyer" les régions de Donetsk et de Lougansk avant son investiture.

Les séparatistes somment Porochenko de retirer l'armée

De leur côté, les séparatistes prorusses de la "République de Lougansk" autoproclamée dans l'est du pays ont réagi samedi à l'investiture du nouveau président ukrainien Petro Porochenko en l'appelant à "retirer ses troupes d'occupation".

"Des négociations ne peuvent commencer qu'après le retrait de notre territoire des troupes d'occupation. Et si Kiev considère que nous sommes tous des terroristes, nous n'avons rien à discuter avec eux", a déclaré le "président" de la "République de Lougansk" Valéri Bolotov dans une déclaration transmise à la presse.

"Aujourd'hui a eu lieu l'investiture du président de l'Ukraine, pays voisin. Notre république n'a pas de relations diplomatiques avec l'Ukraine", a ajouté M. Bolotov.

Moscou admet une médiation occidentale entre autorités et insurgés

Sur un autre plan, l'ambassadeur de Russie à Kiev Mikhaïl Zourabov a déclaré samedi que Moscou admet la médiation de l'Europe et des Etats-Unis dans un dialogue éventuel entre Kiev et les républiques autoproclamées de l'est de l'Ukraine.

"Ce n'est pas seulement la Russie qui pourrait se porter garant des futures ententes entre Kiev et l'est de l'Ukraine, mais aussi les représentants des pays européens et des Etats-Unis. L'essentiel est de faire en sorte que ces ententes soient respectées", a déclaré le diplomate aux journalistes à Kiev.

"La Russie a tout intérêt à ce que le potentiel des ententes signées à Genève soit réalisé. Elle souhaite également que soit réalisé le plan mis au point par la présidence suisse de l'OSCE", a indiqué M. Zourabov.

Les représentants de la Russie, des USA, de l'UE et de l'Ukraine ont adopté le 17 avril à Genève un document sur la crise ukrainienne, appelant les belligérants à renoncer à la violence, à l'extrémisme et à la provocation, à désarmer les groupuscules clandestins, à libérer les bâtiments occupés illégitimement et à entamer un dialogue national sur la réforme constitutionnelle.

Cependant, Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de violer cet accord.

 

Ria Novosti + AFP