Des discussions tripartites, réunissant Moscou, Kiev et une représentante de l’OSCE, débuteront pour mettre en place un plan de pacification l’Est de l’Ukraine.
Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko s'est fixé pour objectif dimanche de mettre fin d'ici à une semaine aux combats dans l'Est de l'Ukraine, en proie à une sanglante insurrection prorusse, en lançant des pourparlers inédits avec la Russie.
Ces négociations, organisées à Kiev pour la première fois dans la crise la plus dure qui ait opposé Moscou et les Occidentaux depuis la Guerre froide, avaient été décidées lors du bref entretien vendredi entre le nouveau chef de l'Etat ukrainien et Vladimir Poutine en marge des cérémonies commémoratives du Débarquement en France.
"Nous devons mettre fin aux tirs cette semaine", a déclaré M. Porochenko, entré en fonction officiellement samedi, cité dans un communiqué de la présidence ukrainienne à l'issue d'une première rencontre.
Les discussions tripartites, qui ont réuni l'ambassadeur de Russie en Ukraine Mikhaïl Zourabov, l'ambassadeur d'Ukraine en Allemagne Pavlo Klimkine et une représentante de l'OSCE, Heidi Tagliavini, doivent se tenir tous les jours afin de mettre en place un plan de pacification de l'Est de l'Ukraine, a précisé la présidence.
"Chaque jour pendant lequel des gens meurent, chaque jour pendant lequel l'Ukraine paye un prix aussi élevé, est inacceptable", a souligné M. Porochenko.
"C'est pourquoi il faut tout d'abord rétablir le fonctionnement de la frontière de l'Ukraine pour garantir la sécurité de tout citoyen d'Ukraine qui vit dans le Donbass, indépendamment de ses sympathies politiques", a-t-il ajouté.
Les séparatistes prorusses contrôlent Donetsk et Lougansk, les deux grandes villes du bassin minier du Donbass, poumon industriel du pays, et depuis quelques jours une partie de la frontière avec la Russie.
Les autorités de Kiev mènent depuis le 15 avril une opération spéciale d'envergure visant à réprimer les manifestations qui ont éclaté dans le sud-est de l'Ukraine suite au renversement du régime du président Ianoukovitch le 22 février dernier. Les forces armées ukrainiennes utilisent des blindés, des armes lourdes et des avions.
Selon Kiev, les troupes régulières ont abattu des centaines de membres de brigades populaires opérant dans les régions de Donetsk et de Lougansk. Les combats ont également fait des morts parmi la population civile.
Pacifier l'Est russophone, et préserver ainsi l'unité de l'ex-république soviétique en quasi guerre civile après avoir déjà perdu en mars la Crimée, constitue la grande priorité de M. Porochenko, élu le 25 mai et premier tour et investi samedi.
Il doit aussi intensifier ses négociations avec Moscou pour éviter une coupure du gaz russe dès mercredi qui inquiète fortement les Européens, dépendants des approvisionnements russes.
Des pourparlers sur la dette gazière ukrainienne et le prix payé par Moscou, sous la médiation de l'UE, sont prévus lundi à Bruxelles.
Berlin appelle Kiev à l'apaisement
Entre-temps, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier qui doit rencontrer mardi à Moscou son homologue russe Sergueï Lavrov a souligné dans une interview publiée dimanche que seuls des pourparlers "directs et substantiels" entre Moscou et Kiev seraient de nature à désamorcer la crise.
M. Steinmeier a également exhorté le gouvernement ukrainien à conserver un "sens des proportions" dans ses opérations militaires afin d'éviter de faire grossir les rangs de combattants.
Samedi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'était dit "confiant" quant aux perspectives de détente.
AFP + Ria Novosti