Par Abdel Bari Atwan.
L'analyste arabe de renommé international, Abdel Bari Atwan a publié un article où il aborde dans les détails les raisons qui ont abouti à la victoire de Bachar Assad à la présidentielle du 3 juin : "les graves erreurs des opposants ces deux dernières années n'ont cessé de se multiplier et ceci constitue de loin la " voix" la plus plausible en faveur d'Assad.
Ces erreurs ont aplani le terrain à la fois sur le plan politique et médiatique aux succès d'Assad, succès auxquels personne ne s'attendait.
Le régime Assad a très naturellement mis à profit ces erreurs et a marqué des points partout. Des facteurs politiques et militaires sont entrés en jeu et ont fait pencher la balance en faveur d'Assad.
A ces facteurs s'est ajoutée, une guerre médiatique, propre à attirer le soutien idéologique et affectif de la foule.
Mais quels sont ces facteurs ?
1- Les alliés n’ont pas cessé leur soutien au régime, au niveau politique et militaire. Un soutien qui ne s'est pas affaibli en trois ans de conflit. J’entends plus précisément par les alliés, la Russie, la Chine, les pays de BRICS (Afrique du sud, Brésil, Inde) ainsi que l'Iran, le Hezbollah, les combattants irakiens, les experts militaires iraniens et russes.
2-Le régime syrien et ses soutiens, bien conscients du poids et de l'influence des médias à mobiliser l'opinion internationale; ont lancé des chaines télévisées, des journaux et des sites information qui ont agi de façon professionnelle et intelligente. Ces médias ont employé des journalistes talentueux qui ont évité des fanfaronnades et ont opté pour une politique douce près de la réalité. Ces médias ont réuni des conditions nécessaires à ce que la liberté d'expression soit exercée et c'est cela qui a assuré à ces médias un succès énorme au bout de peu de temps.
3- Au contraire, les médias arabes hostiles au régime syrien ne savaient pas par quel bout prendre l'affaire syrienne. Ils ont foulé au pied leur professionnalisme et leur crédit et en raison d'une excessive confiance en la fin pré-annoncée d'Assad. Ces médias ont fait appel aux experts qui "incitaient" et sans se fonder sur quelques documents militaires et politiques que soit; promettaient sans cesse la victoire proche. L’expérience militaire de ces dits experts, utilisés largement par les chaines satellitaires, remontait à l'avant seconde guerre. Il s'agit surtout de leur part de faire du tapage, sans analyser de façon réaliste et objective les événements syriens.
4-Certaines personnalités de l'opposition syrienne ont coopéré avec « Israël » et en sont même fières au point d'appeler le régime israélien "puissance libératrice". Ces personnalités sont allées même jusqu'à renoncer aux hauteurs syriens du Golan qu'occupe « Israël »depuis 40 ans. Le régime syrien a mis au maximum à profit cette erreur pour pousser en marge puis isoler ses ennemis et de mettre en doute leur sens de patriotisme
5- Les groupes dits islamistes, en dépit de leur supériorité militaire dans certaines régions et leur succès à imposer " des émirats islamiques" dans ces régions, se sont tournés le dos à un certain moment et se sont mis à s'entretuer. Ils ont échoué à créer une ombrelle qui puisse les réunir.
Atwan conclut par la suite: " le nombre des terroristes a augmenté de façon exponentielle. Des milliers de miliciens takfiristes agissent en Syrie. De changements continuels se font dans le cadre militaire et politique de ces milices qui s'accusent mutuellement de trahison et de mercenariat!
Des centaines de clip vidéo mettant en scène les exécutions sommaires de soldats et de civils syriens par les takfiristes, leur décapitation, leur arrestation ont fini par ternir définitivement l'image des opposants salafistes d'Assad.
Tous ces facteurs ont joué en faveur la réélection du président Assad.
Avec Irib